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Akpéma ou l’initiation de la jeune fille kabyè

Togo - Culture
Un peuple sans culture est un peuple sans âme, dit-on. Chaque peuple avec sa culture et sa tradition. La tradition est ce que l’on hérite par transmission de génération en génération. Le garder et le perpétuer montre le degré de dynamisme de ce peuple, et donc permet aux générations de connaître leur histoire.
Le peuple kabyè, dans ses origines, a réservé une place très importante à la jeune fille qu’il initie à travers certains rites afin de l’intégrer dans la classe des adultes. Le mot signifierait une fille nubile ; c’est-à-dire en âge de se marier ou de procréer. Cette initiation a un objectif double : amener la jeune fille à rester vierge jusqu’au jour de son mariage et la présenter à ses consœurs ; c’est-à-dire aux filles de son âge.

L’initiation se fait juste après les Evala, fin juillet début août. Deux classes d’âge peuvent être distinguées : de 17 à 18ans, et de 18 à 22ans pour celles qui sont en retard, et de passage une fille qui a déjà un enfant. Une femme (celle qui a déjà un enfant) peut être initiée.

Le parent qui voit que sa fille est en âge de suivre l’initiation doit aller voir l’oncle qui donne 5 F CFA pour acheter hounou (lame traditionnelle). Cette lame (hounou) servira à raser la tête de la jeune fille sur le point d’être initiée. Après cela, la famille fait tindiné (galettes faites à base de la poudre du haricot) ou des boulles de riz qu’on partage à tout le village et, à cette étape, elle prend des kegbessi (jeunes filles non-initiées) dont l’une est la major et une kpangbamou (marraine) qui est une femme au foyer.

Après vient la cérémonie nommée Azolé, au cours de laquelle on teste la fille (question-réponse) pour voir si elle est vierge et là, elle doit s’ouvrir à ses parents et leur dire la vérité. Assise sur kpéré (tabouret d’initiation), on tue en la circonstance un mouton, la marraine la scarifie et elle est mise en case (ne porte plus d’habit), d’où elle ne sort que la nuit, pendant au moment de la veillée où les jeunes kegbessi chantent pour agrémenter la fête.

Quelques jours après Azolé, toutes les filles initiées vont à la montagne. Chacune, à tour de rôle, vient s’assoir sur le tabouret d’initiation où la marraine lui rase la tête, lui fait porter les perles initiatiques (kpatarè) au rein, avec à ses genoux la peau de la bête tuée. La marraine lui met ensuite tolim (poudre rouge) sur la tête, les kpandama (perles sur le buste), les kpotos aux poignets, lugbono (collier traditionnel) au cou et enfin roca (tige sacrée de couleur blanche) qu’elle tient pour montrer sa pureté et la sacralité des rites qu’elle subit.

Ce qui montre aussi qu’elle est prête à se marier. Après le rituel, la jeune fille enlève tout ceci, sauf ligbeyo (bracelet traditionnel) qui reste à son poignet, signe qu’elle est initiée. Et donc personne ne doit l’inviter à manger hors de la maison.

Les filles marchent en ligne, la tête baissée accompagnée des chants rituels. Jadis, ces jeunes filles sont nues lorsqu’elles se retrouvent sur la montagne. Mais de nos jours, elles portent des slips pour plus de probité. Durant ce parcours difficile, la jeune fille major transporte de l’eau dans un pot qu’on présente à Akpénou (la jeune fille qui subit le rite Akpema qui est en fait le pluriel de « Akpenou ») qui ne la boit pas et ceci jusqu’au lieu sacrée (kamay).

A ce lieu, une première fille vierge s’assied, ensuite les autres. Et c’est la fin de la pérégrination à la montagne. C’est donc la fin du rite Akpema. Juste après, toute fille qui a un ami va dans la maison de son futur mari. Elle peut revenir pour la danse Tchimou, si éventuellement ses parents sont nantis et ainsi elle peut se marier.

Magnim (Stagiaire)