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La pagaille dans les Universités privées à Lomé: Les employeurs obligés de recruter à l'étranger

Togo - Education
Les écoles d’enseignement supérieur sont présentes un peu partout sur toute l'étendue du territoire. De ces écoles sortent des milliers de diplômés chaque année, disproportionnellement aux emplois disponibles. Mais au-delà, du manque d’emplois, les employeurs déplorent l’incompétence professionnelle criarde des jeunes diplômés et l’inadéquation des offres de formations aux besoins sociaux-professionnels.
Les conditions inhumaines imposées aux étudiants dans les deux universités publiques sont tout à l’avantage de ces écoles privées qui revendiquent le titre ronflant d’universités privées. Master professionnel en communication & relations publiques, Ingénieurs réseaux informatiques et télécoms, Licence en gestion du risque… Voilà la panoplie de paperasses (diplômes) qu'on décerne aux étudiants après quelques années d'étude.

Titres ronflants, puisque les employeurs sont aux abois. Selon un petit sondage que nous avons effectué, les étudiants qui sortent de ces écoles dites internationales ne sont pas à la hauteur des attentes, dans les entreprises qui les recrutent. Certains éléments de base propres à la spécialité des étudiants ne sont pas aux rendez-vous.

"Généralement, au lieu de perfectionner ces jeunes diplômés, nous procédons à une formation sur le tas dans un domaine où ils sont censés avoir déjà la connaissance de base. C’est un véritable manque à gagner",
nous a confié un Directeur de société dans la zone portuaire.

Pourtant, les étudiants passent de longues années dans ces établissements de formations (3 ans pour la Licence, 5 ans pour le Master), avec en toile de fond un budget énorme que ces formations engloutissent. Et en lieu et place d’une formation de qualité, comme le clament les refrains de publicités sur les médias, c’est plutôt des jeunes complètement étrangers au domaine dans lequel ils sont formés qu'on rencontre dans les entreprises.

Publicités Mensongères ? Des méthodes de formation grotesques vis-à-vis de l’éthique

C’est du moins ce à quoi on peut s’en tenir, tellement les fondateurs de ces établissements privés sont obnubilés par le matérialisme. C'est d'ailleurs ce qui est l'objectif premier de la plupart de ces écoles. L’avenir des enfants passe après.

Même les étudiants formés en informatique ne se montrent pas capables lorsque l'occasion se présente dans les entreprises qui les recrutent. Dans les sociétés informatiques, on remarque que les techniciens sont étrangers, ou soit des Togolais formés à l’étranger. Ceux qui sortent de nos écoles se contentent des cybercafés dans les coins de rue.

Absences d’équipements adéquats pour une formation de qualité

L'insuffisance criarde d’équipements dans ces écoles qui, pourtant, se disent porteuses de formations pointues adaptées aux besoins de la modernisation, participe aussi à ce manquement. Les laboratoires et salles informatiques installés en amont pour le besoin des caméras et de la publicité sont très vites délaissés au manque d’entretien et de perfectionnement pendant qu’on se contente des centaines de milliers de F CFA des pauvres parents. On met en sourdine les visites et découvertes d’entreprises, et on nourrit le divertissement avec des excursions et les élections miss.

L’incompétence et la paresse encouragés dans le monde éducatif

Au cœur des stratégies, on ajuste les notes des étudiants pour avoir un maximum de réussite. En général dans ces écoles, seuls les étudiants incapables de solder leurs frais de scolarités échouent. Dans certaines écoles où nous nous sommes infiltrés, il très facile de négocier une note avec des professeurs qui ne sont autres que des produits des mêmes écoles.

Parfois, le surveillant au cours du devoir, demande aux étudiants de lui filer 1000F ou 2000F pour qu’il les laisse manipuler des documents corrigés ou le téléphone portable dans lequel on peut voir le sujet traité et corrigé. Ainsi, l'étudiant ne se donne plus cette peine d’étudier. Au devoir, il laisse un ami à la maison à qui, il enverra les questionnaires en direct et ce dernier se chargera de renvoyer les réponses ensuite.

Pour le reste du folklore, comme accréditation par le Conseil Africain et Malgache des Enseignements Supérieurs (CAMES) et des certifications ISO, on ne saurait dire sur quelle base ces écoles arrivent à obtenir tout cela. D'ailleurs, ces écoles supérieures privées se servent abusivement des accréditations de ces institutions, alors qu'il n'en est rien.

Dans une école se disant reconnue par le Cames, seuls quelques diplômes étaient validés par l’institution après notre passage à vérification.

Réaction du Gouvernement

Le ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche a sortie dès la rentrée académique 2015-2016, la liste d’une cinquantaine de ces écoles d’enseignement supérieur "reconnues par l’Etat". Une mesure positive certes, mais insuffisante, selon bon nombre d’observateurs.

Reconnaissons avant tout que ces écoles dites « reconnues par l’Etat » ne répondent pas efficacement aux besoins modernes de l’enseignement supérieur et professionnels, loin s’en faut. D’ailleurs, les universités publiques seraient mieux à cet effet car disposant au moins d’enseignants imminents, pouvant faire leur preuve en dépit des effectifs pléthoriques.

Employeurs insatisfaits

Dans tout cela, ce sont les employeurs qui tiennent leur tête par les deux mains. A les en croire, c’est tout le système éducatif qui doit être refondu et modelé aux besoins professionnels des entreprises.

"Cela permettra aux entreprises de se contenter de la main-d’œuvre locale qualifiée au lieu de courir après des travailleurs étrangers qui ont certes la qualification, mais pas assez travailleurs comme les Togolais", nous a confié un responsable d’une entreprise de Génie civile à Lomé.

Et de renchérir : "C’est toujours très cher d’importer un technicien qualifié pour un travail, donc ce n’est aucunement un plaisir de dépenser plus cher, parce que c'est ce qui arrive quand les entreprises se tournent vers la main-d’œuvre étrangère".

De nos jours, des milliards sont dépensés pour soi-disant stimuler l'entrepreneuriat et financer à l’emploi des jeunes, mais que fait-on réellement pour améliorer la qualité de la formation qui peut à la fois pondre des entrepreneurs créateurs d’emplois et aussi fournir des diplômés qualifiés, répondant promptement aux besoins des entreprises ?

A.L