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La marche du CAP 2015 de A à Z

Togo - Politique
L’opposition réunie au sein du CAP 2015 a apporté son soutien aux populations ce samedi comme elle l’avait annoncé. C’était donc une foule qui a sillonné les artères de la capitale pour dénoncer les exactions commises par les militaires dans la préfecture de l’Oti. Pour rappel, les 6 et 7 novembre derniers, une protestation de la population contre l’expropriation dont elle est victime dans le cadre du projet d’aires protégées, a été réprimée dans le sang. Le bilan officiel fait état de 5 morts et plusieurs.
Des événements malheureux qui ne pouvaient laisser la classe politique de l’opposition indifférente. Ainsi, l’Alliance nationale pour le changement (ANC), la Convention démocratique des peuples africains, le Parti socialiste pour le renouveau (PSR) et l’Union des démocrates socialistes (UDS-Togo) et leurs militants ont battu le pavé pour montrer leur solidarité envers le peuple Mango.

Commencée à Bè Kodjindji, la marché a chuté à la plage, face à l’ancienne présidence. Ils sont nombreux à exprimer « Je suis Mango » comme Jean-Pierre Fabre, le candidat de CAP 2015 qui a dénoncé avec vigueur les actes barbares commis sur de paisibles populations aux mains nues. Pour lui, il ne pouvait être autrement puisque le régime a démontré que la violence fait partie de sa nature.

« La violence est consubstantielle à ce régime », a-t-il martelé. Il a dans son intervention appelé la population de Mango à rester vigilante face à la manipulation du pouvoir en place qui tend à opposer le sud et le nord. « C’est l’homme qui est au centre de nos préoccupations. Et nous ne nous faisons pas de choix tribaliste dans la recherche du mieux-être des populations togolaises », a précisé le candidat malheureux de la dernière élection présidentielle.

Bien avant lui, c’est la présidente du groupe parlementaire ANC, Isabelle Améganvi qui a retracé le film, à l’Assemblée nationale, des évènements aux militants. A l’en croire, dès que son parti a eu écho de ce qui se passait à Mango, il a diligenté une délégation dans la localité.

A l’Assemblée nationale, puisque les députés étaient en session parlementaire, son parti avait immédiatement saisi tour à tour le Premier ministre, le président de l’Assemblée nationale, Dama Dramani ; les ministres de la Sécurité et de la Protection sociale ; de l’Environnement et des ressources forestières, respectivement, Col. Yark Damehame et André Johnson. Mais non seulement, le chef du gouvernement, Selom Klassou ne s’était pas présenté, c’est plutôt des mensonges ponctués de quelques regrets que les deux ministres ont servi aux élus du peuple.

Pour la présidente du groupe parlementaire ANC, qui a rapporté les propos de Yark Damehame, des tirs de sommation ont entraîné la mort des manifestants ; un véhicule militaire a déraillé et aurait marché sur une victime. Des arguments balayés du revers de la main par la député Isabelle Améganvi et les militants. Des interventions qui ont permis à la foule de comprendre le jeu du pouvoir visant à dédouaner les militaires à la gâchette facile.

Alphonse Kpogo de la délégation qui a fait le déplacement à Mango a fait un témoignage émouvant de ce que vivent les populations de cette partie éloignée, visiblement coupée du Togo.

« Des cases sont incendiées, la population vit dans une peur permanente de représailles. Beaucoup ont fui le village pour se réfugier dans les pays voisins », a-t-il rapporté. Des témoignages qui ont fait froid dans le dos des militants et indigné surtout les ressortissants de Mango très nombreux à la marche du CAP 2015.

A en croire leur représentant Abdouldjibar Djatoti, la population demande l’arrêt du projet d’aménagement d’aires protégées dans la préfecture de l’Oti. C’est le vœu unanime des nombreux ressortissants qui n’ont pas pu retenir leurs larmes lors de la prière musulmane à la plage, lieu de chute de la marche.

Déjà à Kodjindi, la colère se lisait dans leurs yeux. Preuve que les événements douloureux des 6 et 7 novembre derniers sont encore vivaces dans les esprits. Survoltés et révoltés, ils annonçaient la couleur avant l’entame de la marche. Et quand la marche s’est ébranlée du lieu de départ, ils étaient devant la banderole et poussaient des cris de révolte. La tension était telle qu’à différents endroits ils criaient « Yark criminel », « Natchaba voleur ».

La manifestation a failli dégénérer au niveau du collège Notre Dame des Apôtres n’eut-été la vigilance du service de sécurité du CAP 2015. Une voiture a voulu forcer le passage dans la marche. Ce qui a déchaîné le courroux des manifestants qui se sont rués sur elle.

A part cet incident, la marche s’est déroulée pacifiquement jusqu’au point de chute où après la minute de silence en mémoire des victimes, la foule a pu écouter le message du CAP 2015 délivré par Eric Dupuy , chargé à la communication de l’ANC.

« CAP 2015 réitère ses condoléances, sa compassion et sa solidarité aux familles des victimes et à l’ensemble des populations de l’Oti et outragées. Il exige : l’indemnisation des familles des victimes, la prise en charge des blessés, la libération de tous les manifestants détenus, la levée de l’état de siège imposé à la ville de Mango et de ses environs, la fin des harcèlements et des kidnappings des jeunes dans la préfecture de l’Oti », a-t-il déclaré.

Et d’ajouter : « CAP 2015 met en garde le gouvernement contre les pratiques permanentes de la violence et de la brutalité policière qui ne peuvent conduire qu’à l’embrasement du pays. Des pratiques par une impunité qui encourage les récidives. Les événements de Mango rappellent ceux de Dapaong qui ont coûté la vie aux élèves Anselme Sinandaré et Douti Sinalengue .

Ils rappellent les tueries de Datcha et de Gléi, de Sokodé, d’Aného, de Bassar etc. A cet égard CAP 2015 dénonce la duplicité du régime RPT/UNIR qui, malgré ses nombreux engagements nationaux et internationaux, se refuse à combattre l’impunité ».

Pour Eric Dupuy qui a porté le message du CAP 2015, « le temps est venu d’opérer les réformes politiques et électorales prescrites par l’APG et permettant l’organisation d’élections propres dans notre pays. Le temps est venu de respecter les engagements N°1.6 et 1.7 pris à Bruxelles en 2004 et maintes fois renouvelés et relatifs à l’organisation des élections locales et à la mise en place d’une administration locale légitime au Togo ».

Dans son intervention, Bodé Tchakoura de la CDPA a fustigé la politique qui consiste à privilégier les animaux au détriment de l’Homme. Toute action qu’elle soit économique ou non, part de l’homme et non le contraire.

C’est vers 17 heures de l’après-midi qu’a pris fin la manifestation dans un calme. Mais les ressortissants de Mango qui ont donné une touche particulière à la marche par leurs chants guerriers ne décolèrent pas. Ils prévoient une autre marche le samedi 28 novembre prochain dans les rues de Lomé.

A.G