Vous etes sur la version ARCHIVES. Cliquez ici pour afficher la nouvelle version de iciLome.com
 11:27:00 AM Mardi, 23 Avril 2024 | 
Actualité  |  Immobilier  |  Annonces classées  |  Forums  |  Annuaire  |  Videos  |  Photos 


Radisson Blu Hôtel '2 Février' : La résurrection a été difficile

Togo - Politique
De juin 1980 à Novembre 2014, l’hôtel du 2 Février a connu une survie mitigée. Parti pour être l’affirmation de l’indépendance économique togolaise, cet hôtel a dû souffrir, balancé entre les mains de l’Etat togolais lui-même, des grands groupes hôteliers et même celles de la Libye de Kadhafi, avant qu’un mardi de novembre 2014, le gouvernement sonne la fin de la récréation. Retour sur le périple cinquantenaire d’un symbole de l'indépendance économique ratée.
L’une des plus rapides exécutions de Faure Gnassingbé

Le 04 Novembre 2014, le Conseil des ministres décide de la nationalisation de l'hôtel 2 février. La loi est votée le jeudi 06 Novembre par l’Assemblée nationale autorisant la décision. Les partenaires financiers seront rapidement mis à contribution : plus de 40 milliards de FCFA, soit 75 millions de dollars doivent être réunis par les partenaires du Togo.

Le groupe mauricien Kalyan Hospitality Development a alors contribué à hauteur de 39% (il se charge aussi de l’exécution des travaux), puis la BIDC, l’UTB, la FAGACE, la BOAD assument le reste de la facture, selon l’agence Econfin.

Des mêmes sources, on apprend que l’Etat togolais et le groupe mauricien Kalyan Hospitality Development se partageront à parts égales les bénéfices générés par l’hôtel sur une période de 30 ans. Cependant, c’est le groupe Carlson Rezidor qui exploitera l’établissement sous la marque Radisson Blu.

Dorénavant avec 320 chambres dont 64 suites, on annonce un nouveau départ à cet hôtel 5 étoiles, une sorte de symbole de l’affirmation de l’identité togolaise, une véritable majesté pour le secteur touristique du pays. De 1980 à 2016, C’est donc un parcours sombre de 36 ans qui semble terminé.

2 février : la fierté du Général Eyadéma et l’illusion d’une indépendance économique des années 1980

24 janvier 1974, le Douglas C-47 Skytrain transportant Eyadema et certaines personnalités de son gouvernement fait un crache en pleine brousse à Sarakawa. Le général sorti indemne, soupçonne un sabotage de la France avec qui les relations étaient tendues pour des raisons commerciales.

Il insiste et crée le 02 Février 1974, l’Office Togolais des Phosphates OTP au détriment de la STMB (Société Togolais Des Mines du Bénin) à capitaux majoritairement français.

L’homme s’insurge en messie économique du Togo, puisque convaincu qu’en nationalisant les mines de phosphate, c’était une libération économique du pays. La date du 2 Février sera donc attribuée à cet hôtel 5 étoile, érigé à la place de l’Indépendance au coût de 35 milliards de F CFA.

Avec ses 102 mètres d’altitude, 368 chambres avec des suites présidentielles et ministérielles, restaurant, night-club, bar… le tout sur 36 étages au cœur du quartier administratif, 2 Février sera le coin de toutes les incompétences économiques, sinon l’endroit idéal pour tous les arrangements tordus à grande échelle entre présidents et hommes d’affaires.

Un Chiffres d’Affaires jamais à la hauteur des charges d’entretien

En dépit de la volonté d’émancipation par rapport au colonisateur français, l’hôtel sera quand-même confié à l’opérateur Sofitel (France) puis au groupe Corinthia en mai 2002. Malheureusement, les attentes ne seront toujours pas comblées ; le gouvernement fini par constater que "la structure financière de l’hôtel est déséquilibrée. Sa rentabilité est négative aussi bien financièrement qu’économiquement sur toute la période, ce qui a laissé les fonds propres négatifs à ce réceptif de qualité".

Puisque les relations entre Eyadema et Kadhafi de la Lybie étaient des plus conviviales, un nouveau plan de rénovation et de réhabilitation de la structure sera établi et confié au groupe LAAICO (Libyan arab african investment company) pour 21 millions d’euros. Prévu pour une période de 10 mois, le contrat n’a jamais été honoré.

Le gouvernement constate à nouveau en Novembre 2014 que le pays d’origine du LAAICO (la Libye) est secoué par une instabilité et décide de nationaliser l’hôtel du 2 Février pour "défauts d’exécution des contrats conclus".

Le gratte-ciel du quartier administratif a été enfin inauguré ce 26 avril 2016 par Faure Gnassingbé, après avoir absorbé une main-d’œuvre de près de 1 500 ouvriers togolais pour sa rénovation. Des centaines d’autres emplois réguliers sont créés, et il n’a plus aucun droit à l’erreur.

Cependant, il existe bien d’autres chantiers qui couvent et que le gouvernement devrait ressusciter en vitesse de croisière comme ce qui a été fait pour cet hôtel.

A.L