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Interview de Nicodème Habia : « Nous, nous disons que le salaire minimum doit être au moins à 100.000 francs pour les Togolais»

Togo - Politique
Le 23 juillet dernier au Togo a sonné le coup des 23 ans de disparition de Tavio Ayao Amorin, l’un de ceux qui se sont mis au-devant de la lutte pour la démocratie au Togo. Emporté par le vent de la démocratie, l’homme n’est pourtant pas oublié par ceux qui continuent aujourd’hui cette lutte. Au nombre de ces personnes, on peut citer l’ancien député de l’Union des forces de changement (UFC), Nicodème Habia.


Voici l’intégralité une interview qu'il a accordée à l'Agence de Presse Afreepress en rappel de cette disparition.

Afreepress : Bonjour Honorable Nicodème Habia. 23 juillet 1992-23 juillet 2015, ça fait exactement 23 ans que Tavio Amorin a péri des suites d’une attaque, quels souvenirs avez-vous aujourd’hui?

Nicodème Habia : Tout d’abord, je remercie l’Agence Afreepress pour tout ce que vous faites pour l’épanouissement de l’Etat de droit et de la démocratie dans notre pays. Justement ça fait 23 ans, que notre grand-frère, amis, camarade de lutte Tavio Ayao Amorin fut assassiné à Lomé. C’est un souvenir vraiment amer pour nous surtout à l’époque nous étions très jeunes. Pour ceux qui les suivaient comme moi, on avait appris beaucoup des gens comme Tavio Amorin, Logo Dossouvi, Doglo Agbéléko, etc.

Permettez-moi de rappeler qu’aujourd’hui, Tavio a laissé derrière lui, un garçon, un fils unique à qui nous souhaitons bonne chance et nous sommes sûrs qu’il va aussi emprunter le pas de son papa, pas coûte que coûte pour faire la politique, mais de se battre pour la liberté des êtres humains, de se battre pour un Etat de droit, c’est ça qui est important pour nous.

On a comme l’impression que M.Tavio Amorin qui a voulu faire quelque chose de bien au Togo, a été vite oublié par le peuple, moins d’une génération après sa mort.

Nicodème Habia : Oui, je crois que ça dépend du panorama politique de notre pays, il y a trop de problèmes dans le pays, et vous savez que le grand nombre de camarades de lutte de Tavio sont à l’extérieur, qu’ils ne sont pas revenus au pays et vous savez qu’il y a des jeunes aujourd’hui qui ne connaissent pas Tavio, qu’il ne connaissent pas le parcours politique de Tavio.

C’est une joie pour moi qui connais Tavio de parler de cet homme, de parler de ce combattant infatigable, de parler de ce que Tavio Amorin a fait pour ce pays et que nous devons dire à la population togolaise, à la jeunesse togolaise. Le Mouvement du 5 octobre (MO5) ensemble avec Eloi Koussao, nous n’avons pas oublié tout ce que Tavio a fait. Donc je crois qu’effectivement, le 23 juillet c’était la date de l’assassinant de Tavio mais beaucoup n’ont pas parlé de cette date, vous savez qu’au Togo, nous sommes dans une période très difficile après les élections présidentielles de cette année, donc que ça ne va pas au pays et c’est pour ça que Tavio est oublié. Mais nous n’allons jamais l’oublié et nous avons beaucoup de camarades qui ont perdu leur vie à cause de cette lutte. Il y a Amouzou Doglo, Folly Kangni Bertin etc.

Qui était exactement Tavio Amorin?

Nicodème Habia : J’ai connu Tavio quand il est revenu de d’exil, avant et après la conférence nationale. C’est un homme de courage. Tavio a travaillé avec un de mes aînés qu’on appelle Edo Agbagli, qui est toujours en vie. Tavio était le président du parti socialiste. Si nous les jeunes d’aujourd’hui, nous pouvons suivre les pas de Tavio, ce serait très bien. C’est quelqu’un qui a fait aussi des études brillantes, il était ingénieur en informatique. Il était en Côte d’Ivoire, il travaillait dans ce pays où il pourrait rester avec tout ce qui gagnait. Mais il a dit non, je dois me battre pour mon pays, je dois me battre, je dois mettre la main à la patte. Nous avions tous vu le rôle que Tavio a joué à la conférence nationale. Donc Tavio n’est pas quelqu’un qu’on peut facilement oublier.

Alors 23 ans après cette perte, la démocratie togolaise a-t-elle évolué?

Nicodème Habia : Nous ne pouvons pas pour le moment parler de la démocratie au Togo. Le Togo n’est pas encore en démocratie, et nous nous battons pour la démocratie. On n’a pas encore un Etat de droit, nous nous battons pour un Etat de droit.

Et si vous avez un mot de fin, vous direz quoi?

Nicodème Habia : Je peux dire que nous avons le port, nous avons du clincker, de l’or, du ciment, du fer, du marbre, nous avons tant de choses, mais aujourd’hui, on vous dira que nous avons quelqu’un au Togo qui travaille et qui gagne 30.000 francs ou 20.0000 francs mensuellement. Nous, nous disons que le salaire minimum doit être au moins à 100.000 francs pour les Togolais. Pour y arriver, c’est un combat que nous allons mener, le Togo nous appartient tous, nous devons mener ce combat, nous ne devons pas baisser les bras.

Propos recueillis par Telli K