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Hôtel Radisson Blu 2 février, nouvelle aérogare de Lomé : Des écarts inexpliqués entre les montants de départ et les chiffres communiqués après réalisation

Togo - Societe
- 75 à 115 milliards de FCFA pour l’aérogare (53% d’augmentation de plus par rapport au coût initialement prévu)

- 14 à 40 milliards de FCFA pour l’Hôtel Radisson Blu 2 février !! (185% d’augmentation de plus par rapport au coût initial)

« Quand dans un pays l’économie va, tout va. Raison pour laquelle à l’orée de la célébration du 56ème anniversaire de l’indépendance du Togo, Faure Gnassingbé s’est arrangé pour ripoliner l’état de l’économie et des infrastructures du pays, comme si le meilleur restait à venir. Mais aujourd’hui que les inaugurations sont passées, intéressons-nous un temps à la réalité derrières ces artifices qui ont tenu les populations en haleine et fait applaudir beaucoup sur « la politique des grands travaux de Faure Gnassingbé ».
« Dans le nouveau contexte de mondialisation des échanges, marqué par une compétition sans merci entre les nations, aucune capitale ne peut saisir les opportunités qui s’offrent à elle dans le domaine du commerce international et des affaires si elle ne dispose de plateforme aéroportuaire moderne et fonctionnelle », tels sont les mots du ministre des Infrastructures et des Transports, Ninsao Gnofam lors de l’inauguration de la nouvelle aérogare de Lomé. C’était le 25 avril dernier. Le lendemain, cap sur l’hôtel Radisson Blu 2 février pour la même cérémonie « haute en couleurs » et dont le but était de présenter les chefs d’œuvre du mandat social du fils du père. Cerise sur le gâteau, un diner de gala a été organisé dans l’une des salles de l’hôtel pour montrer que « c’est dans la poche ». Et depuis ce jour, les Togolais ont repris le cours de la vie comme si ces évènements n’avaient jamais existé. Mais il faut bien qu’il y ait un bilan de ces réalisations pour montrer aux contribuables la manière dont les finances publiques sont gérées par ceux qui sont aux affaires.

D’abord l’aérogare de dernière génération qui fait tant la fierté de certains se trouve être un gouffre financier dans lequel le peuple a été propulsé par la volonté d’un groupuscule dont le but est de tirer des prébendes de cette réalisation.

Au commencement, les autorités togolaises avaient avancé des chiffres qui n’ont rien à voir avec ce à quoi les contribuables sont confrontés aujourd’hui. Dans un article publié le 10 février 2011 par le site du gouvernement, republicoftogo.com, le ministre Ninsao Gnofam avait affirmé dans une interview au sujet du coût de réalisation : « Le projet tourne autour de 150 millions de dollars ». En ce temps, le cours du dollar permettait de conclure qu’au final, l’aérogare en projet coûtera environ 75 milliards de FCFA. Mais à travers un message envoyé par l’opérateur Moov par le biais du numéro 4004 en date du 4 novembre 2014, tous les abonnés apprirent que le coût de construction a été revu à la hausse et sera désormais de 98 milliards de FCFA. Mais c’était compter sans les approximations qui caractérisent l’évaluation des coûts par certaines entreprises d’une part, et l’inconséquence propre à certains ministres du gouvernement. Le 25 avril 2016, changement de chiffres pour des raisons que personne ne comprend. Ainsi, après quatre ans de travaux d’agrandissement et de modernisation par les techniciens des entreprises chinoises WIETEC et CACC, le coût de réalisation s’est élevé à 115 milliards de FCFA. Arithmétiquement, il s’agit d’une augmentation de plus de 53% par rapport au coût initialement prévu.

En ce qui concerne les travaux de rénovation de l’hôtel 2 février, il a été annoncé lors d’une rencontre au ministère de l’Economie, des Finances et de la Planification du Développement que c’était avec 27 millions de dollars, soit approximativement 14 milliards de FCFA que « l’initiateur du projet, le groupe KALYAN HOSPITALITY DEVELLOPEMENT, en collaboration avec le Groupe CARLSON RESIDOR hôtel Group et la société de construction Sud-Africaine ZPC fera bientôt briller de ses 5 étoiles l’Hôtel 2 Février RADISSON BLU, avec des salles de conférences, un auditorium présidentiels, des zones de détentes, cinq restaurants, une discothèque, un casino, un spa et toutes sortes d’installations qui correspondent aux normes internationales », avait annoncé la radio nationale.

Mais lors de son inauguration, le même ministre parle de…40 milliards de FCFA ! En procédant comme pour l’aérogare, il ressort que le coût de la rénovation a été majoré de plus de 185% par rapport aux chiffres initialement annoncés. C’est à croire qu’au Togo, lorsqu’il est question des travaux d’infrastructures, d’éternels ministres sont prêts à « tout avaler » lorsqu’il s’agit de porter des coûts à la hausse. Mais comment sont financés ces travaux, étant donné que leurs réalisations ne sont pas inscrites au budget de l’Etat, comme le relève le député Ouro-Akpo Tchagnao de l’Alliance nationale pour le changement ?

Partenariat public-privé (PPP), nous répondra-t-on. Même dans ce cas, pourquoi personne (les ministres Ninsao Gnofam et Adji Otèth Ayassor) ne disent rien sur ces écarts de chiffres qui dépassent l’entendement, mais semblent plutôt prendre fait et cause pour les entreprises?

Vu sous un autre angle, au cas où ces réalisations relèvent du PPP, obligation est alors faite aux autorités en charge des finances publiques d’inclure ces montants dans la dette publique du Togo. Cette exigence vient des conclusions issues de la mission conjointe de la Banque Mondiale et du FMI sur l’état des préfinancements au Togo. Dans une des recommandations, la mission déclare : « Du point de vue comptable et budgétaire, il n’y a pas de différence entre un marché public de préfinancement et un PPP dans lequel la puissance publique garde le contrôle des actifs. En effet, l’application des Normes comptables internationales pour le secteur public (IPSAS 32 applicables aux PPP) implique que lorsque certaines conditions sont réunies, l’impact des PPP sur les agrégats budgétaires est similaire à celui des projets financés par la dette publique. En application de ces règles, la dette et le déficit global augmenteront au fur et à mesure de la construction du bien en fonction des modalités de gestion du service et de l’actif ».

Lors du lancement du projet du 4ème lac la veille du 27 avril, il est apparu clairement que les 28,2 milliards de FCFA de l’Union Européenne sont des dons et l’Agence française de développement aura en charge la gestion de ce fonds. C’est clair pour les citoyens. Mais s’agissant des travaux de l’aérogare et de l’hôtel Radisson Blu, les citoyens attendent toujours des autorités qu’elles éclairent leur lanterne sur les mécanismes de financement de ces ouvrages. Car le pays est assez endetté depuis le point d’achèvement de l’Initiative des Pays pauvres très endettés (IPPTE), et les signaux qui se font voir ne rassurent point sur la détermination des gouvernants à le sortir des ornières ».

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