Nana Anè Ohiniko, qu’est-ce qui motive la conférence de presse de ce jour ?
Il s’agit d’une séance de restauration de l’histoire des Mina, des Adjigo dans l’espace Guin-Mina. Vous venez de suivre des annonces, des révélations des dignitaires de notre trône pour rétablir la vérité historique qui concoure à l’existence de notre trône et que d’autres cherchent à réécrire à leur manière. Que d’autres cherchent à stigmatiser à leur manière et qui font de nous des gens ne sachant pas d’où ils sont partis et d’où ils sont et où ils vont. Nous les Adjigo nous ne pouvons pas accepter cet état de choses. C’est ce qui a nécessité cet appel aujourd’hui pour vous repréciser, pas réécrire, pour que nous fassions une relecture, parce que l’histoire, elle est têtue. C’est une relecture, de temps en temps quand on ne le lit pas, on a tendance à l’oublier. Pour que tout ce que nous disons soient véhiculés, soient diffusés.
Tout est parti d’une stèle que vous voulez ériger à Fantékomé et dont vous avez reçu l’autorisation de la Mairie d’Aného. Qu’en est-il exactement ?
Au trône des Adjigo et alliés nous sommes des gens de reconnaissance. Nous devons nous inscrire dans la culture de reconnaissance que aujourd’hui, nous qui sommes au sein du règne 15 en cours avons trouvez un trône, une culture, un peuple, auquel des pères fondateurs, des prédécesseurs ont eu à travailler. Ils ont travaillé avec abnégation à pérenniser ceux dont nous parlons aujourd’hui. Et qui justifie notre présence là où nous sommes.
Nous nous devions de le reconnaitre. C’est cette démarche qui nous a amenée à contacter la mairie d’Aného avec une lettre en leur précisant que dans toute ville moderne, quand on y arrive , on trouve quelque part inscrit, le nom du fondateur de cette ville, soit au fronton d’un bâtisse, soit au fronton d’une place publique, ou soit une statue, et que nous pensons qu’à Aného, ces genres d’ouvrage doivent exister. Voilà les termes de la lettre que nous avons envoyée. Quelques temps après, nous avons reçu une réponse, qui reconnaissait l’exactitude de notre réflexion et qui nous attribuait une partie du quartier Fantékomé pour l’érection soit de cette stèle ou de cette statue de notre ancêtre Quam Dessou 1er, tous les fondateurs de cette ville d’Aného tel que nous l’avons lu dans les bouquins que nous avons visité et qui est enseigné dans les écoles au jour d’aujourd’hui au Togo. Cette lettre réponse, nous l’avons reçu et nous l’avons partagé entre nous avec nos hauts dignitaires dans l’attente de procéder aux termes de référence de la faisabilité de l’évènement. Nous en sommes là, donc rien n’a encore été décidé quand subitement le 17 avril (16 avril, ndlr), à notre grand étonnement, nous entendons sur les antennes, précisément sur la radio Kanal fm qui s’est donnée à cœur joie à passer cette affaire là quatre jours où nous sommes attaqués, que nous sommes des troublions, que nous voulons troubler la paix sociale à une période charnière, sensible du Togo, période électorale, alors que tout ceci relève du faut, parce que rien de tout cela n’était vrai. A cela, on a ajouté d’autres choses. On nous récuse le droit d’être propriétaire d’Aného, d’être fondateur d’Aného, on nous récuse le droit de déposer notre arbre généalogique, et la liste successorale de nos rois à la Mairie et à la Préfecture. Nous nous posons la question de savoir, sommes-nous en sous-traitance par rapport au trône de Lolan ? C’est la question qui nous vient à l’esprit. Nous avons laissé passer la période électorale et nous avons voulu aujourd’hui apporter notre éclaircissement, la relecture de l’histoire de la fondation de la ville d’Aného…
Nous l’avons dit, nous voulons rencontrer en un débat face-à-face le trône d’en face pour que ces problèmes, pour une fois, et pour de bon, nous puissions les élucider, en débattre et les conclure.
Ce que vous avez appelé relecture, ne voyez vous pas que c’est une initiative perdue d’avance quand on voit qu’il y a eu plusieurs initiatives de réécriture et de relecture qui ont été infructueuses ?
Non, ce ne serait pas une initiative perdue. Vous journalistes, tout ce que nous vous avons dit aujourd’hui, vous étiez au courant de tout ça ? Nous avons engagé et effectué cette conférence de presse pas pour le camp en face qui n’avait ni la cécité visuelle, ni intellectuelle, qui ne veut ni voir, ni entendre comme l’a dit tout à l’heure un membre éminent de notre communauté. Tout ce dot nous parlons, ils le savent, ils savent très bien que c’est ça la vérité. Mais s’ils ne veulent pas s’en conformer, libre à eux, mais qu’ils nous laissent nous travailler pour l’avènement des peuples que nous avons en charge. Leurs préoccupations quotidiennes, nous les partageons. Se nourrir, se vêtir, se soigner, s’éduquer nous interpellent et c’est en cela que notre positionnement, notre existence aura de la valeur, en dehors de ça, tout le reste est pour moi inutile.
Etes-vous aujourd’hui prêt à vous engager dans une collaboration franche avec les autres trônes pour la résolution des problèmes et pour le bien-être des populations que vous avez en charge ?
Notre démarche depuis notre avènement au trône n’a été que celle là. Travailler la main dans la main pour l’avènement de nos communautés, chez moi les Adjigo et alliés, et chez lui, les Akagban et leurs alliés. C’est ça notre démarche. Travailler à ce qu’ils vivent dans l’espérance d’un mieux être pour demain. C’est en cela que je les ai invités. C’est en cela que nous croyons avoir des réflexions à partager pour que les déficits d’aujourd’hui, nous puissions les corriger, les conjurer, et les mettre dans une perspective de réussite dont nos populations peuvent s’en prévaloir. Nous sommes ouverts à travailler avec tous les trônes. Déjà là, nous sommes en train d’initier un voyage de trône avec d’autres trônes à l’intérieur du Togo. Vous allez bien voir que quand il y a des manifestations ici chez moi à Aného, vous voyez chaque fois le nombre des chefs traditionnels qui m’entourent et qui viennent de l’extérieur d’Aného. C’est un témoignage que nous sommes sur la bonne voie d’une collaboration franche et sincère pour apporter à nos populations, réponse à leurs préoccupations.
Propos recueillis par G.K
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