Vous etes sur la version ARCHIVES. Cliquez ici pour afficher la nouvelle version de iciLome.com
 8:13:03 PM Vendredi, 19 Avril 2024 | 
Actualité  |  Immobilier  |  Annonces classées  |  Forums  |  Annuaire  |  Videos  |  Photos 


Face à la menace du terrorisme : rappels, indices, témoignages…faut-il avoir peur ?

Togo - Societe
Les derniers faits d’armes des terroristes, en Europe puis en Afrique, provoquent depuis quelques jours des vagues de réactions qui tendent vers le durcissement de la surveillance et des contrôles. En France comme au Mali, en passant par le Tchad, le Niger, le Sénégal, le Cameroun, le Gabon, la Guinée… de nouvelles mesures (parfois antérieures aux drames de ces derniers jours) comme l’interdiction du voile intégral sont prises ainsi que toute autre méthode de dissimulation en circulation (telle que le fumage des vitres de véhicules). Pendant ce temps, chez nous au Togo, c’est une indifférence apparente qui prévaut. Et pourtant, ici aussi, le risque est là, grand.
Lors d’une manifestation officielle impliquant des prédicateurs musulmans, un ancien haut responsable militaire a tenu à mettre en garde ceux qui se hasardent à alimenter les cellules dormantes de Boko Haram ici au Togo. Car, disait-il, ils ont la certitude que des signaux de Boko Haram existent dans plusieurs localités du Togo.

La mise en garde a été adressée aux prédicateurs venus de toutes les régions du Togo, mais aussi en présence de formateurs venus d’Arabie saoudite qui ont encadré les participants et aussi des premiers responsables du ministère de la Sécurité. On a même vu, sur des murs à la hauteur des feux tricolores du CHU SO, la curieuse mention « MNLA au Togo ». Après l’alerte de la presse, ces écrits qui semblaient durer depuis des jours, ont fini par être nettoyés. Puis, plus rien !

Le Mali, le Niger, le Nigeria, ne sont qu’à quelques heures de moto du Togo. Le Burkina, lui, carrément, frontalier. Les flux migratoires et les transactions commerciales sont quotidiens. Le Togo n’est donc pas si loin des pays affectés par le terrorisme dans notre sous-région et qui, malgré le fait qu’ils soient relativement habitués au phénomène, ont toujours de la peine à le maitriser.

Il y a quelques jours, aux lendemains des attaques de Paris, les autorités maliennes ont dit avoir pris des mesures spéciales pour protéger les lieux sensibles. Un reportage a été même réalisé sur le sujet et diffusé le jeudi 19 novembre au soir sur la Chaîne TV5 Monde. Et pourtant, les islamistes ont réalisé leur carnage, le lendemain. Comme quoi, le sujet est très complexe, et même les pays qui disposent de tous les moyens militaires de renseignements continuent de se barricader, de durcir leur législation, quitte à choquer l’opinion internationale avec certaines de ces mesures.

Avec l’extension des tentacules des groupes terroristes, il est temps que le sujet cesse d’être banalisé comme semblent le faire les autorités sécuritaires togolaises jusqu’ici. A Lomé, et dans les autres villes du pays, il est de plus en plus fréquent de voir des gens se balader en voile intégral. Impossible de distinguer qui ils sont et ce qu’ils portent sur eux. Les allers-retours entre Lomé et les pays comme le Qatar, l’Arabie saoudite, le Koweit, le Liban sont fréquents.

Dans une ville comme Cinkassé, très en contact avec les pays comme le Mali, la Burkina et le Niger, plusieurs habitants indiquent rencontrer de plus en plus dans la rue des membres de la communauté des Wahabia identifiables à leurs boubous blancs et pantalons au ¾ des membres. « Ils ont leur mosquée à part et considèrent les autres musulmans comme des non-croyants. Ils ont leur propre service de sécurité dont les agents portent une tenue spéciale. Nos services de renseignement doivent être aveugles pour n’avoir pas vu ça jusqu’ici », témoigne une source qui a requis l’anonymat. « Dans des villages reculés où il n’y a ni bâtiment scolaire, ni eau potable, ni centre de santé, tu trouves de grandes mosquées et, fait remarquable, on y écrit seulement « financé par le donateur » », précise notre source.

Sans aucune intention de tomber dans la déduction hâtive, facile et légère que peuvent faire certains esprits en associant l’islam au terrorisme, on sait néanmoins que c’est l’extrémisme dans les rangs des pratiquants de la religion musulmane qui fait le lit à la radicalisation vers les actes de terrorisme. En France comme au Mali, les actes terroristes sont revendiqués par des personnes qui s’identifient à l’islam. En conséquence, l’opinion est devenue plus ou moins attentive à l’expansion de l’islam dans le monde.

C’est le cas aussi au Togo avec les mosquées qui se multiplient à Lomé et dans les autres villes avec une relative facilité et rapidité. Avec une communauté musulmane très fragmentée, la hiérarchie elle-même en proie à une impopularité croissante semble n’avoir aucun contrôle sur les discours tenus et les orientations données aux versets du coran sous les minarets dans notre pays. Personne aujourd’hui ne peut garantir que dans notre pays, les prêches ne comportent des germes de radicalisation, ni présenter un tableau exhaustif de tous les types de financements extérieurs qui alimentent la construction des mosquées et des écoles coraniques, leur entretien, les actions de générosité autour desdites mosquées.

Il ne s’agit naturellement pas de stigmatiser une communauté dans notre pays qui consacre d’ailleurs la liberté de culte, ni d’entraver la pratique de sa religion. Nous avons d’ailleurs toujours dénoncé les entraves à la prière souvent posées par la sécurité présidentielle lors de quelques grandes occasions au cours desquelles les fidèles musulmans prient ensemble dans des lieux publics, en présence des premières autorités du Togo.

Mais il s’agit juste de vérifier que des gens aux idéologies terroristes ne fassent pas des mosquées, des centres de propagande de leur idéologie en compromettant ainsi la sécurité même des musulmans et de tout le pays.

Aujourd’hui, que fait-le Togo pour prévenir le terrorisme ? Quelles mesures sont prises pour renforcer la sécurité des citoyens ? Visiblement, rien. Déjà que les petits braqueurs qui sèment la terreur dans les rues les soirs sont toujours en roue libre, beaucoup de citoyens et d’analystes redoutent vraiment que le Togo ne soit pas assez préparé pour éloigner davantage les risques de terrorisme de nos frontières.

Et pendant qu’il est encore temps, si tant est que la sécurité des Togolais, ou tout au moins celle de leurs proches et de leurs familles leur tient à cœur, Faure Gnassingbé et ses « sécurocrates » ont bien intérêt à ouvrir grandement les yeux !

Mensah K. (L’ALTERNATIVE)