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Le Colonel Moïse Kémence fait fermer le moulin de son voisin

Togo - Societe
Une injustice vient d’avoir lieu au quartier Avénou à Adidogomé. Le Colonel Moïse Kémence, bien connu de ses voisins pour les nuisances sonores, vient de faire interdire l’implantation d’un moulin sous prétexte que « le bruit dérangerait son épouse ». Pourtant, le moulin est situé dans la rue derrière celle de son domicile. Une interdiction qui rappelle les nombreux abus dont se rendent coupables certaines personnes proches du pouvoir.
« Depuis 1967 et bien avant encore, c’est la même dictature. Ils agissent comme s’ils avaient droit de vie et de mort sur les populations. De leurs comportements, on peut facilement déduire qu’ils veulent imposer leur volonté et leurs opinions aux autres ». Telle est la description faite d’un colonel par un de ses voisins, choqué par ses dérives autoritaires. Nous sommes au quartier Avénou où depuis quelques jours, le Colonel Moïse Kémence impose sa volonté sans se soucier des répercussions sur le quotidien de son voisinage.

Les faits

Il y a quelques semaines, l’un des voisins du Colonel Moïse Kémence a été contacté par une famille qui était à la recherche d’un local afin d’y implanter un moulin. Les négociations ont abouti et le meunier est venu installer ses machines dans la rue située derrière celle du Colonel.

Dans la journée du dimanche 20 septembre 2015, le moulin a été mis en marche pour la première fois. « Ce sont des voisins qui sont venus voir le propriétaire pour implanter un moulin. Ils ont commencé à moudre du maïs le dimanche 20 septembre. Ce jour-là, le meunier a travaillé jusqu’à 12 heures avant d’aller à la pause. C’est ce qui se fait souvent. A midi, les moulins cessent de tourner pour permettre aux riverains de se reposer, avant de reprendre après 14 heures. Mais déjà à la pause, certains gendarmes sont arrivés avec des menottes et affirmaient qu’ils allaient arrêter le meunier. Comme il n’était pas là, ils sont partis pour revenir le lendemain avec une convocation », raconte une source.

Le meunier s’est alors rendu au commissariat de Sagbado, et sans aucun détour, les officiers lui ont fait comprendre qu’il lui était impossible de continuer à faire tourner le moulin derrière le domicile du Colonel Moïse Kémence. « Nous avons reçu beaucoup de coups de fil de certaines personnalités. Ce que nous pouvons vous dire, c’est de quitter cet emplacement. Enlevez votre moulin et allez le mettre ailleurs », lui ont-ils conseillé avec insistance, plutôt ordonné. « Ils étaient vraiment catégoriques », martèle notre source.

Depuis ce jour, ce qui aurait pu être le début d’une entreprise prospère, ou du moins une activité génératrice de revenus pour une famille a été étouffé par la volonté d’un seul homme. Le meunier ayant compris que le risque de vouloir défier le Colonel était grand et la menace réelle, s’est lancé à la quête d’un autre local pouvant abriter son moulin. « Il n’a rien fait de mal. Sa faute, c’est d’avoir voulu faire tourner son moulin à cet endroit. Le Colonel aurait affirmé que le bruit du moulin dérangerait sa femme. C’est toute l’affaire », nous fait comprendre notre interlocuteur. Une interdiction d’exercer librement une activité lucrative qui a de quoi choquer, au vu des difficultés financières que rencontrent les populations togolaises.

L’interdiction étant prononcée, le meunier a entrepris des travaux pour enlever ses machines. « Avec ce qu’il fait aujourd’hui en interdisant le moulin, je me demande si ce n’est pas lui qui a interdit à cet autre voisin de poursuivre ses activités, il y a bientôt un (1) an. C’est dans la même rue située derrière celle du Colonel que se trouvait un autre moulin dont le propriétaire est un agent admis à la retraite. Il a acquis ce moulin pour garantir sa survie, mais soudainement, il a arrêté de le faire tourner. C’est peut-être Kémence qui le lui a interdit», rappelle notre source. Cette information n’a pu être confirmée, car les voisins du Colonel sont très réticents quand il s’agit d’évoquer les dérapages de l’homme. La peur des représailles en est la principale cause.

Le colonel Kémence, responsable lui-même de nuisances sonores

A en croire le voisinage, le bruit du moulin dont il a interdit le fonctionnement ne saurait égaler les nuisances sonores qui sont reprochées au Colonel. Et à l’unanimité, tous reconnaissent que les jours de fêtes se succèdent régulièrement à son domicile. « Il fait souvent la fête. Et quand je dis souvent, c’est de façon régulière. C’est presque toutes les deux semaines. Mais ce qu’il faut remarquer, c’est que les fêtes sont étalées sur tout le week-end, de vendredi à dimanche avec une sonorisation bien au point », explique une jeune dame. « Quand il y a la fête, il vaut mieux aller dormir dans un autre quartier, sinon vous passez des nuits blanches. Chez lui, la fête c’est de 20 heures à l’aube », se plaint-elle.

Malgré les nuisances sonores que dénonce son voisinage, le Colonel Moïse Kémence fait interdire un moulin pour les mêmes motifs. « S’il interdit le moulin, c’est parce qu’il croit avoir le droit de nous faire passer des nuits blanches sans être inquiété », conclut la dame.

L’autre aspect qu’il convient d’aborder dans ce dossier est l’impact financier de cette interdiction puisque les investissements du meunier pour aménager le local sont à l’eau. Le mandat social tant chanté par Faure Gnassingbé conseille-t-il que l’on interdise, et ceci en violation de la loi, les activités génératrices de revenus ? Cette question a tout son sens pour ceux qui connaissent l’appartenance politique du Colonel. Rien que l’apparence de son domicile peint d’affiches du chef de l’Etat en dit long.

G.A.