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Litige foncier à Sotouboua : Populations de Fazao et Peulhs résistent à une confiscation de 152 hectares

Togo - Societe
A Sotouboua, sous la menace d’une descente militaire, les autochtones de Fazao affûtent leurs « armes ». Ils disent être déterminés à défendre 152 hectares de terre rurale menacée de confiscation par un militaire, qui, de son côté, compte sur ses appuis et ses « moyens ».
Le litige porte sur un domaine actuellement habité et exploité par des peuhls dans une localité du nom de Sozozi. Ces derniers installés depuis plusieurs décennies affirment avoir été accueillis sur ces terres par les autochtones du canton de Fazao. Depuis trois ans, certains individus cherchent à les chasser de ces terres pour les récupérer. L’affaire qui a déjà été tranchée une première fois par le tribunal de la même ville a donné raison aux occupants actuels des lieux dont le malheur est le changement de magistrat intervenu entre-temps. Conséquence, devant le même tribunal, désormais dirigé par un autre magistrat qu’on soupçonne sous influence des « accapareurs », le même sujet a été tranché une seconde fois, au détriment des occupants.

Face aux occupants, appuyés par les autochtones, il y a, devant, un militaire du nom de Patalay ; et derrière…le préfet Takouda Blèza Banawayi, dit-on. Ce préfet, le même que les autochtones ont accusé dans un document transmis à la Commission Justice, Vérité et Réconciliation (CVJR) d’avoir fait mains basses sur un domaine de 500 hectares, est de nouveau soupçonné d’être à la manœuvre pour déposséder les populations des 152 hectares.

Promu préfet depuis 2001, alors qu’il n’était qu’un enseignant de langue Kabyè dans la localité, M Takouda a dû prendre goût à l’activité agricole. Il n’est certes pas le seul à posséder d’importants intérêts dans la préfecture. On savait qu’il protégeait de nombreux hauts-gradés et même certains de ses collègues préfets aussi dans sa localité. Visiblement, il n’en a pas eu assez pour lui et ses proches. Et il a décidé de jeter son dévolu sur ce qui reste de patrimoine foncier aux premiers occupants de la préfecture. Mais face à lui, la résistance s’organise.

Convoquées le 15 mai dernier devant le tribunal qui dit et se dédit en fonction des intérêts, les populations de Sozozi se sont abstenues de comparaître, ayant compris qu’en lieu et place d’une justice qui devrait voler au secours des faibles, le tribunal est devenu un outil entre les mains d’une impitoyable mafia gloutonne qui ne compte que sur la force brute.

Le mardi 08 septembre dernier, le prétendu héritier du propriétaire des lieux, le militaire du nom de Pataley, s’est rendu sur le domaine avec des géomètres et une horde de militaires. En face, la résistance a été ferme. Ils ont dû rebrousser chemin, promettant de revenir avec des militaires pour charger les habitants, s’ils ne se laissent pas faire.

Le côté délicat de ce conflit est qu’il semble revêtir un caractère tribal qui risque de ressusciter de vieilles rancœurs latentes entre des communautés, qui ont jusqu’ici tant bien que mal réussi à co-habiter malgré tout. Vivement que cette affaire puisse trouver un dénouement satisfaisant pour les vrais propriétaires pour que la gloutonnerie d’un groupe de parvenus ne vienne à embraser cette région du pays.

Mensah K. (L’ALTERNATIVE)