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Interview de Dosseh Sohey, Coordonnateur Général Adjoint du réseau HOMAGAN

Togo - Societe
« Femmes et paysans doivent participer aux locales en tant que candidats pour corriger les nombreuses inégalités dont ils sont victimes
Dans certains pays africains, la fougue de la jeunesse des années 90 par rapport à l’enclenchement du processus de démocratisation commence par s’estomper. D’après les politiques, ces peuples ne répondent plus à leurs sollicitations du fait de la démotivation. Mais ceux-ci soutiennent que c’est plutôt l’opposition qui est en état de putréfaction avancé face aux chefs d’Etat fantoches qui font la fierté des caricaturistes.

Une telle situation est inquiétante pour le développement de ces pays. La société civile vient à la rescousse, tant personne n’échappe au naufrage. Nonobstant cette intervention, la pourriture ne cesse de conquérir le terrain. C’est dans l’esprit de la reconquête des valeurs républicaines que certaines associations ont voulu se mettre en réseau pour mener des actions inédites. Le réseau Horizon Mahatma Gandhi (HOMAGAN) s’est installé depuis le 1er mars 2016 pour relever le défi.

Par ailleurs, le réseau se prononce sur les prochaines élections locales et encourage la candidature des femmes et des paysans pour prendre eux-mêmes leur destin en main et ne plus subir les calculs politiciens.
Pour rentrer dans les tréfonds dudit réseau, nous avons approché Dosseh SOHEY, Président du Comité de Réflexion et d’Action pour la Promotion des Droits de l’Homme (CRAPH) et Coordonnateur Général Adjoint du réseau HOMAGAN.


iciLome : Bonjour M. Dosseh Sohey. Pourquoi la création de HOMAGAN ?

Dosseh SOHEY : Merci de me donner l’opportunité d’expliquer de fond en comble les raisons qui ont milité en faveur de la création du réseau Horizon Mahatma Gandhi (HOMAGAN). Notre naissance n’explique pas l’inertie des autres réseaux sur le terrain. Prendre le problème sous cet angle, j’aurais été trop sévère. Je voudrais au contraire rendre un hommage mérité aux organisations qui œuvrent inlassablement pour le retour des valeurs républicaines et de l’Etat de droit au Togo. Car, ces valeurs font l’objet d’une quête permanente indépendamment de la géo-territorialité. Autrement, on ne finit jamais de faire assez quand il s’agit des valeurs démocratiques quel que soit l’endroit où l’on se trouve. Or, vous savez que nos pays sont des jeunes démocraties. Fort de cela, il faut une société civile beaucoup plus forte que jamais, toujours en état de veille et prête à canaliser des énergies enclines aux dérapages parfois à couper le souffle.

HOMAGAN entend mettre en place une stratégie de veille permanente en faveur de l’opinion nationale et internationale. Ce plan d’alerte a déjà commencé par fonctionner. A titre illustratif, le jeudi 07 avril 2016, le Conseil des ministres a adopté un projet de loi relatif à la liberté d’association au Togo. Par cette décision, le gouvernement dit vouloir corriger les limites de la loi du 1er juillet 1901 sur les associations, loi actuellement en vigueur afin de régir le domaine de la création et de la gestion des structures associatives. « Le réseau Horizon Mahatma Gandhi (HOMAGAN) dénonce d’abord une démarche unilatérale, une violation de procédure et un manque de considération aux autres composantes de la société togolaise, dans la prise de décision d’une telle importance. Le réseau Horizon Mahatma Gandhi (HOMAGAN) s’insurge vivement contre le traitement indigne que le gouvernement a toujours réservé aux associations et à certaines personnes engagées pour la promotion et la protection des droits humains et des libertés fondamentales au Togo ».
Cette action est à saluer du fait que HOMAGAN est l’une des rares organisations à se prononcer sur ce projet de loi. D’autres actions sont déjà conçues. Il reste leur concrétisation qui aura lieu sous peu.

iciLome : En quoi HOMAGAN diffère-t-il des autres réseaux d’associations ?

Bien que très jeune, HOMAGAN a pris cette initiative audacieuse que d’autres n’aimeraient pas se voir associer du fait de la résignation. En outre, le réseau veut fomater les mentalités pour montrer de nouvelles façons de vivre. Il entend dépolitiser la vie sur la terre de nos aïeux. Vous n’êtes pas sans savoir que tous les domaines sont hautement politisés au point où toute initiative en dehors de l’engrenage politique est vouée à l’échec. D’ailleurs, les politiques s’en réjouissent pour avoir réussi leur pari. Aujourd’hui, l’heure est sonnée pour la refondation des esprits. C’est pour cette raison que HOMAGAN vient de mettre en place un concept inédit aussi bien au Togo qu’ailleurs.

Ce concept n’est rien d’autre que la démocratie à la base avec la base. On parle de plus en plus des élections locales au Togo. Au niveau du réseau, il faut l’implication active des premiers concernés : ce sont les femmes et les paysans. Car, les élections locales supposent la gestion des marchés, des dispensaires et autres par les communautés. Or, les marchés sont pratiquement occupés par les femmes. D’ailleurs, le marché constitue leurs activités favorites. Tout le monde sans exception, les politiques en premier, le leur reconnaît. A part les recettes des d’exportations minéralières, elles tiennent debout une économie moribonde au travers de leurs contribution au PIB. Alors pourquoi, lorsqu’il s’agit d’organiser les élections locales pour gérer les marchés et autres, l’on va chercher encore des artifices pour les égarer au moment du dépôt des candidatures et les appeler après à voter pour des gens qui ne maîtrisent pas forcément les réalités auxquelles elles sont confrontées dans les marchés ? Qui peut véritablement parler des problèmes auxquels elles font face si ce ne sont elles-mêmes ?

L’autre volet concerne les paysans. Ils sont à plus de 70% de la population togolaise. Ils tiennent à bout de bras tous les ménages sans exception. Ils sont à l’avant-garde de l’autosuffisance alimentaire. Etant déjà dans des structures organisées, ils doivent s’intéresser eux aussi aux élections locales en étant candidats afin de gérer les innombrables problèmes auxquels ils sont confrontés.

Ces deux entités, femmes et paysans, qui sont souvent absents dans les instances décisionnelles de l’Etat, doivent saisir l’occasion pour se présenter aux locales en tant que candidats et non votants tout simplement. En réalité, ils sont les plus concernés. La gestion de la communauté les concerne en premier lieu.Femmes et paysans doivent participer aux locales en tant que candidats pour corriger les nombreuses inégalités dont ils sont victimes. S’ils lâchent la proie, les politiques, eux, sont toujours aux aguets et se mobilisent déjà. Quoi de plus normal dans un monde où le capitalisme fait feu de tout bois ?

C’est en cela que nous disons à HOMAGAN qu’il est temps de dépolitiser la vie au Togo. Cette démarche inédite fait déjà la fierté des esprits sans parti pris qui nous encouragent à aller de l’avant. Aussitôt créé, le réseau HOMAGAN fait déjà ses preuves, il est sollicité un peu partout.

iciLome : EEntendez-vous entretenir des rapports avec les autres organisations ?

La démarche pour le rétablissement des valeurs républicaines et démocratiques ne doit pas être solitaire, mais toute cohabitation serait suicidaire car des organisations s’entrechoquent de par leurs visions respectives. Nous sommes disposés à entreprendre des initiatives novatrices en faveur des populations dans un esprit de concertation et de solidarité.

Je voudrais profiter de l’occasion pour lancer un appel à tous ceux qui sont pour quelque chose dans la recherche d’une planche de salut pour le peuple togolais à nous apporter leurs contributions multiformes pour un aboutissement heureux de notre démarche.