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Secteur de l’immobilier : Les cautions pour les loyers trop exorbitantes

Togo - Societe
Il y a quelques années, pour louer une chambre à Lomé ainsi que dans les autres villes du Togo, les propriétaires de maisons ne demandaient qu’une caution de trois ou six mois. Aujourd’hui, la donne a changé.
Non seulement les prix des loyers ont considérablement grimpé, mais aussi les cautions varient d’un à deux ans, selon les quartiers et selon la volonté des propriétaires. Qu’est-ce qui est à l’origine de ce phénomène ? Le gouvernement ne peut-il pas prendre des mesures pour régler cette situation ? Telles sont les questions que se posent les Togolais.

n effet, il n’est pas rare d’entendre des gens se plaindre de la cherté des chambres et des cautions exorbitantes à Lomé et dans les autres villes du pays. A la capitale par exemple, les prix d’une chambre varient de 7000 FCFA à 12 000 FCFA selon les quartiers. C’est ce qu’a confié Komlan Togbé, un démarcheur. Sur un tableau qu’il a exposé non loin de la pharmacie Djidjolé et sur lequel on pouvait lire : « Chambres à louer » et « Terrains à vendre », on voit : « Une pièce électrifiée à louer à Agbalépédogan à 10 000 FCFA, caution : un an », « Une chambre-salon électrifiée avec terrasse à louer à Tokoin-Trésor à 25 000 FCFA, caution : un an », « Une chambre à louer à Djidjolé à 8 000 FCFA, caution : 18 mois ».

Koffi Gnama, un autre démarcheur dont l’agence se trouve à Adjololo a indiqué qu’on loue une chambre électrifiée à Nyékonakpoè à 17 000 FCFA, caution : 2 ans, une autre se trouvant à Bè non loin du marché à 20 000 FCFA, caution : 2 ans. La caution de la chambre-salon électrifiée qu’on loue à 20 000 FCFA s’élèvera à 480 000 FCFA. Un fonctionnaire togolais qui perçoit par exemple 80 000 FCFA par mois, mais qui voudra louer une telle chambre devra épargner plusieurs mois ou des années avant de pouvoir rassembler cette caution.

Pourquoi une telle situation ?

Depuis quelque temps, les propriétaires de maisons préfèrent louer les chambres aux étrangers plutôt qu’aux Togolais, pour la simple raison que là où les nationaux demandent à verser une caution de trois ou six mois pour y avoir accès, les expatriés, eux, proposent une caution d’un à deux ans.

« Le Togo est un pays hospitalier. C’est pour cette raison que les étrangers viennent s’installer pour mener leurs activités commerciales. Ils préfèrent louer dans des quartiers non loin du Grand marché. Pour ce faire, ils proposent aux propriétaires de maisons des cautions allant d’un à deux ans. Les propriétaires trouvant que les étrangers déboursent facilement de l’argent pour payer les cautions, ils les préfèrent aux Togolais. Ce phénomène s’est généralisé. Les propriétaires des quartiers environnants ont pris goût à la chose », a indiqué Kossi Akpabli, conducteur de taxi-moto à Lomé.

Ces commerçants étrangers arrivent même à louer toute une maison ou une villa. Les propriétaires se cachent derrière la cherté du ciment sur le marché pour justifier le nombre de mois de cautions qu’ils réclament. « Les prix des matériaux de construction sont élevés sur le marché c’est pourquoi nous augmentons les prix des loyers et le nombre de mois de caution », a souligné Norbert Zékpa, un propriétaire de maison à Bè-Kpota. Cet argument ne convainc pas bon nombre de Togolais.

« C’est un faux problème quand les propriétaires disent que c’est à cause de la cherté du ciment qu’ils réclament un ou deux ans de caution avant de céder une chambre à un locataire. Il y a des maisons qui sont construites au temps où le ciment coûtait 2 500 ou 3000 FCFA, mais les propriétaires exigent aujourd’hui un ou deux ans de caution. Le Gouvernement doit prendre des mesures pour régler cette situation, c’est important », a noté Fabrice Amah.

L’intervention du Gouvernement, une nécessité !

Les parlementaires de certains pays de la sous-région ont voté des lois réglementant le secteur de l’immobilier. C’est le cas du Bénin par exemple. La caution ne doit pas dépasser six mois dans ce pays. Au Burkina Faso, il ressort qu’un projet de loi en vue de réglementer ce secteur est à l’Assemblée nationale et dans un futur proche, il sera voté. Au Togo, il y a quelques années, les tenants du pouvoir avaient fait une sortie médiatique pour déballer un projet visant à réguler le secteur.

Il ressort de ce fameux projet que le prix des chambres ayant une dimension de 6m sur 5m, par exemple, sera désormais fixé par le Gouvernement et sera identique sur toute l’étendue du territoire. Aujourd’hui, apparemment, rien n’est fait pour résoudre le problème de loyers et de cautions qui est un casse-tête chinois pour les populations.

« Etant donné que les populations ont de sérieux problèmes sur ce plan, les députés de l’Assemblée peuvent tricher ce qui est fait au Bénin à côté. En effet, il y a vingt ou trente ans, les Béninois venaient s’inspirer au Togo en matière d’immobilier. Ils ne construisaient pas, et quand ils venaient nous voir ici dans nos villas, ils s’étonnaient et se demandaient si c’est l’Etat qui nous logeait. Mais aujourd’hui, c’est tout à fait le contraire. Et si l’Assemblée nationale a eu le courage de voter cette loi, c’est qu’il y a eu quelque chose qui a changé chez eux », a rappelé Abbass Tanko, un locataire. Il a précisé qu’il est impérieux que le Gouvernement togolais fasse voter une loi pour fixer les loyers et le nombre de mois de caution.

Mais avant de le faire, a-t-il relevé, il va falloir qu’il fasse construire des logements sociaux. « Le Gouvernement doit mettre en place une politique de construction. Chaque fois, on nous annonce qu’il y aura des villas ici, des villas là. Tout récemment, on a parlé de Cacavéli où on a retenu un site pour la construction de plusieurs villas pour les logements sociaux, mais ces villas peinent à sortir de terre », a-t-il noté.

Certains pensent que pour une réglementation véritable du secteur immobilier, il faut nécessairement tenir des élections locales. Ce qui, à leur avis, permettra aux Maires élus de régler à la base ce problème. « Il faut les élections locales pour que les Maires puissent s’occuper réellement du problème à la base », a souligné Amidou Kolani, un foctionnaire vivant à Agoè.

Agbézo K. (L’ALTERNATIVE)