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Les médicaments de rue et contrefaits, une véritable gangrène pour la société

Togo - Sante
Plus de 100 000 décès en Afrique par an sont liés au phénomène des médicaments contrefaits. De même, les faux antituberculeux et antipaludiques sont à l’origine de 700 000 décès par an dans le monde soit plus d’un mort par minute. Et si les pays qui maîtrisent leurs frontières et contrôlent leurs marchés sont gangrenés par le phénomène, au Togo, on se pose sérieusement des questions.
Elles sont nombreuses ces bonnes femmes qui vivent du commerce des médicaments de rue. Elles s'improvisent en véritables promotrices de ces réseaux d’importateurs illicites. Elles ont leurs méthodes pour échapper au contrôle des forces de sécurité qui disposent de maigres moyens de lutte contre ce commerce.

Dans la gamme des médicaments proposés au bord de la rue, les antidouleurs, des antitussifs, des antibiotiques, des antipaludiques, les contraceptifs et j’en passe. Des produits d’une origine complètement ignorée, mais malheureusement très prisés par les populations.

Le mal vient d’abord de loin. De la Chine et d’autres pays asiatiques, des pays voisins comme le Ghana et le Nigeria, le parcours de ces médicaments tueurs est long.

C’est aussi le lieu de relever que le mal que se donnent les pratiquants à exercer dans la clandestinité est une des preuves vivantes que ce qu’ils vendent relève de la contrefaçon. Un peu d’amidon, de farine et quelques potions chimiques sont suffisants pour monter de toutes pièces des comprimés de paracétamol ou de nivaquine. Les étiquettes et emballages sont ensuite imités à la perfection.

Dans une de ses fameuses émissions « Médias d’Afrique », Alain Foka et ses correspondants (Rfi) révélaient comment le paracétamol était fabriqué dans certains champs dans la préfecture du Kloto (Togo) avec du manioc. De quoi empoisonner ou intoxiquer une personne qui ne voulait se soulager que d’un simple mal de tête.

Le phénomène est nourri par l’automédication, la pauvreté des populations, le manque de technologie de contrôle sur les frontières, la corruption et surtout la démission de l'Etat face aux difficultés que rencontrent les centres médicaux du pays.

Plusieurs rapports ont révélé que des inspecteurs autorisent fréquemment l’entrée de faux médicaments et d’autres produits illicites contre des pots-de-vin. Des légèretés administratives qui, non seulement, causent des milliers de morts, mais aussi tuent l’économie nationale.

En juillet 2012, une opération menée par l’Organisation Mondiale des Douanes (OMD) sur 16 ports en Afrique de l’Est et de l’Ouest (dont le Togo), a permis de saisir 82 millions de doses de médicaments illicites, soit un montant d’environ 18 milliards 800 millions de F CFA.

Dans notre pays, plusieurs saisies de médicaments illicites ont été notées, mais faute d’une législation de rigueur pour inquiéter ces criminels, les autorités se sont contenté de détruire les cargaisons avec parfois quelques peines, notamment des amendes.

La pharmacie n’est pas encore entrée dans le réflexe dans notre société, surtout quand on pense dans les coins reculés que se rendre à la pharmacie requiert un tour préalable chez le médecin.

Au Togo, le nom hôpital fait tressaillir celui qui n’a pas les moyens de se rendre dans une clinique. « Les hôpitaux sont toujours des endroits où nos maladies prennent plus d’ampleurs », disait un patient à l’hôpital de Bè (Lomé).

A Lomé, quelques structures installées dans la zone franche s’adonnent à l’activité. Quid des Libanais, des Indiens? Ce sont des structures dans lesquelles l’intérêt prône sur la vie de la population. Des inspections quasi-inexistantes, des arrangements avec les autorités, afin tout ce qui peut mettre du doute sur la qualité des médicaments issus de ces usines.

Certaines pharmacies nationales qui ont encore un respect pour la vie humaine font tout simplement fi des productions de ce genre. Il est donc bien évident que tout ce qui tue en matière de médicament ne vient pas forcément de la rue.

Chez les autorités, notamment le ministère de la Santé, les préoccupations sont nombreuses et la lutte contre les médicaments contrefaits n’est sûrement pas la priorité. Pour les forces de sécurité et de douanes, on parlera d’abord des moyens.

Ceux qui ont senti leurs entreprises bien menacées par la vente illicite de carburant, se sont dépêchés des se mobiliser, financer la guerre contre le phénomène. De même, 10 litres de carburant illicite saisis suscitent beaucoup plus d’intérêt que 10 tonnes de doses de médicaments contrefaits chez ces agents de forces de sécurité.

Pourtant, il est claire que les médicaments de rue et contrefaits, font largement plus de victimes et autant de mal à l’économie que la vente illicite de carburant.

A.L