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Pascal Bodjona parle de son avenir politique et est catégorique : « Mon avenir politique est certain »

Togo - Politique
Le samedi 6 février dernier, l’information est tombée comme un coup de tonnerre dans un ciel sans nuages. Le tout puissant ex-ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation de Faure Gnassingbé va recouvrer la liberté.
Comme une traînée de poudre, la nouvelle a fait le tour de Lomé pour se répandre dans le monde entier. Les réseaux sociaux, espaces par excellence de discussion et de passe-temps de nombreux Togolais, sont en ébullition. Ils sont nombreux à douter de cette information qui s’apparente à un canular. Mais aussi ils sont nombreux à croire en sa véracité.
Les plus téméraires n’hésiteront pas à pendre leurs téléphones pour joindre l’imposante épouse du ministre. « Oui, Pascal Bodjona est libéré, nous sommes en route pour Tsévié pour le ramener à la maison.
Nous serons à la maison à 12h heures 30 », confiera Zaina à l’un de ces curieux qu’elle a eu au téléphone.

Devant la prison civile de Tsévié, c’est le branle-bas. Une foule des grands jours est amassée. Elle est tenue à bonne distance des portiques de l’établissement pénitentiaire où le ministre, affectueusement surnommé « grand format » est gardé depuis près 18 mois dans une affaire dite d’«escroquerie internationale ». Une affaire que le natif de Kouméa (440 Km au Nord Est de Lomé) a toujours rejetée, préférant parler de « cabales » et d’«acharnements » de la part de ses détracteurs.

Que s’est-il passé entre le 3 et le 6 février 2016 ?

Que s’est-il passé entre le 3 février 2016, date à laquelle la Cour d’Appel de Lomé a rejeté une demande des avocats de Pascal Bodjona et ce samedi 6 février, date de son élargissement ? Voilà une question à 1 million de dollars que se posent de nombreux soutiens et curieux de l’homme. Des soutiens qui ont pris d’assaut son domicile privé de Lomé, situé au quartier Cacavéli à quelques encablures des locaux de la Cour d’Appel.


C’est un Pascal Bodjona tiré à quatre épingles qui sort de sa voiture. Il est emmitouflé dans une veste Bleue très bien repassée avec une cravate tout aussi de la même couleur. Dans la poche gauche, est enfoui un mouchoir bleu se mariant parfaitement avec la tenue. Il est évident, l’homme veut paraître dans ses meilleurs atouts. Sûrement que ses conseils en communication sont passés par là. Ils tiennent à véhiculer l’image d’un personnage bien dans sa peau et pas du tout ébranlé par les épreuves de ces derniers mois.

Le prisonnier est accueilli devant sa demeure par une foule en liesse.
L’homme qui ne rate plus la moindre occasion pour exprimer ses reconnaissances à Dieu, sort tout sourire et distribue des quantités de poignets de mains aux anonymes amassés là. Aux journalistes présents à cette occasion, il déclare : « Je voudrais vous dire que la tradition judéo chrétienne a placé l’année 2016 sous le sceau de la miséricorde. Permettez que je dise qu’en un point douté, cette année 2016 sera celle au cours de laquelle la providence va achever ce qu’elle a commencé pour toutes les victimes d’injustice, de passe droit et les victimes de trafic divers. Je ne me reprochais rien, c’est pourquoi vous me voyez dans la sérénité. Il a plu à un juge contre toute attente, guidé certainement par la volonté du législateur
de me convoquer un 21 août 2014 et me déposer à Tsévié. Il l’a plu de prononcer aujourd’hui une ordonnance portant libération d’office, j’en prends acte. Je mets tout le monde à défi de m’apporter un élément quelconque qui puisse me convaincre que cette affaire demeure une affaire judicaire. Et je suis là et je suis serein , je ne porte aucune accusation contre qui que ce soi, mais j’estime et c’est l’occasion de dire bravo à certains de mes magistrats qui sont décidés à dire le droit avec courage en allant vers la reconnaissance de leur serment. Je viens d’arriver, je suis chez moi, je vous donne clairement la conviction et le sentiment que le débat est ouvert. Mais
l’avenir d’un homme est dicté par son créateur ».

Le désormais ancien pensionnaire de la prison civile de Tsévié est un homme très sollicité par la presse nationale et internationale.
Harcelé de partout, l’ancien Directeur de cabinet de Faure Gnassingbé finit par craquer et accepte d’accorder sa première interview à Jeune Afrique. Il donne rendez-vous à l’équipe dans sa somptueuse demeure de Cacavéli dans l’après-midi de dimanche.

A ses hôtes, l’auteur de la 1ère loi sur les libertés publiques au Togo confie son ressentiment. « Je me sens heureux de retrouver ma famille, ma brave et courageuse épouse, mes enfants ainsi que mes proches », dit-il au bord des larmes.

Pour lui, c’est le moment de donner de sa chaleur à ses proches qui en ont été privés de son affection par la faute de cette incarcération qu’il qualifie d’« injuste ». « C’est une détention contraire à la volonté du législateur togolais. La procédure qui m’a conduit en prison est de toute évidence viciée. Il est absurde que sans circonstances nouvelles, un juge d’instruction fasse passer quelqu’un du statut de témoin sous serment à celui d’inculpé avec mandat de dépôt. Cet acte du juge est attentatoire à ma liberté et ne respecte aucunement le code de procédure pénale de notre pays », martèle
l’époux de Zaina Bodjona.


Politicien il est, politicien il demeurera…

La question revient de façon itérative. Elle lui a été posée par ses visiteurs. Pascal Bodjona se tiendra-t-il loin de l’arène politique togolaise après ces mois d’une expérience carcérale ou au contraire, continuera-t-il ses activités politiques ? Eh bien, l’homme tout droit dans ses bottes répond sans ambages. « Mon avenir politique est certain », affirme l’ancien ambassadeur du Togo aux Etats-Unis. Il dit n’avoir pas encore « vu de nuages affirmer le contraire ». Il pense que c’est de son « devoir » de s’intéresser à la gestion et à la vie de son pays. « Je n’ai pas subi tout ce préjudice pour disparaître
ensuite tranquillement de la scène politique », tranche-t-il.

Les échanges avec les reporters du magazine jeune Afrique ont continué sur ses conditions de détention et sur le fond du dossier. « Je n’aurai pas dû passer une seule seconde en détention. Mes accusateurs savent que je n’ai rien à avoir avec cette affaire. Il n’y a rien à dire », a insisté le célèbre détenu. « À ce jour je n’ai aucun élément crédible qui puisse me convaincre que cette procédure que je qualifie d’atypique puisse répondre à une quelconque motivation judiciaire. Et je ne suis pas seul à le penser puisque la Cour de justice de la Cedeao a reconnu que l’État togolais n’a versé aucun élément de nature à étayer la culpabilité de Pascal Bodjona et à justifier sa détention.
Cela résume tout. Mais je laisse la qualification de mes ennuis à ceux qui m’ont accusé à tort », a-t-il laissé entendre et de soutenir n’avoir pas été dans des conditions « inhumaines » à la prison de Tsévié. « Mais j’ai été privé injustement de ma liberté. Cela m’a causé un préjudice psychologique inestimable », a-t-il déploré.

La mise en liberté surprise de cet ex-homme à tout faire du Président de la République, serait intervenue après une série de pressions et d’interventions. Ibrahim Boubacar Keita, la communauté catholique Sant’Edigio et des émissaires de tout ordre seraient intervenus auprès du locataire du palais de la Marina pour obtenir la relaxation de son ami d’hier.

Pascal Bodjona a son avenir devant lui. Que lui réserve le futur?
Attendons de voir.

A.G.