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Rapport d’Amnesty International sur les droits de l’Homme au Togo : Comment le pouvoir tente de se cacher derrière la question des homosexuels

Togo - Societe
Depuis la publication du rapport d’Amnesty International sur le Togo, une certaine frénésie s’est emparée des autorités togolaises et de leurs porte-voix. Parce que le rapport de l’ONG internationale n’a pas fait dans l’éloge de Faure Gnassingbé ou dans une surestimation de prétendus efforts que ferait l’Homme qui règne sur le Togo depuis onze ans, cela a suscité une levée de boucliers dans le milieu de la presse financée par le pouvoir. On fait vite de reprendre un article écrit pratiquement dans les mêmes termes et qui, sournoisement, fait de la diversion en amplifiant une pseudo-question des homosexuels.
Les homosexuels, comme d’autres minorités considérées comme menacées, sont défendus par des grandes ONG internationales dont Amnesty International. Mais le rapport sur le Togo, même s’il fait cas de cette communauté, par principe, n’en a pas fait une question prépondérante. Au contraire, il y a des situations très préoccupantes dont le rapport a fait écho, notamment la situation à Mango. En disant par exemple que la situation des droits de l’Homme stagne au Togo et pourrait se dégrader rapidement, citant les cas d’entraves aux manifestations publiques avec parfois usage d’armes à feu, le rapport ne dit rien que les Togolais ne savent pas. Au contraire, il décrit une situation que les Togolais vivent au quotidien.

Mais pour jeter du discrédit sur l’ONG et ses publications sur le Togo, le pouvoir agite l’affaire des homosexuels comme un épouvantail, afin de jouer sur un hypothétique sentiment de rejet au sein de l’opinion. Ceci, afin de remonter l’opinion contre l’ONG. En le faisant, le pouvoir verse déjà dans une certaine stigmatisation qui sème les germes d’une situation dont les conséquences pourraient être dramatiques à moyen terme.

En réalité, lorsqu’on parle d’homosexuels au Togo, on connaît leurs fiefs, leurs zones d’expansion et le profil de ceux qui sont attirés par le phénomène. Ils ne sont pas forcément loin des premières autorités de ce pays. Ces dernières ne peuvent pas faire comme si, tel qu’on le dit ailleurs, l’homosexualité est une réalité exclusivement occidentale qu’on essaie d’imposer aux Togolais. Les homosexuels qui vivent au Togo sont essentiellement des Togolais qui n’attendent pas un quelconque rapport d’une quelconque ONG pour exister ou vivre comme ils l’entendent. C’est une distraction du pouvoir d’agiter cette question comme un épouvantail aux yeux de l’opinion pour se soustraire à ses engagements et refuser de respecter les droits de l’Homme.

Dans notre pays, il se pose de très préoccupantes questions des droits de l’Homme. Le pouvoir aménage par exemple des situations confortables pour des tortionnaires alors même qu’il refuse aux citoyens de manifester leur mécontentement dans la rue. Ou il leur fait tirer dessus, tuant froidement plusieurs manifestants, sans avoir un minimum de décence de reconnaître le crime. Notre société devient celle des forts contre les faibles. Faure Gnassingbé et les siens refusent de ratifier le statut de Rome qui a créé la Cour Pénale Internationale…Amnesty International a raison de prévenir que la situation des droits de l’Hommes peut rapidement se dégrader au Togo. Casser le thermomètre (ou l’accabler de tous les noms d’oiseaux) ne fera pas baisser la fièvre.

Mensah K. (L’ALTERNATIVE)