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Construction du barrage d’Adzarala:Une addition plus salée : 282 millions de dollars en 2009, 550 millions de dollars en 2015 comme coût de construction

Togo - Economie et Finances
Le protocole d’entente sera-t-il porté à l’attention des populations ?
Augmenter la production du courant électrique via la construction d’un nouveau barrage a longtemps été le rêve du Bénin et du Togo. Selon l’agence chinoise de presse Xinshua, un mémorandum d’entente a été signé avec la société Sinohydro Africa pour mettre en chantier la construction du barrage d’Adzarala. Mais plus que le recul de l’obscurité que provoquera cette infrastructure, c’est le coût de réalisation qui fait froid dans le dos. Surtout lorsqu’on sait qu’il y a un peu plus de six ans, le montant avancé était moins cher de moitié par rapport au coût actuel.
L’information a été rendue publique samedi dernier. « Le groupe chinois Sinohydro Africa a signé avec le gouvernement du Bénin un mémorandum d’entente pour la construction du barrage hydroélectrique d’Adjarala sur le fleuve Mono, un projet commun entre le Bénin et le Togo, a-t-on appris vendredi auprès du secrétariat général de la présidence béninoise. D’un montant global estimé à environ 550 millions de dollars, qui sera financé par Exim Bank de Chine, la construction de ce barrage hydroélectrique d’une puissance de 150 mégawatts permettra aux populations béninoises et togolaises de réduire leur dépendance énergétique. Outre la construction de cette infrastructure commune aux deux pays, le groupe chinois Sinohydro Africa réalisera également un autre barrage hydroélectrique dénommé « Dogo bis », dans la ville de Kétou, à environ 150 km au sud-est de Cotonou… », a écrit l’agence chinoise Xinshua le 20 juin.

550 millions de dollars, c’est au moins 275 milliards de FCFA au cas où le dollar équivaudrait à 500 FCFA. Mais des informations montrent que la société chinoise aurait revu drastiquement à la hausse l’évaluation du coût de construction. Puisque dans un article publié le 31 mars 2009 par le Réseau international d’accès aux énergies durables (Riaed) qui a cité le site gouvernemental republicoftogo.com, c’étaient 282 millions de dollars qui devraient être consacrés à ce même projet. « La société chinoise Sinohydro et la Communauté électrique du Bénin (CEB) ont signé le 12 mars 2009 à Lomé un contrat portant sur la construction de la centrale hydraulique d’Adzarala. Cette centrale sera située sur le fleuve Mono (à la frontière entre le Togo et le Bénin). L’accord a été paraphé par le ministre togolais des Mines, de l’Énergie et de l’Eau, Noupokou Damipi, et par son homologue du Bénin. La centrale aura une capacité de 147MW et sera construite dans un délai maximum de 45 mois pour un coût total de 282 millions de dollars, indique un communiqué de Sinohydro qui assure avoir travaillé sur ce projet « avec détermination depuis 2001 ». La centrale est destinée à alimenter en électricité les deux pays qui font face depuis plusieurs années à des pénuries entraînant des délestages fréquents. La CEB a été créée en 1968 ; elle regroupe le Togo et le Bénin ».

Mais le journal électronique africaintelligence.fr renseigne qu’à un moment donné de l’histoire de ce barrage, le Togo avait baissé les bras dans l’aboutissement de ce projet. « Faute de financement, le Togo a abandonné son vieux projet de construire un barrage à Adzalara, sur la rivière Mono, […] », a indiqué le journal dans sa parution N° 549 du 17 janvier 2007. Que s’est-il passé depuis pour qu’aujourd’hui le pays y soit de nouveau associé ?

Entre 550 millions de dollars et 282 millions de dollars, il existe un gap de 268 millions de dollars, soit 134 milliards de FCFA. S’il est vrai que le mémorandum d’entente a été signé entre Sinohydro Africa et le gouvernement du Bénin, il est tout autant vrai que le Togo aura à supporter aussi une grande partie des coûts de construction, bien que le projet soit préfinancé par Exim Bank of China. Et à ce titre, les autorités se doivent d’expliquer la raison de ce gap financier d’une part, et ce qui a poussé la banque concurrente à se désister. « …Un moment sollicitée, la banque publique allemande KfW n’a pas souhaité assurer le financement », rapporte le site du gouvernement du Togo. La construction du barrage d’Adzarala serait-elle un projet pour lequel « le jeu ne vaudrait pas la chandelle ? ». Dans l’affirmative, de quelles garanties la banque chinoise dispose-t-elle pour se lancer dans les courants du fleuve Mono sur lequel le projet doit être construit ? Ces interrogations valent autant pour le gouvernement béninois que togolais, et de l’obligation de communiquer sur les contours du projet dépendra son appropriation par les futurs utilisateurs au nom desquels les autorités des deux pays ont choisi d’accepter que le coût de construction soit revu de presque 50% à la hausse !

A l’heure de la transparence dans la gestion des ressources publiques des Etats, il devient de plus en plus incontournable que les populations au nom desquelles des projets sont réalisés, soient mises au parfum des contours et clauses des contrats et autres memoranda qui lient des sociétés investisseuses et les gouvernements, surtout que l’Afrique reste une valeur sûre en matière d’investissements.

Abbé Faria