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A quand la formation du gouvernement Komi Selom Klassou ?

Togo - Politique
L’actualité politique est sans doute occupée par la polémique sur la santé du locataire du Palais de la Marina, même si on n’en parle pas trop sur les médias traditionnels. Le sujet est néanmoins sur toutes les lèvres et dans tous les esprits. Mais elle ne cache pas une préoccupation plus sérieuse des populations, la formation du gouvernement Komi Selom Klassou qui se fait désirer. L’attente dure et risque de s’éterniser lorsqu’on devra considérer les soucis du haut lieu ces derniers temps – suivez les regards. Ce qui fait désordre, au regard des défis qui attendent la prochaine équipe.
Le gouvernement se fait toujours désirer

C’était attendu qu’Arthème Ahoomey-Zunu devrait rendre le tablier après l’élection présidentielle du 25 avril 2015 dont il s’attribue les lauriers de l’organisation pacifique, en plus des législatives du 25 juillet 2013. Ce n’était pas trop tôt, mais il a fini par le faire le 22 mai dernier. Du même coup, il remettait aussi la démission de son gouvernement. Son employeur, celui qui lui a permis d’effectuer certaines réalisations qu’il n’aurait jamais pu faire sans son séjour à la Primature l’a acceptée et instruit les ministres en place d’évacuer les affaires courantes.

Plus de peur que de mal, deux semaines après, soit exactement le vendredi 5 juin, Faure Gnassingbé a nommé son remplaçant, en la personne de Komi Sélom Klassou. Le nouveau Premier ministre a pris fonction cinq jours plus tard, à travers une cérémonie de passation de services organisée le mercredi 10 juin à la Primature et où le sortant a fait montre de toute son amertume. Avec cette entrée en fonction, plus rien ne devrait a priori s’opposer à la formation de la nouvelle équipe gouvernementale. Surtout que le casting des ministrables est souvent fait par le shadow cabinet du Prince et la nomination du Premier ministre n’est que la cerise sur le gâteau. Mais l’annonce du gouvernement se fait toujours désirer.
Les détracteurs du nouveau Premier ministre le disent pour l’instant occupé à louanger son bienfaiteur et à confectionner des poèmes à sa gloire. A titre de rappel, ses premiers mots au cours de la passation de services ont été des remerciements « Faure » nourris à l’endroit, non de Dieu, mais de Faure Gnassingbé dont il a égrainé le nom une demi-dizaine de fois dans son intervention. Jusqu’à quand les Togolais, ces bienheureux électeurs du Prince doivent-ils attendre de connaitre la composition du nouveau gouvernement ?

Une attente qui risque de durer encore

Elle dure déjà assez. Dans six jours, cela fera exactement un mois que les ministres évacuent les affaires courantes. Et qui dit évacuation des affaires courantes, dit mise au frigo des dossiers sérieux. C’est toute l’administration gouvernementale, donc le fonctionnement de l’Etat et la vie de la Nation toute entière, qui est bloquée. Mais les Togolais devront prendre leur mal en patience et souffrir que l’attente dure encore un peu lorsqu’on considère une règle non écrite en vogue depuis quelque temps en matière de formation du gouvernement.

Il est loisible de constater que les nouvelles équipes ne sont formées qu’au moins deux mois après les échéances électorales. C’était le cas du gouvernement Ahoomey-Zunu II. Les élections législatives avaient eu lieu le 25 juillet 2013 et le Premier ministre qui dit avoir fait au-delà de sa feuille de route, rendait son tablier le 27 août, soit un peu plus d’un mois après. Il sera reconduit le 6 septembre et son équipe ne sera rendue publique que le 17 septembre. Soit pratiquement deux mois après le scrutin d’alors.
Même scénario avec son prédécesseur au poste, Gilbert Fossoun Houngbo lors de sa reconduction après la présidentielle de 2010. Le scrutin s’était tenu le 4 mars de cette année et il est resté à son poste jusqu’au 5 mai, soit deux mois après, avant de rendre le tablier. Il sera reconduit le 7 mai, puis mettra trois bonnes semaines pour former son équipe rendue publique le 28 mai 2010. En tout, il aura fallu pratiquement trois mois après l’élection présidentielle pour qu’on connaisse la composition de l’équipe gouvernementale suivante.

Visiblement, on est sur la même dynamique. Dans neuf jours, cela fera exactement deux mois que l’élection présidentielle de cette année s’est tenue. Mais le gouvernement n’est pas encore formé. Et là aussi, il faut redouter que l’attente ne soit beaucoup longue, au regard des soucis du moment que connaît le sommet du pouvoir et qui mobilisent toutes les attentions – hum. Certains voient même dans la polémique sur l’état de santé du Prince – que l’on se tue à cacher aux populations – l’effet des fuites savamment organisées et d’une guerre des clans rivaux pour le contrôle au cas où…Pour tout dire, personne ne sait quand le nouveau gouvernement sera formé.

Les défis, eux, n’attendent pas

C’est la routine au Togo, relevions-nous, que l’on mette du temps pour former les gouvernements. En clair, l’on devrait être patient. Mais le cas de cette année sort du lot au regard des défis qui attendent Komi Selom Klassou et son équipe. Lui-même il l’a dit vouloir calquer son programme sur celui présenté par son bienfaiteur Faure Gnassingbé aux populations, qui les a séduites et ainsi poussées à lui accorder leurs votes. « Nous aurons à traduire dans les faits la politique, la vision du Chef de l’Etat. Vous voyez déjà que le Togo est en train de connaître une mutation positive sur beaucoup de plans : d’abord les infrastructures, Otr, sur le plan portuaire, aéroportuaire. Egalement dans les différents secteurs de la vie de notre pays, il y a eu un changement que les Togolais comme les étrangers qui viennent dans notre pays apprécient. Et donc nous aurons à continuer cette politique de relance économique, cette politique de lutte contre la pauvreté, cette politique de l’emploi pour la jeunesse togolaise », a indiqué le nouveau locataire de la Primature quelques heures après sa nomination.
Parlant justement de la vision de Faure Gnassingbé, le candidat de l’Union pour la République (Unir) proclamé élu avait déclaré lors de la campagne électorale vouloir placer ce 3e mandat (usurpé) sous le sceau de la lutte contre la pauvreté et de la promotion sociale. Le social est en effet le parent pauvre de sa politique depuis son avènement au trône en 2005. Le premier mandat a été dit passé pour réconcilier les Togolais. L’objectif est-il atteint ? a chacun d’apprécier. Le second aurait vu Faure Gnassingbé s’atteler à la relance économique, avec le développement des infrastructures dans tous les domaines. Ce 3e quinquennat arraché au forceps est donc dit destiné au social. C’est justement sur ce terrain négligé depuis dix ans que le Prince est au pouvoir que les attentes sont nombreuses.

Les plus d’un million de Togolais qui l’auraient adoubé le 25 avril dernier et tout le peuple que l’on dit avoir opté pour sa politique veulent pouvoir manger à leur faim, se loger et se vêtir convenablement, avoir les moyens de satisfaire leurs besoins et ceux de leurs familles, se soigner dignement en cas de maladie, voir l’éducation de leurs progénitures se dérouler sans anicroche, les jeunes trouver du boulot, du vrai et non les artifices du Provonat et sortir des affres du chômage etc. Le dossier le plus préoccupant est celui des hôpitaux publics qui manquent de tout, jusqu’au simple sparadrap. C’est parfois à l’aide de la lumière des téléphones portables qu’on opère les gens. Comme un mauvais présage de ce qui les attend au cours de ce mandat, pendant que les citoyens impatientent de voir le gouvernement se former vite et s’attaquer à ce défi gargantuesque qu’est le social, les prix des produits de premières nécessités continuent de flamber sur le marché, sans aucune explication. C’est dire que le social, lui, n’attend point. Les défis sont nombreux, immédiats, et le bon sens voudrait que l’on s’y attelle tout de suite. Mais pour l’instant, on met du temps pour former le gouvernement qui prend finalement des allures d’arlésienne…

Tino Kossi