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Enrichissement illicite suite au concert en faveur des détenus

Togo - Societe
L’Administration pénitentiaire accusée de détourner 7 millions FCFA Une histoire de malversation financière plombe les relations entre l’Organisation de la Charité pour un Développement Intégral (OCDI) et la Direction de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion. Plus de 7 millions FCFA auraient été empochés par les responsables des prisons du Togo dans le cadre du concert de solidarité en faveur des détenus organisé en septembre 2014.
«Quelle image pour nos prisons aujourd’hui ?». C’est le thème de la cinquième édition de la semaine du détenu célébrée en août 2015. Lors de cette célébration, tous les discours officiels, notamment ceux du ministre de la Justice et des Relations avec les institutions de la République, Pius Agbétomey et du Directeur de l’Administration pénitentiaire et de la Réinsertion, Akibou Idrissou, ont plaidé en faveur de l’amélioration des conditions des détenus. Mais quelques mois après, les discours prononcés n’ont pas permis de les soulager.

Au contraire, certaines informations nous parvenant font comprendre qu’entre les discours et les actes allant dans le sens des vœux exprimés, on peut compter des années-lumière. Pour venir en aide aux détenus, il a été instauré un concert de solidarité dont les fonds récoltés sont destinés aux œuvres devant permettre une amélioration des conditions de détention. Le 07 septembre 2014, la 2ème édition a été organisée au Palais des Congrès de Lomé. Selon les initiateurs, le concept vise, entre autres, « à amener la jeunesse à adopter un comportement sain et tout mettre en œuvre pour éviter de se retrouver en situation d’inculpation judiciaire, prier les autorités gouvernementales à renforcer le volet de la réinsertion de l’administration pénitentiaire et toucher la conscience des différents acteurs de la société civile à manifester de diverses manières de la solidarité à l’endroit des détenus ».

De nobles intentions qui sont en déphasage avec la réalité des milieux carcéraux. Un mois après le concert du 07 septembre 2014, l’Administration pénitentiaire a organisé une conférence de presse pour présenter le bilan, surtout en ce qui concerne la destination des fonds recueillis.

« Ce concert de solidarité au profit des détenus qui était à sa 2ème édition a servi à faire l’achat de produits pharmaceutiques d’une valeur de huit millions trois cent quarante-cinq mille sept cent cinquante (8 345 750) FCFA contre 2 165 000 à la 1ère édition », avaient présenté les organisateurs. L’argent collecté aurait donc servi, en totalité, à l’achat des médicaments pour les prisons civiles du Togo.

Seulement, de sources proches de l’administration pénitentiaire, les produits achetés depuis octobre 2014 n’ont été répartis dans les prisons qu’en juillet 2015, soit plus de neuf (09) mois plus tard. Un retard qui a inquiété les responsables de l’Organisation de la Charité pour un Développement Intégral (OCDI) à qui revenait la gestion des fonds, mais qui en étaient écartés par la Direction de l’Administration Pénitentiaire et de la Réinsertion (DAPR). L’autre dénonciation des détenus, c’est le rapport présenté et qui fait état d’achats de médicaments pour plus de huit (08) millions FCFA.

« Les produits livrés par l’ex-détenu Coco de Kofi ne couvrent pas la totalité des fonds collectés. Les médicaments achetés n’atteignent même pas un million et demi. Reste à savoir comment le magistrat Akibou Idrissou pense avoir acheté du médicament pour plus de huit millions. Ce sont des faits qui ne contribuent pas à l’amélioration des conditions des détenus. C’est un véritable commerce qui entoure cette affaire de concert », dénonce un détenu.

En effet, nous avons pu entrer en possession des factures délivrées par l’OCDI à Coco de Kofi en date des 07 et 08 octobre 2014. La première facture couvre trente-deux (32) produits et s’élève à un million (1 000 000) FCFA. La seconde porte achat de quinze (15) produits pour un montant de trois cent mille (300. 000) FCFA. Au total, un million trois cent mille (1 300 000) FCFA ont été dépensés. Il restait donc dans les comptes sept millions quarante-cinq mille sept cent cinquante (7 045 750) FCFA.


Et c’est la disparition de cette somme qui est la pomme de discorde entre l’OCDI et l’Administration pénitentiaire. D’après des sources proches du dossier, la sœur Catherine et Monseigneur Nicodème Barrigah ont tenté, en vain, de rencontrer M. Akibou Idrissou. « Depuis 2014, une vingtaine de courriers ont été envoyés à l’Administration pénitentiaire pour demande d’audience. Mais le Darp n’a jamais répondu favorablement à la demande de Mgr Barrigah. Il ne veut pas s’expliquer sur le problème parce qu’il sait que le rapport qu’il a présenté à la presse était faux et que des millions ont disparu sans raison », s’indigne la source.

Comme pour les médicaments, des millions de FCFA sont régulièrement offerts à l’Administration pénitentiaire afin de venir en aide aux détenus. « Lors de la récente semaine du détenu, une bonne volonté a fait don de trois millions (3 000 000) FCFA. Une société étatique a aussi accordé une somme de deux millions (2 000 000), mais nul ne saurait dire ce que deviennent ces fonds.

Ce sont des exemples parmi tant d’autres, et c’est de cette manière que le réseau qui vole les fonds des prisons s’enrichit sur le dos des détenus. Ils sont tous en train de construire de belles villas alors que leur salaire ne le permet pas. Le DG de l’Administration pénitentiaire a réussi à construire une maison, et nous savons comment », révèle la source. Cette mauvaise gestion agit inévitablement sur le quotidien des prisonniers à qui l‘on sert une sauce de mauvaise qualité surnommée « miroir », à cause de son aspect transparent.

Même les petits projets qui peuvent être réalisés par l’Administration pénitentiaire sont soumis à des fonds extérieurs. Aussi, certains artistes ayant compris la magouille qui entoure la gestion des fonds collectés ont-ils tout simplement refusé de participer à l’édition 2015 du concert de solidarité au profit des détenus. Pour avoir une autre version, nous avons tenté de joindre M. Akibou Idrissou, en vain. Il n’a jamais décroché.

G.A