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Nicodème Habia dénonce l’accaparement inapproprié des terres par les dignitaires du régime dans l’Avé et de la redynamisation de l’opposition togolaise

Togo - Politique
Il a été perdu de vue à quelques jours de la présidentielle du 25 avril dernier, lui qui, ensemble avec les organisations de défense des droits de l’homme, a appelé les Togolais à ne pas s’embarquer dans le processus électoral qui a lieu sans les réformes constitutionnelles et institutionnelles. Lui c’est l’ancien député UFC, Nicodème Yao Habia. Quelques mois après ce scrutin, l’homme refait surface, alors que les conséquences de ce scrutin semblent avoir plongé l’opposition dans un sommeil profond. Et pourquoi faire ? Il appelle à un réveil et à une redynamisation des troupes pour faire face à l’avenir et au pouvoir en place. Il reste optimiste quand à l’effectivité des réformes aussi bien politiques, sociales qu’économiques. De même, il soulève dans cette interview qu’il a accordée à notre rédaction le problème de terrain dans la préfecture de l’Avé avec des dignitaires du régime en place et qui a envoyé plusieurs jeunes et mêmes des vieux en prison… Lecture !
Quelle appréciation faites-vous du déroulement du dernier scrutin ?

C’est une mascarade électorale, c’est la raison pour laquelle nous les défenseurs des droits de l’homme nous avons dit non à ces élections d’avance parce que nous on savait ce que ça va donner au peuple togolais. De quelle élection et de quel résultat parle-t-on ? Qui a gagné quelle élection ? Après ces élections, voilà le gouvernement qu’on nous a sorti. Un gouvernement purement RPT. Donc, permettez-moi de vous dire que le peuple togolais ne se voit pas dans ce gouvernement, ce qui veut dire que Faure Gnassingbé n’a pas gagné ces élections. Il faut que les choses soient claires pour qu’on connaisse évidemment qui a gagné cette élection, ou encore une élection dans ce pays. Le problème que nous avons aujourd’hui c’est la transparence des élections. Permettez-moi de vous le dire aujourd’hui, le RPT n’a jamais gagné une élection dans ce pays mais en tant que Togolais, fils de ce pays, je veux une alternance pacifique pour notre pays. C’est pourquoi je suis d’accord avec certains qui disent qu’il faut une transition, d’autres qui disent qu’il faut des réformes avant les élections. On a besoin de plusieurs sortes de réformes comme l’a dit ce matin Nicolas Lawson, sur Victoire Fm, réformes morales, réformes administratives, constitutionnelles, institutionnelles, économiques… sociales. Si vous allez aujourd’hui à la prison civile de Lomé, il y a plusieurs pauvres types là-bas de ma préfecture, la préfecture de l’Avé qui sont en prison à cause du problème de terrain dans notre localité. Donc une fois encore, je ne me retrouve pas dans cette élection et Faure Gnassingbé n’a pas remporté ces élections. Parce que même si l’opposition togolaise présente un enfant avec Faure Gnassingbé, cet enfant va remporter cette élection, il suffit que les choses soient claires.

Mais c’est lui qui a été proclamé vainqueur de cette élection. Certains au niveau de l’opposition vous accusent vous et les autres membres du Front Tchoboé d’avoir saboté ou carrément plombé la lutte pour l’alternance en appelant les électeurs à ne pas aller voter…

Je n’ai pas compris ces gens parce que nous, on a tout prédit. On a dit qu’il faut les réformes avant les élections. Et nos amis qui étaient à ces élections, ils étaient avec nous. C’est eux même qui avaient commencé à réclamer les réformes avant les élections, et on s’est joint à eux pour réclamer ces réformes là. Et l’histoire nous a donné raison aujourd’hui parce que nous avons dit pas de réformes, pas d’élection. Parce que, est-ce la CENI dans sa configuration là qui va proclamer l’opposition vainqueur, je dis non ! C’est la Cour constitutionnelle, je dis encore non ! Est-ce l’administration qui organise les élections avec la CENI ? Je dis non ! Nous avons dit que le système n’est pas propre, et qu’il faut les réformes avant les élections. Et si les gens donnent l’exemple de 1993 et 2002, nous disons que c’est un faux problème. On les a avertis que si vous allez à ces élections, il n’y aura que le même résultat. Il ne faut pas tromper la jeunesse. Ils y sont et ils ont vu les résultats. Mais nous, n’a fait que rester sur notre position antérieure, pas de réformes, pas d’élection.

Croyez-vous en ces réformes un jour, en voyant le visage actuel de la scène politique nationale ?

Moi, j’ai été toujours optimiste et je le suis toujours. Je suis optimiste que ces réformes vont se faire un jour. Parce que rien n’est éternel surs cette terre, on peut tromper une personne, une ou deux fois mais pas un peuple. Le jour où le peuple va dire non, ce sera non. Donc j’y crois toujours que les réformes seront faites un jour.

Dans votre préfecture, c’est-à-dire la préfecture de l’Avé qui vous a porté au cours de la législature 2007-2012 à l’Assemblée nationale, le torchon du terrien brûle. Parlez-nous en…

Je ne dirai pas uniquement la préfecture de l’Avé mais toute la région maritime voire certaines localités des Plateaux. Vous savez, il y a certains dignitaires du pouvoir, ministres, généraux, colonels qui achètent à vil prix les terrains de nos populations. Et chose bizarre, ces terrains sont vendus parfois par des personnes qui ne sont pas des propriétaires de ces terrains. Après ce sont des problèmes. Ainsi donc actuellement si vous allez à la prison civile de Lomé, il y bon nombre de jeunes, mêmes des vieux de nos préfectures qui croupissent en prison là bas à cause des problèmes terriens avec les autorités togolaises. Il y en a qui ont acheté 500 hectares, 200 hectares, 1000 hectares, tout un village… Ce n’est pas normal. Quand le peuple souffre, ils prennent l’argent de ce peuple pour acheter à vil prix leurs terrains. C’est une bombe à retardement, un volcan qui est ébullition qui va s’éclater un jour. Il faut prendre ce problème au sérieux.

Comment comprendre un tel état de chose ?

Il y en a qui se basent sur le parti au pouvoir, qui se disent des militants d’un parti RPT/Unir et qui foutent du bordel dans nos préfectures, parce qu’ils ont des accointances avec la gendarmerie, certaines personnes à la justice, pour semer du bordel. C’est ce qui se passe.

Les élections sont derrière nous, la division est présente au sein de l’opposition qui semble d’ailleurs avoir des difficultés pour rompre avec le cauchemar provoqué par ce scrutin et sonner le réveil. Des regrets, des accusations… ?

Je n’aime pas faire le procès d’intention à qui que ce soit. J’aimerais dire qu’aujourd’hui le temps n’est plus à la division de l’opposition. Je suis plutôt pour la redynamisation de l’opposition. Je préfère oublier le passé, aider cette opposition à remobiliser le peuple pour faire face au seul adversaire, qui est Faure Gnassingbé et son parti le RPT/Unir ; le CAR n’est pas mon adversaire, l’ANC n’est pas mon adversaire, sauf les partis qui sont de mèche avec le parti au pouvoir sont mes adversaires. Donc les vrais partis de l’opposition ne sont pas mes adversaires et je ne parlerai jamais pour les dénigrer, parce que si on se dénigre sur les médias, on fragilise la lutte et c’est le peuple qui en souffre.

Réalisée par G.K (T228)