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32 milliards pour la rénovation d’un aéroport sans intérêt économique pendant que les hôpitaux manquent de tout

Togo - Politique
En marge des festivités de la commémoration des 56 ans de l’indépendance du Togo, Faure Gnassingbé était au four et au moulin. C’est la seconde saison des inaugurations et des poses de premières pierres après la campagne électorale. Dans cette course effrénée, Niamtougou a bénéficié du lancement de la rénovation de son aéroport. Selon les sources officielles, cet aéroport va bénéficier de travaux d’aménagement, notamment un allongement de la piste, la construction d’une clôture, la rénovation du parking avion et de l’aérogare. L’ambition, selon toujours ces sources, est développer le tourisme régional et de faire de Niamtougou une seconde plate-forme de fret à vocation sous-régionale. Le coût de ce nouveau gâchis est estimé à 32 milliards de francs CFA, un nouveau prêt, certainement chinois, que les contribuables togolais doivent payer sur 20 ou 30 ans.
Visiblement, Faure Gnassingbé et ses amis n’ont jamais d’argent pour augmenter les salaires des fonctionnaires togolais et stimuler la consommation, ils n’ont jamais de moyens pour équiper les hôpitaux, construire des universités dignes de ce nom ; mais ils en trouvent toujours pour des futilités et des projets bidon à la limite des éléphants blancs, comme le sommet sur la sécurité maritime, l’aéroport de Niamtougou et bien d’autres.

Le tourisme et le fret sous-régionaux seraient les deux objectifs visés par les pouvoirs publics. Il faudra alors expliquer aux Togolais l’intérêt touristique que représente cet ,lorsqu’on sait qu’il n’existe aucune compagnie aérienne de la capitale qui rallie Niamtougou. Même si c’était le cas, le coût exorbitant du voyage ne devait pas exciter les touristes, encore moins les Togolais à prendre l’avion. Parlant du fret régional, comment peut-il être une réalité lorsque le Niger fait transiter la grande partie de ses marchandises par la ligne ferroviaire Cotonou –Niamey et le Burkina Faso par la ligne ferroviaire Bobo Dioulasso-Abidjan? De plus, il existe à Natitingou au Bénin à la même hauteur que Niamtougou un aéroport qui, là aussi, ne sert pas à grand-chose.

Quelles sont les vraies motivations de cet investissement ? Un autre circuit de détournement de fonds ? Il est apparu depuis quelques années que les fameux projets de construction des infrastructures sont devenus de véritables circuits de détournement de milliards auquel Faure Gnassingbé lui-même ne saurait être étranger, tant sa passivité vis-à-vis des pilleurs ressemble à une complicité. Le cas des voies de contournement Bafilo-Alédjo qui sont en train d’être reprises est une illustration. Faure Gnassingbé lui-même, en marge de l’intronisation du nouvel évêque de Sokodé il y a quelques semaines, a pris cette route pour se rendre à Kara. Il a pu constater de visu le gâchis qui a englouti des milliards de francs CFA, un prêt chinois à rembourser par les contribuables.

Le Togolais ordinaire s’attendait à des sanctions, mais rien; on n’a eu droit qu’à une sortie du ministre des Infrastructures et des Transports, Ninsao Gnofam, l’un des plus corrompus du gouvernement qui s’est contenté de dire que la route sera refaite aux frais de l’entreprise chinoise. Un mensonge gros comme un nez planté au beau milieu du visage, puisque pendant que Ninsao Gnofam se fendait de cette déclaration, le même gouvernement a sollicité de la part d’une banque sous-régionale dont le siège est à Lomé, plus de 15 milliards pour refaire la même route. Voilà comment les milliards sollicités auprès des partenaires pour la réalisation des infrastructures prennent d’autres destinations. La route Lome-Vogan-Anfoin abandonnée depuis alors que les fonds ont été débloqués est un autre exemple de ce circuit bien huilé de détournement. L’aéroport de Niamtougou a été longtemps associé à tous les trafics, notamment d’armes, en violation des embargos qui pesaient sur la rébellion de Jonas Sawimbi et les rebelles ivoiriens. Il a également servi à d’autres trafics, si on s’en tient aux différents rapports de l’ONU dans lesquels le régime Gnassingbé Eyadema a été cité.

Le seul usager de cet aéroport hier était Gnassingbé Eyadema, et aujourd’hui son fils Faure, bref la famille Gnassingbé. Il faudra y ajouter les maitresses de la République, les courtisans, les restaurateurs traiteurs généralement réquisitionnés pour les évalas ou les fêtes qui s’y rendent avec des victuailles et des caisses de champagnes par avion pour les ripailles et la bamboula agrémentées des parties de jambe en l’air. C’est peut-être cela le fret aérien sous-régional dont on nous parle. A Niamtougou et environs, 99,99% des habitants qui naissent et meurent n’ont aucune chance de monter un jour dans un avion. Et pourtant ils ont dû céder leurs terres, sans dédommagement, pour les caprices politiques et les prodigalités d’un homme, d’une famille.

Pendant qu’on engloutit autant de milliards dans ce projet, les habitants de cette localité continuent de se faire soigner dans un dispensaire en piteux état. A l’échelle nationale, les hôpitaux du pays sont dans un état catastrophique. Le CHU-Sylvanus Olympio, le soi-disant hôpital de référence ne dispose plus de radiographie depuis des mois. Le scanner est devenu une, si ce n’est une pièce détachée qui sert à rafistoler celui du CHU Campus. Les urgences sont dans un état piteux et la pédiatrie n’a plus de moyens pour sauver les bébés qui meurent par dizaine chaque mois. Même les banques de sang, il faut aller au Ghana pour en chercher et sauver des vies au Togo.

Les fameux Centres Nationaux de Transfusion Sanguine (CNTS) de Lomé et Sokodé sont souvent débordés par la demande, soit parce qu’il n’y a pas de sang, soit à cause du manque de réactif pour les analyses. Les blocs opératoires ne disposent même pas du minimum pour les interventions. Les hôpitaux au Togo sont des mouroirs, et une hécatombe qui ne dit pas son nom s’y déroule, dans la grande indifférence de la minorité qui pille le pays et dont le chef se fait soigner à coût onéreux chaque mois à l’extérieur, et particulièrement en Italie avec l’argent du contribuable.

Jusqu’à quand les Togolais doivent-ils se sacrifier pour la vie et le plaisir d’un seul homme ? Pendant que les infrastructures sanitaires sont dans cet état comateux, pour Faure Gnassingbé, la priorité c’est la rénovation à 32 milliards d’un aéroport dont il est presque le seul usager. Qui sont les conseillers économiques du rejeton d’Eyadema ? Qui sont les personnalités du système qui cautionnent ces choix hasardeux ? La gouvernance approximative de Faure Gnassingbé est un désastre sans précédent. Ceux qui en doutent encore se rendront compte le jour où le Togo, toujours sous perfusion internationale, se retrouvera dans le cas du Venezuela.

Ferdi-Nando (L’ALTERNATIVE)