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Opération de délation à la BCEAO:Le Directeur national Kossi Tenou demande la tête du ministre Kako Nubukpo

Togo - Economie et Finances
Quand la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), par son Directeur national au Togo, se permet de s’adonner à de la délation sur un ministre, il est à craindre pour la souveraineté déjà entamée des Etats. Nous apprenons que suite aux deux rencontres économiques survenues à Lomé fin février et début mars 2015 et au cours desquelles le Pr Kako Nubukpo a eu à donner ses points de vue et ses convictions sur l’avenir du franc CFA, le Directeur national de la BCEAO s’est inspiré des pratiques de la Gestapo, la police politique nazie pour écrire au Gouverneur de la banque et jouer au « gossiper » (rapporteur). Mais apparemment, l’homme ne serait pas à sa première opération et pour ceux qui tablent sur une visite prochaine du Gouverneur au Togo, il se susurre qu’un dossier Kako Nubukpo se prépare pour « abattre » l’économiste, non pas pour ses convictions politiques, mais pour ses idées sur le franc de la Communauté financière africaine (CFA).
« Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément », dit-on. Mais malheureusement, il existera toujours des esprits retors prêts à vouloir trouver un pou sur un crâne rasé, un jeu auquel aime s’adonner l’actuel Directeur national de la BCEAO, Kossi Tenou. Celui-ci a adressé une note le 12 mars 2015 au Gouverneur de la BCEAO pour rapporter les « critiques récentes de la BCEAO par le ministre Kako Nubukpo ».

Les 26-27 février et les 5-6 mars derniers, se sont tenues deux rencontres économiques, l’une portant sur « les meilleures pratiques » et l’autre avait pour thème: « Quelles politiques pour l’émergence du Togo ? » Pour avoir assisté au colloque sur l’émergence, nous avons par deux fois au moins relayé les sous-thèmes. D’abord le 17, mars dans la parution N° 1905 sur le thème : « Gouvernance et émergence : L’économiste Nadim Michel Kalife a exposé les facteurs de blocage ». Ensuite, le 25 mars dans la parution N° 1911 sur le thème : « Politique monétaire et émergence » du Professeur Kako Nubukpo.

Dans les communications des deux présentateurs, la pertinence des éléments comparatifs surtout entre le Togo et des pays devenus aujourd’hui émergents fut telle qu’il apparaît évident que sans une politique monétaire propre aux pays francophones, le décollage sera un vœu pieu. Et c’est pour attirer l’attention des chefs d’Etat que nous avions insisté sur l’indépendance monétaire des pays de cette zone, pour ne citer que cet aspect-là. Mais aujourd’hui, il faudra bien se rendre à l’évidence, comme quoi, « les ennemis de l’Afrique, ce sont les Africains » au rang desquels la BCEAO et son directeur national, Kossi Tenou.

« …Au cours de ces deux rencontres, le ministre Nubukpo a réitéré ses critiques habituelles à l’encontre de la Banque centrale en qualifiant son fonctionnement et ses options de politique monétaire de « servitude volontaire ». Ainsi dans le cadre du Forum sur les meilleures pratiques, le ministre Nubukpo a relevé que le cadre institutionnel actuel de nos économies, notamment l’arrimage du franc CFA à l’euro qui est une devise forte, n’est pas favorable pour piloter l’émergence économique. Il a en outre critiqué le mécanisme de garantie de taux de change fixe entre l’euro et le franc CFA en indiquant qu’il impose aux pays de la zone UEMOA de déposer une partie de leurs réserves de change auprès du Trésor français sur le compte d’opérations. Par ailleurs, le taux de couverture de l’émission monétaire se situerait, selon lui, à plus de 100% contre une norme prévue de 20%…Le ministre Nubukpo a indiqué que compte tenu de l’arrimage du franc CFA à l’euro, une appréciation de l’euro entraîne automatiquement une appréciation du franc CFA, ce qui nuit à la compétitivité des Etats membres de l’UEMOA », tel est entre autres, le « compte-rendu » du directeur national qui a intentionnellement pris soin d’inclure des noms dont les répondants pourraient éprouver des difficultés plus tard dans leurs domaines respectifs d’intervention, au Gouverneur de la banque centrale. Il en est par exemple de Jean-Louis Ekra, président d’Afreximbank et de Paulo Gomes, ancien Directeur Exécutif de la Banque Mondiale pour l’Afrique subsaharienne. Il suffit de lire la note de Kossi Tenou pour deviner les intentions cachées derrière pareille entreprise. Et pourtant, il nous souvient que nombreux étaient les intervenants tant au forum qu’au colloque. Il s’agit de déterminer l’objectif que poursuit Kossi Tenou et certainement son ou ses commanditaires.

Commanditaires, pourquoi pas, étant entendu que l’homme n’est pas à sa première mission de délation. Nous avons déjà appris que le Directeur national a écrit au ministre de l’Economie et des Finances pour se plaindre de la présence de Kako Nubukpo, ministre de la Prospective et de l’Evaluation des Politiques publiques, au sein de l’équipe du Comité national de politique économique (CNPE). Il a fallu que le Secrétaire général du ministre Adji Otèth Ayassor bombe le torse et remette le serviteur de la Banque centrale dans son rôle qui est loin d’être celui de « gardien du CNPE ».

Ce dossier poursuit des objectifs obscurs, autrement il se limiterait à la note datant du 12 mars 2015. Mais non, Kossi Tenou, comme quelqu’un qui semble rassembler « des preuves » d’une culpabilité tirée par les cheveux, a mis des collaborateurs à contribution afin que ceux-ci donnent des avis défavorables sur la franchise de M. Nubukpo. La preuve, ce sont pas moins de cinq collaborateurs à qui le Directeur national de la BCEAO a demandé les « observations » sur « les critiques récentes de la BCEAO par le ministre Nubukpo ». D’abord, le courrier réponse de M. Ahadji Komlan, fondé de pouvoirs au Service des Etablissements de crédit ; celui de Picard Akapovi, Chef du Service des Etudes et de la Statistique daté du 15 avril ; d’Amagli Kangni au Service des systèmes d’information le 15 avril; d’Awudja Kokou, fondé de pouvoirs au Service des Etablissements de crédit en date du 8 avril et des observations de A. D. Azanlekor, le Chef de Service Caisse de l’agence principale de Lomé. Mais en lisant entre les lignes de ses collaborateurs, il transparaît que c’est plus pour s’obliger à un exercice dont ils se seraient bien passés, que pour apporter de réelles critiques aux points de vue du Professeur agrégé qu’est Kako Nubukpo, qu’ils se sont exécutés. Malheureusement, aucun d’entre eux, soucieux de protéger ses prébendes, n’oserait décliner la demande de Kossi Tenou, mais mal lui en prendrait, le Directeur national ayant la rancune tenace.

Pour l’avoir rencontré une fois, nous disions que Kossi Tenou, de par l’archétype qu’il présentait, devrait ruminer une certaine aigreur en lui. Une source au siège de la BCEAO à Dakar nous l’a confirmé, et il n’est pas impossible que la plupart de ses collaborateurs aussi le sachent. Une source ayant requis l’anonymat nous renseigne que c’est en 1996 que Kossi Tenou a été engagé à la BCEAO. Quatre ans plus tard, soit en 2000, il a été rejoint par Kako Nubukpo au service de la recherche. Mais ne dit-on pas qu’ « aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années » ? C’est ainsi qu’en 2003, Nubukpo a été promu ; le nouveau venu devient Chef service des Actions Extérieures de Formation. Dernier arrivé, premier promu. Les esprits faibles ont vite fait de verser dans une jalousie morbide et les mauvaises langues estiment que l’actuel Directeur national de la BCEAO n’aurait jamais digéré ce camouflet. Ceci n’expliquerait-il pas cela ?
Il se murmure que le Gouverneur de la banque centrale pourrait arriver dans les jours et semaines à venir. Si l’information s’avérait, alors les collaborateurs qui se sont prononcés dans le dossier Kako Nubukpo pourraient voir leurs observations utilisées pour démonter un homme qui ne fait pas de compromissions. Chacun pourra alors ruminer son rôle pour le restant de ses jours si, comme nous le présageons, le Professeur agrégé devrait ne plus conduire le projet de Vision Togo 2030. Le Gouverneur de la BCEAO se laissera-t-il guider par les intérêts de son mentor Alassane Ouattara, ou aura-t-il l’honnêteté intellectuelle de reconnaître qu’ « on a le droit de ne pas aimer le lièvre, mais il faut reconnaître que cet animal court plus vite que soi » et ne pas chercher à l’abattre du simple fait qu’il courre plus vite que soi ?

Abbé Faria