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BAC 2015 : Les coulisses de la correction

Togo - Societe
42% de réussite l’année dernière, 49% cette année. Un progrès selon les acteurs du monde éducatif togolais, même si ce n’est pas ce qu’on aurait voulu comme résultats. Toutefois, il ne nous a pas fallu longtemps pour découvrir les dessous des corrections

Les « chefs-d’œuvre » produits par la plupart des candidats au Baccalauréat 2e partie cette année ont retourné l’estomac des correcteurs qui, sous pression, ont desserré le bout de leurs bics rouges.

D’ailleurs, l’on voyait venir une débâcle au BAC II 2015. Puisque la plupart des candidats, au sortir de cet examen, n’attendaient qu’un miracle pour espérer réussir. Faure Gnassingbé aussi la voyait venir. C’est pourquoi lors de la campagne présidentielle, le chef de l’Etat avait promis aux élèves qu’ils ne seront pas interrogés sur les chapitres qu’ils n’ont pas faits.

L’on avait cru que les candidats au BAC II cette année auraient leur sésame sans trop de difficultés. Mais face aux épreuves le jour de l’examen, les élèves ont déchantés. Où était passée cette « magnanimité » qui leur promettait le BAC II 2015 sur un plateau d’or.

« Nous sommes passés à côté des épreuves. On nous a demandé des épreuves dont les chapitres n’ont pas été faits en classe », avaient confié des candidats au dernier jour de cet examen qui ouvre la porte des universités. Certains fondaient tout simplement en larmes, se disant avoir perdu l’année.

Mais il faut éviter le chaos. D’où vient la consigne donnée aux correcteurs de lever un peu la main pour favoriser les candidats.

Ces « largesses » (des « instructions personnelles » qu'ont transmis les inspecteurs) ont permis de sauver la situation. Les résultats de ces « instructions personnelles » ont même dépassé ceux de l’année dernière. Spectaculaires !

Voilà une situation qui n’a pas laissé indifférent certains correcteurs restés dépités et qui ont voulu se confier. A les en croire, le BAC II 2015 est un « BAC miracle ». « Si les inspecteurs ne nous avaient pas harcelés, nous répétant à tout bout de champ d’être larges, très larges, croyez-moi on n’aurait même pas eu 10% cette année », confie un correcteur qui a préféré l’anonymat.

Ils avaient visiblement les mains liés lors de ces corrections. « On avait l’impression d’être dans une prison. Nous ne nous retrouvions pas devant les copies de nos élèves qui ont raconté du n’importe quoi sur les feuilles. Mais nous avons une sorte de gendarme derrière nous qui nous demande de distribuer les points seulement. Notre seule envie, c’est d’en finir avec ces corrections et quitter les lieux », ajoute un autre.

Et un troisième de renchérir : « Même si toi tu voudrais bien corriger normalement, tu auras peur qu’à la vérification, ton collègue te désavoue en voulant, lui, suivre les instructions fermes des inspecteurs ».

Des témoignages qui font froid dans le dos, surtout quand on se pose la question sur les niveaux de ces élèves, et ce qu’ils pourront faire avec ce diplôme. Les correcteurs disent avoir reçu des ordres de ne pas descendre en bas d’un seuil dans la « distribution des notes ».

Cette année par exemple, lors des épreuves orales, il est formellement interdit de donner une note en deçà de 12 aux candidats admissibles. Même si un candidat ne dit ou ne fait rien lors de l’interrogation à l’oral, une note de 12 lui est garantie sur « instructions personnelles ».

Certes, sans ces « aides », des candidats, naturellement, passeront le cap. Malheureusement, ils partageront la triste renommée du BAC II 2015 avec ceux qui ont bénéficié des instructions personnelles.

Apparemment, ce sont les enseignants du supérieur qu’il faut plaindre, puisqu’ils auront fort à faire avec ces nouveaux étudiants qui viennent d’avoir ce BAC-client.

Il faut le dire, le BAC II de cette année a été plus politique que scientifique à cause des grèves répétées et des soubresauts qu’a connu l’année académique. Quel regard porterait-on désormais sur les diplômes togolais, entre-temps, estimé dans la sous-région ? Quel avenir pour l’éducation en général au Togo ?

I.K.