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Centrafrique : l'impératif de mieux organiser le second tour de l’élection présidentielle

Afrique - Diplomatie

Le 30 décembre 2015, les centrafricains étaient appelés à élire un nouveau président et leurs députés après trois années de crise ayant profondément divisé la Centrafrique et deux ans de transition politique. D'après les résultats annoncés jeudi 7 janvier 2016 par l'Autorité nationale des élections (ANE), Anicet Georges Dologuélé et Faustin Archange Touadéra, deux anciens premiers ministres, sont arrivés en tête du premier tour d'un scrutin marqué par une forte participation des électeurs et une certaine désorganisation. Alors que le second tour doit se tenir le 31 janvier prochain et qu'une vingtaine de candidats ont réclamé, le 4 janvier dernier, l'arrêt du processus électoral en raison de présumées irrégularités, la FIDH, la LCDH, l'OCDH et les organisations membres de la coalition #MonVoteDoitCompter appellent les acteurs à faire preuve de responsabilité et recourir aux voies légales disponibles pour régler les différends électoraux, mais exhortent les autorités en charge des élections à améliorer l'organisation du second tour et le cas échéant organiser de nouveaux scrutins législatifs dans les circonscriptions où les dysfonctionnements et manipulations constatées entachent la crédibilité du résultat.

«Après plus de trois années de violences qui ont fait des milliers de victimes, ces élections présidentielle et législatives ont suscité un engouement populaire et constituent un tournant qui doit permettre à la Centrafrique de retrouver le chemin de la stabilité malgré la désorganisation et les quelques irrégularités constatées par nos observateurs sur le terrain. Nos organisations exhortent tous les acteurs à faire preuve de responsabilité et de retenue pour garantir que le processus électoral puisse arriver à son terme de façon apaisée et que des autorités représentatives soient élues», ont déclaré nos organisations.

[Centrafrique]

Jeudi 7 janvier 2016, l'Autorité nationale des élections (ANE) a publié les derniers résultats provisoires de l'élection présidentielle qui s'est tenue sur l'ensemble du territoire de la République centrafricaine le 30 décembre 2015. M. Doléguélé, premier ministre sous la présidence d'Ange-Félix Patassé, est arrivé en tête du premier tour avec 23,78% des suffrages, devant M. Touadéra, ancien premier ministre de François Bozizé, qui a récolté 19,42% des votes. Désiré Kolingba, Jean-Serge Bokassa, fils d’anciens présidents, et Martin Ziguélé, un des favoris du scrutin, ont respectivement obtenu 12,6%, 5,5% et 10,82% des voix. D'après l'ANE, 69% des électeurs se sont rendus aux urnes pour choisir parmi une trentaine de candidats. La Cour constitutionnelle doit encore valider ces résultats avant la fin de la semaine prochaine.

D'après les informations recueillies par nos organisations qui ont observé le processus électoral à Bangui et dans le reste du pays, le scrutin s'est déroulé dans un climat apaisé malgré des problèmes logistiques et des dysfonctionnements dans l'ensemble des circonscriptions observées. Nos organisations ont pu constater que certains agents électoraux ne maîtrisaient pas suffisamment les règles et procédures des opérations électorales, aussi bien à Bangui que dans l’arrière pays où certains agents ont été formés par l'ANE la veille des scrutins, ce qui a paralysé certains bureaux de vote. La délocalisation de certains bureaux de vote, le manque de matériel, notamment de bulletins de vote, et l'absence de sensibilisation des électeurs non lettrés ont également limité le droit et la liberté de vote de nombreux électeurs. L'ouverture tardive des bureaux de vote sur presque toute l’étendue du territoire national a considérablement ralenti les opérations électorale et notamment le décompte des voix, tout comme le transport des urnes vers les locaux de l'ANE par des moyens rudimentaires et peu sécurisés (taxi-moto, vélo, pousse-pousse).

Des irrégularités ont également été documentées par nos organisations. Dans le centre de vote du 3ème arrondissement de Bangui, nos organisations ont rapporté le cas d'un électeur ayant en sa possession plusieurs cartes électorales, qu'il aurait vraisemblablement acheté, et qui lui ont permis de voter plusieurs fois. Dans certains bureaux de vote de l’arrière pays, notamment sur l’axe est Sibut-Grimari, les votes se sont déroulés sous des manguiers ou dans les paillotes des chefs de quartiers, et certains électeurs ont été poussés par les membres des bureaux de vote à exprimer en public leur choix de vote, remettant en cause le principe du secret du vote. La présence d'hommes armés, suspectés d'être des anti-balaka, dans les bureaux de vote de la localité de Bobangui, située à 80 kilomètres de Bangui, constitue une atteinte à la liberté de vote. Dans la ville de Bagandou, dans la région de la Lobaye, au sud-ouest de Bangui, des milices anti-balaka auraient cherché à influencer le vote des minorités pygmées. Plus généralement, l'insécurité et la présence de groupes armés à l'est et à l'ouest de la République centrafricaine est un facteur susceptible de dissuader les centrafricains d'aller voter.

Contexte

Mercredi 30 décembre 2015, près de deux millions d’électeurs centrafricains étaient appelés aux urnes à l'occasion d'un double scrutin présidentiel et législatif devant permettre à la Centrafrique de tourner la page d'une crise profonde, déclenchée par le coup d'état militaire de la coalition Séléka, menée par Michel Djotodia, le 24 mars 2013 et chassant du pouvoir François Bozizé, lui-même arrivé au pouvoir par un coup d’état en 2003. Au cours de l’été 2013, des groupes armés d’auto-défense pro-Bozizé, les anti-balaka, ont attaqué de plus en plus régulièrement les Séléka et les populations musulmanes auxquelles ils sont assimilés. Le 5 décembre 2013, les anti-balaka menaient une attaque surprise coordonnée sur Bangui à la veille du déploiement des forces françaises de l’opération Sangaris autorisée par la résolution 2127 du Conseil de sécurité des Nations unies pour venir en aide à la force africaine (MISCA) qui n’arrivait pas à faire stopper les massacres des populations civiles. Le 9 janvier 2014, sous la pression de la communauté internationale, Michel Djotodia quittait le pouvoir et les Séléka se retiraient du sud et de l’ouest du pays pour se regrouper au nord et à l’est. Les milices anti-balaka profitaient de ce retrait pour attaquer systématiquement les populations, essentiellement musulmanes, qu’elles accusent de complicité et de soutien envers les Séléka. En janvier 2014, Catherine Samba Panza a été élue à la tête d'un gouvernement de transition qui devra passer les rênes au candidat vainqueur du deuxième tour de l'élection présidentielle, qui se devrait se tenir le 31 janvier 2016.

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