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Boko Haram : rapport accablant d'Amnesty International sur l'armée camerounaise

Cameroun - Politique
Les forces de sécurité camerounaises ont commis de graves violations dans leur réponse aux atrocités de Boko Haram, en tuant des civils ou en utilisant la force de façon excessive, juge un rapport d'Amnesty International publié mercredi à Yaoundé.

"Boko Haram a massacré près de 400 civils dans le nord du Cameroun. Les forces de sécurité, par une réaction brutale et des conditions de détention inhumaines, ont provoqué des dizaines d'autres morts", mentionne le rapport.
Depuis mi-2014, les combattants de le secte islamiste nigériane ont attaqué des dizaines de villes et villages dans la région de l'Extrême-Nord du Cameroun, tuant et enlevant des civils, brûlant des centaines de maisons et pillant du bétail et d'autres biens, rappelle Amnesty International.
Pour combattre le groupe terroriste, les forces de sécurité ont mené des opérations et "attaqué des villages, détruisant des maisons, tuant des civils".
Le rapport dresse une liste de violations comprenant les arrestations arbitraires, les disparitions forcées, les morts en détention et les traitements humains.
Pour Alioune Tine, directeur régional pour l'Afrique centrale et de l'Ouest d'Amnesty International, "il faut que les ripostes soient appropriées, que l'usage de la force se fasse avec beaucoup de discernement".
Pour son enquête, l'Ong affirme avoir interrogé environ 180 ersonnes, un échantillon englobant des victimes, des témoins, des défenseurs des droits de l'homme, des acteurs de la société civile, y compris des autorités elles-mêmes.
Les accusations d'Amnesty International soulèvent des réactions de la part du gouvernement et des experts au Cameroun.
Comme l'a relevé un journaliste camerounais, le rapport donne l'impression de mettre le groupe terroriste et l'Etat camerounais sur le même pied d'égalité. La mise en perspective des événements rapportés se dévoile un caractère plutôt accablant pour les "crimes" attribués aux forces de sécurité de ce pays que pour ceux commis par la secte islamiste.
A Yaoundé, le pouvoir déclare avoir pris acte de la publication du rapport et annonce une déclaration officielle pour faire part à l'opinion publique de sa position.
"Le ministre de la Communication est instruit par le Premier ministre, chef du gouvernement d'apporter un éclairage à la population et l'opinion internationale et exprimer le point de vue du gouvernement à la suite de la publication de ce rapport", a indiqué à Xinhua le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary.
Expert des questions de défense et de sécurité, le politologue Joseph Vincent Ntuda Ebodé, enseignant à l'Université de Yaoundé II, explique d'emblée que "la posture d'une armée quand elle a en face d'elle des unités armées, est d'affronter militairement les forces d'en face, en respectant le droit des conflits armés et le droit de la guerre".
Pour le cas actuel du Cameroun, l'intervention militaire pour lutter contre Boko Haram a suscité une grande mobilisation générale, qui a mis à mal bien des "agendas cachés" des acteurs, nationaux et
étrangers, soupçonnés de soutenir le groupe terroriste, note l'universitaire.
De telles opérations, précise-t-il, sont l'objet d'un "antimilitarisme idéologique", d'où "le discrédit de l'instrument qu'est l'armée". Par conséquent, on peut donc comprendre pourquoi dès lors qu'il y a un conflit, alors que les combattants appartiennent à divers camps, un certain nombre de rapports sont adressés sur les agissements d'un seul camp".
"Dans certains cas, ceux-là qui peuvent financer des mouvements terroristes peuvent aussi être ceux qui financent les mouvements des droits de l'homme, parce qu'ils ont des agendas cachés", conclut l'universitaire. Fin