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Les pêcheurs désormais sans port de pêche

Togo - Societe
Le Togo dispose d’un ronflant département de l’Agriculture, de l’Elevage et de l’Hydraulique. Le volet « Pêche » toujours intégré à ce département a été amputé à la formation du gouvernement Komi Selom Klassou. Et pourtant, la pêche, au Togo, c’est 4% du PIB du secteur primaire, selon les statistiques de l’UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest africaine). Elle s’effectue sur les plans d’eau maritime, lagunaire, fluviale, de barrage et des étangs piscicoles.
La zone de pêche maritime s’étend de Lomé au Bénin et au Ghana. On y compte 21 campements de pêche dont le port de pêche de Lomé. Les estimations varient entre 12000 et 17 000 tonnes. Elle crée 22 000 emplois, avec 12 000 commerçantes et transformatrices qui y exercent. Ces emplois font vivre directement ou indirectement 150 000 personnes.

En 2012, le Togo envisageait une production de 25000 à 26 000 tonnes par an. Une raison de plus pour éviter de faire de la pêche un secteur négligeable au sein du gouvernement. Malheureusement, c’est le cas. Non seulement ce secteur n’existe que par une Direction générale rattachée au ministère de l’Agriculture, mais pire, le Togo depuis plus d’un an, ne dispose plus d’un port de pêche.

Les travaux d’extension du port autonome de Lomé et le troisième port de Bolloré ont englouti le Port de pêche, faisant des pêcheurs, des travailleurs sans port d’attache. Selon des sources, le groupe français avait promis une fois le troisième quai terminé, la construction en bonne et due forme d’un port de pêche. Un site a même été retenu, Gbetsogbé. Mais depuis, la promesse tarde à se matérialiser. Le Japon, pour des raisons stratégiques, donne un coup de main à des pays africains pour la construction de port de pêche moderne. Les ports de pêche de Cotonou (Bénin) et de Sekondi (Ghana) très modernes évalués à plus de 2 milliards F CFA chacun, ont été l’œuvre de la coopération japonaise.

Le japon a fait la même proposition au Togo, et attend depuis des années une réponse qui n’arrive jamais. Outre le Japon, l’Union européenne avait prévu un fonds de 10 milliards F CFA pour la construction et la modernisation des ports de pêche dans 5 pays en Afrique de l’Ouest dont le Togo. Depuis, aucune proposition concrète n’est venue du pouvoir de Lomé. La Direction générale de la pêche où s’agglutinent des experts bureaucrates n’existe que pour délivrer des permis de pêche sur fond de corruption à des bateaux étrangers qui viennent piller les ressources halieutiques sur nos côtes.

Certains de ces navires battant pavillon togolais, en dehors de la pêche, se sont spécialisés dans les activités criminelles, notamment le transport de drogue, de migrants etc. Face à la colère des partenaires, le gouvernement togolais s’est précipité d’annoncer l’annulation des agréments accordés à ces bateaux. Une mesure en réalité sans effet, puisque ces navires continuent de mouiller dans les eaux internationales, toujours avec le pavillon togolais. On apprend que certains sont non seulement injoignables par les autorités togolaises, mais d’autres ne sont plus jamais revenus au Togo depuis l’obtention de leur agrément qui date d’une dizaine d’années.

Les pêcheurs togolais continuent de mener leurs activités avec des moyens dérisoires (des pirogues artisanales, des filets rudimentaires). Pendant ce temps, le gouvernement rechigne non seulement à les doter des moyens modernes, notamment des pirogues motorisées pour aller en haute mer, mais aussi refuse le soutien des partenaires en développement qui sont disposés à doter le pays de port de pêche moderne. On n’est donc pas étonné que face à cette situation et surtout vu le manque d’une production locale basée sur la pisciculture, des opérateurs économiques se rendent à des milliers de kilomètres en Chine pour ramener sur le marché togolais des poissons de qualité douteuse.

Le dernier scandale lié aux tilapias contaminés doit amener ceux qui ont la charge du pays à retrousser leurs manches pour doter ce pays de structures locales capables de produire en masse des poissons frais et de qualité pour la consommation des citoyens. Il faudra également doter la côte d’un port de pêche moderne permettant aux pêcheurs de trouver un point de départ et de chute, mais aussi aux populations d’aller directement chercher les poissons à la source.

L’autosuffisance alimentaire ne saurait continuer à être un simple slogan. Faure Gnassingbé et ses amis doivent sortir de leur tour d’ivoire pour toucher du doigt les réalités, surtout que du côté des partenaires, les moyens financiers ne manquent pas.

Mensah K. (L’ALTERNATIVE)