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Affaire Tibéhirine: Alger n'aurait-elle pas dit toute la vérité?

Algérie - Justice
De nouveaux éléments semblent confondre la version officielle algérienne sur la mort des sept moines français tués en mars 1996 au Tibéhirine, près de Médéa, à 80 kilomètres au sud-ouest d’Alger. Le juge Marc Trevidic en charge du dossier a livré hier jeudi 02 juillet les résultats de ses investigations faites en collaboration avec quatre experts.
Selon les autorités algériennes, faut-il le rappeler, les sept religieux ont été enlevés puis décapités par le Groupe Islamique Armé (GIA), dirigé à l’époque par Djamel Zitouni. Ce groupe a même reconnu, dans un communiqué daté du 21 mai de 1996, avoir exécuté les otages dont les têtes, sans corps, ont été retrouvées le 30 mai, au bord de la route.

Les sept moines ont été décapités après leur mort. L'analyse de vertèbres retrouvées avec leurs crânes permet de dire aussi qu'au moins trois d'entre eux auraient été égorgés; les corps auraient été enterrés et déterrés une première fois avant d'être à nouveau inhumées. "Les résultats des examens des têtes des moines plaident en faveur d’une décapitation post mortem", indiquent les résultats de l’expertise qui poursuit que même "les éléments botaniques et la présence de terre différente de celle du cimetière de Tibéhirine observés dans et sur les crânes sont en faveur d’une première inhumation".

Même si, "en l’absence des corps qui n’ont jamais été retrouvés, la cause des décès ne peut pas être affirmée" et qu’il a été "retrouvé des lésions évocatrices d’égorgement chez trois d’entre eux, égorgement suffisant pour être à l’origine directe de la mort"; estiment les experts qui rejettent toute hypothèse de bavure de l’armée comme l’ont cherché à faire croire certaines versions. Cette thèse a été mise en avant en juin 2009 par le général François Buchwalter, attaché militaire à l’ambassade de France au moment de la mort des sept religieux. Selon lui, l’armée algérienne aurait tué par erreur les moines en tirant depuis un hélicoptère sur un bivouac jihadiste.

Outre les circonstances de ces morts, les résultats de l’expertise apportent des éléments troublants sur la date de l'assassinat. En effet, il en ressort qu’il n'aurait pas eu lieu le 21 mai 1996, comme le revendiquait le Groupe Islamique Armé, et comme l'ont toujours laissé entendre les autorités algériennes. Sur la base de photos prises le 30 mai 1996, les experts considèrent que la mort est probablement intervenue deux à trois semaines plus tôt, entre le 25 et le 27 avril.

Au-delà de ces découvertes, les experts déplorent l’attitude des autorités algériennes qui refusent que l’expertise soit poursuivie en France. Ils regrettent que les autorités algériennes ne les aient pas laissés ramener les prélèvements faits sur place. "La transmission et l’exploitation des prélèvements réalisés lors de l’exhumation sont hautement souhaitables", suggèrent-ils. Mais ils sont confrontés à un refus catégorique des autorités algériennes.

Or, avant même d’en arriver là, il ne leur a pas été permis de conduire les autopsies des crânes enterrées dans le monastère de Tibéhirine. Ce sont donc des militaires algériens qui ont procédé aux analyses en collaboration tout de même avec les quatre experts qui ont accompagnés le juge Trévedic à Alger et à Médéa.