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Interview de Laurent Lawson :« Sans la décentralisation, le développement du pays se bloque ! Alors que la volonté à nous tous, c’est que le Togo émerge davantage ! »

Togo - Politique
L’année 2015, s’en est allée mais les séquelles socioéconomiques demeurent dans l’histoire des togolais et togolaise. Diversement appréciée par les acteurs politiques, la société civile, les partenaires du Togo, l’actualité brûlante demeure encore la décentralisation, les réformes politiques et économiques, la volonté manifeste du gouvernement à maintenir le cap de l’émergence et la continuité du processus de développement à la base vers la réduction de la pauvreté. Au Parti Social Démocrate du Togo (PSDT), Laurent Lawson, le Premier Secrétaire juge toutes ces préoccupations comme les priorités des priorités de la population auxquelles le gouvernement dans sa déclaration politique au début du mandat social doit sérieusement s’atteler avec des retombées équitables, partageables entre les fils et filles du pays. « À notre avis, le gouvernement doit revoir sa copie du social. Nous avons adhéré à son programme mais rien n’est perceptible à nos yeux depuis le début du quinquennat social et le PSDT est prêt à apporter sa contribution pour la réussite de ce mandat social aux togolais », a-t-il laissé entendre dans cet entretien qui suit.
Horizon news : Les activités de votre parti politique PSDT ont été quasi invisibles sur le terrain en 2015. Comment expliquez-vous ce silence sur la scène politique ?

Lawson Laurent : Non, pas du tout, le PSDT a été toujours présent sur la scène politique togolaise comme tous les autres partis qui sont sur le terrain. Au PSDT nous avons adopté une méthode de travail souterrain silencieux, sans bruit, loin de la fanfare puisque dans notre pays c’est rentrer dans l’habitude de nos paisibles populations ce sont ceux qui chamaillent en longueur de journée qui semblent travaillés plus. Nous avons organisé des activités qui ont besoin d’une large communication et d’autres en interne avec les populations dont on garde le silence absolu ! c’est aussi notre approche de communication. Juste pour dire que le PSDT est vraiment visible sur le terrain. Nous avons accordé des interviews aux médias, à la presse écrite, à la radio, à la presse en ligne et aux télévisions. Ce n’est pas seulement quand un parti organise des marches de protestations, ou bien conteste sur les médias avec des insultes par ici, des bruits par là qu’il fait toujours la bonne communication. D’ailleurs beaucoup de partis sur le terrain ont commencé par changer de langages. En lieu et place des bruits d’autres procèdent par les portes à portes, des sensibilisations de masses. Regardez-vous même le parti au pouvoir, face à ces nombreuses actions, il préfère laisser la population découvrir elle-même les réalités sur le terrain et dès fois opère des visites de terrain à la rencontre des bénéficiaires. Voilà ce dont nous avons besoin au Togo pour l’évolution de nos projets et programmes pour développer nos communautés, nos villes et autres. C’est ce que j’adore !

2015 a été marquée par les élections présidentielles avec la nouvelle victoire du parti au pouvoir placée sous le « mandat social ». Le PSDT étant une banque d’idée, que doivent attendre les togolais de ce mandat ? Au PSDT avez-vous senti le parfum social depuis le début de ce mandat ?

Juste après la prise de fonction du président de la République pour son 3è mandat, le PSDT n’a pas hésité à lui envoyer une lettre de félicitation mais aussi en lui faisant part de nos diverses préoccupations dans le cadre de son mandat social qui répond évidemment à nos projets et programmes brefs à nos aspirations au sein du PSDT. Le social est la mèche vers le développement. Justement le pourquoi nous avions donné un quitus à son programme quinquennal qui regorge des intérêts communs à la nation togolaise. Seulement, nous avons regretté que le budget de la santé pour cette année a été diminué au profit du développement à la base, car la santé est la première priorité d’un individu et tous les togolais doivent en bénéficier aisément, sans protocole, sans difficulté. À ce que je sache, on ne diminue jamais le budget de la santé et de l’éducation dans un pays plutôt, les gouvernants sont tenus de l’augmenter d’année en année puisque ce sont des besoins prioritaires. Une fois encore nous regrettons cette diminution. Au PSDT, la santé gratuite des enfants et des jeunes âgés jusqu’à 21 ans constitue une priorité, également la gratuité des femmes enceintes jusqu’à l’accouchement, l’assistance en soins médicaux des retraités et des personnes âgées, assurée la retraite des agents de l’administration publique y compris les privés, assurer les allocations familiales à tous les travailleurs du Togo sans exceptions, voilà le sens que nous donnons au social, c’est d’arriver à prendre en compte toutes les préoccupations de toutes les couches du pays. À notre avis, le gouvernement doit revoir sa copie du social. Nous avons adhéré à son programme mais rien n’est perceptible à nos yeux depuis le début du quinquennat social et le PSDT est prêt à apporter sa contribution pour la réussite de ce mandat social aux togolais.

L’opposition togolaise est à la quête toujours des réformes. Pourquoi les réformes politiques échouent au Togo depuis que cette question est soulevée par la classe politique ?

Les réformes sont très importantes dans un pays et les personnes avisées en savent quelque chose mais quel genre de réformes et comment y procéder? Les réformes c’est tous les jours quand on constate quelque chose d’anormal dans le pays. Les réformes sociales du côté de la promotion de la femme, au niveau des enfants, les réformes économiques et politiques. Ce que nous devons savoir, le Togo a besoin de réformes dans tous les secteurs à cette période d’émergence. Mais tout ceci doit commencer par le changement de comportements et d’attitudes des uns envers les autres. Celui qui demande des réformes et posent encore des actes inciviques, malsains, de division ne sait pas au juste ce qu’il réclame. Chaque réforme doit toujours aller dans l’intérêt des autres, du moins, du peuple. Si l’opposition togolaise souhaite véritablement les réformes, c’est normal et je ne donnerai pas un quitus vert pour le pouvoir qui hésite aussi. À un certain moment, nous sommes, tous responsables de cet échec des réformes puisque l’opposition qui réclame les réformes procède en rang dispersé sans une proposition commune et le gouvernement de son côté ne manifeste pas une volonté absolue par des propositions concrète, donc c’est une situation dangereuse si tout le monde patauge. Dans les systèmes de gouvernance, il est difficile à la majorité d’accepter les réformes des minorités mais s’il existe une volonté affichée des uns et des autres, les réformes constructives et responsables se font vite. Mais la faute incombe au gouvernement qui n’a pas la bonne volonté de faire les réformes, ayons le courage de le reconnaitre. Le regard silencieux de la population est coupable aussi parce que quand les choses se bloquent et n’avancent pas c’est du devoir des populations de se lever comme un seul homme pour rappeler les gouvernants à l’ordre et réclamer leurs droits. On n’a pas besoin de détruire les biens publics, d’aller à la violence, de brûler les pneus sur les routes, ni d’interdire la liberté de circulation des autres mais la population peut procéder pas des moyens pacifiques pour exprimer leur ras-au-bol. C’est pourquoi, les togolais doivent s’impliquer énergiquement dans la politique, comprendre le vrai sens de la politique et maitriser les moyens de faire plier un gouvernement face à une décision contraignante. Dire que « je suis fatigué, je n’aime pas la politique » est une grave erreur dont les conséquences sont incalculables. Les togolais doivent comprendre que si tu refuses d’aller à la politique malheureusement la politique est prête à aller vers toi, c’est une vérité indéniable ! Alors nous proposons comme toutes personnes politiquement mûres que toute la classe politique se retrouve autour d’une table pour faire l’état des lieux depuis l’avènement démocratique au Togo, les forces et les faiblesses de l’opposition et du pouvoir en face et à la fin, essayer de sortir des propositions concrètes dans lesquelles tout le monde s’identifie pour la bonne cause de notre nation, de notre chère population. Alors a-t-on besoin qu’un parti soit le détenteur de cette proposition pour sa publicité ? cela doit émaner d’un plan général de tous les partis. La vision de l’opposition pour le Togo les 30 années à venir doit être accouchée ce qui fera un document solide de base pour les diverses élections à venir dans le pays. Mandat limité, scrutin à deux tours c’est bien et alors ? Même dans certains Etats de l’opinion internationale, nous avons des pays où le mandat n’est pas limité, des présidents qui font 3 voire 4 mandats et pourtant ces pays avancent convenablement. La question est de savoir, si c’est parce que le Togo n’organise pas les élections à deux tours qu’il n’y a pas d’alternance ? A tous les niveaux, doit prévaloir une réelle volonté politique de changer quelque chose et de bien faire ! Le PSDT accompagnera les décisions de la majorité car la volonté à nous tous, c’est que le Togo émerge davantage !

La décentralisation au Togo est un cas qui préoccupe les partenaires et la classe politique. A l’état-major du PSDT, ce sujet vous préoccupe-t-il ? Que proposez-vous alors au pouvoir ?

Personne ne peut aller contre la décentralisation dans un pays, c’est plus qu’obligatoire ! D’ailleurs c’est le système clé d’un développement inclusif et de liberté. À notre état-major, la décentralisation fait partir de nos préoccupations mais à quand et comment allons-nous procéder à cette décentralisation ? Si on n’arrive pas à trouver une réponse adéquate à ces interrogations, tout se complique. Demander qu’on fasse la décentralisation, c’est trop bien, mais ce qui est essentiel c’est comment et quel genre de décentralisation le pouvoir va nous balancer! Sommes-nous déjà prêts à faire de bonne proposition où à trouver des couacs quand le gouvernement serait décidé ou parvient à nous présenter un plan. Nous y travaillons et nous pensons que c’est ce que l’ensemble de l’opposition doit faire pour que nous soyons à l’abri de toute surprise. Voyons, les présidents des délégations spéciales, ont-ils le pouvoir décisionnel, les mains libres de travailler sans que leur décision n’émane du pouvoir central ? Pour une simple autorisation de meeting ou de manifestation publique, ces présidents sont obligés de vous renvoyer auprès de la Mairie centrale et si la situation dépasse la mairie centrale, elle vous renvoie à son tour au ministère tutelle. Voilà, le pourquoi il urge qu’on aille vite aux élections locales. Sans la décentralisation, le développement du pays se bloque ! Rien ne va marcher et quand cette situation arrive à atteindre le cœur du citoyen, c’est la grogne sociale incontrôlable qui débouche sur des violences inouïes. Le gouvernement doit prendre conscience chaque jour. Au Togo, aucun parti politique n’a une fois gouverné les arrondissements et les mairies. Depuis fort longtemps, seul l’état, le même parti, les mêmes personnes gouvernent l’administration. On change, on replace ! C’est vraiment dangereux ! Ceci ne doit plus se faire parce que ceux qui aspirent diriger ce pays un jour doivent maitriser au moins les principes de base de la gestion de l’administration publique. Cela passe obligatoirement par les locales. Même si la décentralisation est inexistante, du moins que le pouvoir fasse participer les autres partis politiques à la gestion des maires et communes. Ce système de gestion opaque de la minorité qui s’accapare des biens du pays rend la population très aigrie. Au Togo la majorité de la population est très mécontente, rappelons-le au gouvernement !

Vous avez suivi comme tous les togolais, le discours à la nation du Chef de l’Etat le 02 juin dernier. Quelle analyse faites-vous de ce message ?

J’ai suivi en long et en large le message du Président de la République comme tous les togolais et toutes les togolaises mais je vous avoue qu’au PSDT, nous ne sommes pas satisfaits de son message ! C’est la position du Chef de l’Etat, et nous la respections si bien mais le PSDT ne se retrouve pas dans ce message dans lequel la santé des togolais, l’éducation, le panier de la ménagère sont laissés pour compte. Nous pensons que beaucoup de choses se passent dans ce pays et dans le monde qui ne se trouvent pas dans ce discours. Au PSDT, la santé populaire est plus que tout. J’avais déjà parlé par exemple de la question des retraités et des personnes âgées. C’est un discours politique que social à notre avis donc au PSDT, nous n’avons pas trop de critique à apporter, on l’accepte tel et pourtant n’oublions pas que c’est un mandat social. Nous espérons qu’à la fin de l’année les vrais pas sociaux seront marqués pour le bonheur de la population.

Quelles seront les grandes priorités de votre parti pour l’année 2016 ?

Dès le lancement, le PSDT se veut un parti exemplaire et classique de banque d’idées ayant comme slogan « Faire la politique togolaise autrement ». C’est pourquoi jusqu’à présent, nous évoluons en cavalier solitaire sans toutefois s’écarter des possibles alliances mais pas à n’importe quel prix. Notre action passera prioritairement cette année 2016 par la formation civique et politique de nos militants et militantes. Nous comptons organiser les sensibilisations populaires dans les préfectures, les communes, de même que des rencontres de proximité, des débats politiques publics dans les quartiers et villages. Notre plan d’action tire jusqu’à 2018 pour trois grands projets pour conduire notre parti à arriver à bon port. Les togolais ne font pas de la politique par faute d’ignorance, et de manque d’informations alors que les choses évoluent à la vitesse de lumière. Hier on parlait des plumes mais aujourd’hui, c’est l’ordinateur, les appareils portables, l’internet, les réseaux sociaux. Comment utiliser cette technologie pour aider la population à faire de la politique. Nous estimons qu’être un homme politique dépourvu de la connaissance, c’est comme un tonneau vide qui résonne parce que la politique est une véritable connaissance, au-delà de ce que les gens pensent être un jeu, c’est une matière qu’il faut posséder. Il faut aller obligatoirement vers la connaissance, c’est un appel que je lance à l’ensemble de la classe politique. Au PSDT, tout le monde doit essayer de comprendre la politique, savoir analyser un projet d’un gouvernement, comment revendiquer, disposer les techniques des débats politiques contradictoires, rédiger un budget national, maitriser la rhétorique. Le PSDT est un petit parti politique aujourd’hui mais dans quelques années nous allons surprendre les togolais agréablement parce que nous partons sur des bases solides. La formation doit être la clé du développement en politique. C’est pourquoi tous ceux qui souhaiteraient s’engager ou qui s’engagent déjà dans la construction durable d’un état de paix, plus social et économiquement sont invités à nous rejoindre. La politique est un jeu de fair-play, bannissons la haine pour faire avancer le Togo, notre seul pays cher à nous.