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Les cybercafés à Lomé : Centres d’opérations des cybercriminels

Togo - Societe
Une belle femme friquée qui cherche un jeune homme en Afrique pour mariage, un bienfaiteur qui vous a sélectionné pour attribution d’une grosse somme d'argent, votre numéro sélectionné pour un tirage au sort faisant de vous un gagnant… les appâts ne manquent chez les arnaqueurs pour attirer les pigeons. A Lomé, les cybercriminels ne se cachent même pas, c’est dans les cybercafés qu’ils opèrent à découvert.
Les arnaqueurs ont pour centres d’opération les Cybercafés. A Lomé, précisément dans le quartier Hédzranawé, l’activité a pris du terrain. Pendant que les cybercafés tendent à la disparition dans certains autres quartiers de la ville, Internet est revendu très cher à Hédzranawé.

On trouve un Cybercafé à tous les coins de rues, et ils sont toujours pleins à craquer. Pour une heure de navigation, la facture peut s’élever jusqu’à 600 F CFA l’heure au lieu de 200F CFA, comme dans les autres contrées de Lomé.

Ici, l’atmosphère qui règne dans un cybercafé n’est pas toujours ordinaire. Il n’est pas rare de voir un Monsieur décrocher son téléphone et user d’une voix de demoiselle dans la conversation. Mensonges, imitation d’accents (européen, américains, chinois), on en voit de tout.

L’activité est l’apanage de la communauté nigeriane qui s’est approprié presque le quartier Hédzranawé à Lomé. Bien qu’essentiellement commerçants, les jeunes nigerians dans cette partie de Lomé se montrent de plus en plus oisifs. Un tour dans le quartier, et on peut les voir groupés sous les arbres ou dans les bars accrochés aux jeux de cartes, Ludo, à longueurs de journées. Pourtant, ils sont toujours bien habillés, mangent bien et sirotent des bouteilles de bière tous les soirs. Ils occupent les maisons les plus chers et sont même indexés de surenchérir les loyers dans le quartier Hédzranawé.

La cybercriminalité dont ils sont les principaux acteurs serait leur principale source de revenue. Les magasins de vieilles friperies qu’ils géraient jadis, ont perdu le marché à l’avantage des boutiques de prêt à porter qui proposent des gammes de vêtements neufs à des prix raisonnables. Du coup, ils se reconvertissent dans des arnaques et d’escroquerie afin de pouvoir maintenir leur style de vie.

Le Hic, c’est que des individus mordus de gain facile se laissent séduire, nourrissant à la sueur de leur front ces bandes de cybercriminels par leur ignorance. Elolo (27 ans) jeune entrepreneur raconte : « J’ai failli perdre 7 00 000F CFA comme ça pour un soit disant VISA, je n’avais jamais joué à la loterie VISA, mais j’ai reçu un mail me notifiant que j’avais gagné un VISA pour les États Unis et qu’il me fallait laisser une caution histoire de garantir ma position. C’est le fait qu’il avait mon identité complète et mon numéro de téléphone qui me fascina. A la dernière minute, j’ai dû effectuer une recherche sur le nom de la banque dans laquelle je devais virer l’argent. C’est là que je me suis rendu compte que cette banque supposée domiciliée aux USA était plutôt au Nigeria ».

Souvent, c’est tout un réseau impliquant des jeunes filles chargées de séduire des gros pigeons, leur soutirant des informations sur leur identité complète. Cette méthode leur permet de bien s’appuyer sur la naïveté des victimes.

Au Nigeria et au Bénin, la police fait des descentes dans les cybercafés réputés fiefs des cybercriminels où certaines arrestations permettent de démasquer et démonter des réseaux entiers.

La méthode se fait désirer sur la terre de nos aïeux où la population se fait de plus en plus victime de son hospitalité. Comme le disent les Ivoiriens, on aime bien les étrangers mais en fin de compte on se préfère.

A.L