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Foyers de contamination de la grippe aviaire en Afrique de l’Ouest : « C’est l’une des pires crises depuis 10 ans »

Togo - Sante
L’épidémie de grippe aviaire en Afrique de l’Ouest inquiète l’organisation de l’Onu pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Après le Nigeria et le Burkina Faso, trois nouveaux pays ont été touchés par le virus H5N1, hautement virulent, au cours des trois derniers mois. Cartographie des foyers de contamination.
Faut-il avoir peur du retour de la grippe aviaire en Afrique de l’Ouest ?

Les experts avaient vu juste : le virus H5N1 a traversé les frontières gonflant ainsi le nombre de foyers de crise de la grippe aviaire en Afrique de l’Ouest. « La situation est très inquiétante et c’était prévisible», soulève d’entrée de jeu Modou Moustafa Lo, virologiste à l’Institut sénégalais de la recherche agricole. Aujourd’hui, en plus du Nigeria et du Burkina Faso, le Niger, la Côte d’Ivoire et le Ghana sont infectés.

Pour l’instant, aucun décès humain lié à la grippe aviaire n’a été rapporté aux autorités en 2015. Cependant, cette épidémie ouest-africaine qui bouleverse le marché du «poulet bicyclette » risque de porter un dur coup à l’économie. Lundi, la FAO a demandé 20 millions de dollars pour l’aider à combattre les foyers du virus.

Nigeria, le pays le plus touché

Le Nigeria jongle avec une série d’éclosions de cas de grippe aviaire sur son territoire depuis décembre dernier. À la mi-mars, la moité du pays était touchée par le virus. Depuis, la situation s’est stabilisée, selon la FAO. La grippe aviaire est toujours présente dans plus de 70 localités et en plus, trois nouveaux foyers ont été officiellement rapportés aux autorités à la mi-juillet. « C’est un pays en conflit, il est donc plus difficile de gérer les contrôles sanitaires », explique le virologiste. En moins de sept mois, 1 470 000 oiseaux ont dû être abattus.

Depuis début avril, toute l’Afrique de l’Ouest est sur en état d’alerte après que le Burkina Faso avait déclaré un début d’épidémie. Au total, 94 éclosions ont été rapportées dans six provinces sur 45. Certains pays, comme la Côte d’Ivoire et le Mali, avaient alors choisi de fermer leurs frontières à l’importation de la volaille burkinabè, ce qui n’a pas empêché le virus de voyager. Trois semaines plus tard, une éclosion a été rapportée au Niger, une autre en Côte d’Ivoire et ensuite, plus d’une dizaine au Ghana, principalement dans la région d’Accra.

Problèmes de surveillance pour éviter la contagion

L’épidémie s’étend de plus en plus en Afrique de l’Ouest, confirme la FAO. « C’est l’une des pires crises depuis 10 ans », martèle Eran Raizman, chef du système de prévention des crises de l’organisation, en faisant référence à la première crise de grippe aviaire en 2006.

De nombreuses lacunes ont été relevées dans les systèmes de surveillance sanitaire des différents pays et conséquemment, « il devient plus difficile d’éviter la contagion », explique-t-il.

De plus, il n’existe que très peu de politiques de compensation pour les producteurs de poulets touchés par le virus de la grippe aviaire. Conséquence ? Lorsqu’ils constatent des cas anormaux de mortalité de la volaille, ils évitent d’alerter les autorités de peur qu’on ne vienne détruire leur production.

Des mesures ont été prises par la FAO au Bénin, au Togo, au Cameroun, au Mali et au Sénégal pour éviter la contagion. « La mesure la plus efficace est la prévention précoce », rappelle Eran Raizman . Cependant, « pour mettre un système de surveillance efficace en place, encore faut-il que les autorités des pays fassent preuve de plus de transparence », martèle le virologiste Modou Moustafa Lo.

Depuis six mois, des centaines de milliers de volailles ont été abattues en Afrique de l’Ouest. Bien que difficiles à chiffrer pour l’instant, les pertes économiques sont évaluées à plusieurs centaines de millions de dollars.

Sabrina Myre, Jeune Afrique