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ASSOCIATION TOGOLAISE DE LUTTE CONTRE LA MANIPULATION DES CONSCIENCES (ATLMC)

Togo - Opinions


D É C L A R A T I O N: L’option électorale avant les réformes, c’est la voie de l’échec et de la capitulation.
Nous avons été victimes d’une série d’invasions virales dont l‘origine reste inconnue pour le moment. Cela a eu un impact négatif sur le programme que nous avions fait pour le 24 ème anniversaire de l’Association Togolaise de Lutte contre la Manipulation des Consciences (ATLMC) dont la célébration devait avoir lieu le 07 avril 2015. Le recouvrement intégral de nos capacités de travail nous permet aujourd’hui d’entamer ce programme avec un retard considérable. Les dispositions sont prises pour relancer le site d’information de l’ATLMC . Nous recherchons actuellement un responsable pour lui en confier la gestion.

L’ATLMC célèbre donc le 24 ème anniversaire de sa création et ce, dans une atmosphère de morosité et de tensions sociopolitiques extrêmes qui prouvent que notre pays est mal gouverné. À cet effet, une conférence radiodiffusée aura lieu à Sokodé le 18 avril 2015 pour situer l’importance de la commémoration de cette date historique et aussi pour donner la position de l’ATLMC sur quelques événements nationaux. Son nom d’existence et de combat reste un défi étincelant pour nous, à savoir celui de résister et de survivre à ce régime. La publication de la présente déclaration coincide avec la campagne pour l’élection présidentielle.

Comme de nombreuses organisations, l’ATLMC avait fermement soutenu, dans sa déclaration du 03 décembre 2014, que les « réformes constitutionnelles et institutionnelles » aient lieu avant la prochaine élection présidentielle. Elle garde et respecte encore cette opinion qu’il faut défendre avec toute l’énergie que cela requiert. Nous usons de notre droit civique pour dire que notre position est conforme et logique avec le contenu de notre déclaration.

Si nous nous limitons volontairement à l’espace géographique de la CEDEAO comme domaine de recherches et d’analyses, nous découvrons, avec désarroi, que seul le Togo est le pays où aucune alternance politique n’a jamais eu lieu depuis les années 1990: AUCUNE ! Et pourtant, ce ne sont pas les prétendants qui ont manqué ! Et lesquels ? Que sont-ils devenus ? À quoi donc a servi ce parterre éblouissant de partis politiques ? Ils ont disparu pour les raisons que nous connaissons. L’état de notre lutte se trouve dans des conditions morales déplorables. L’opposition soudanaise vient de nous donner une lecon en décidant de boycooter la farce électorale préparée par le président Gafar El Bechir au pouvoir depuis 26 ans. Chez nous au Togo, cela dure depuis bientôt 50 ans et l’on répète les mêmes fautes, cette fois-ci volontaires, qui augmentent la longévité du régime à chaque cycle de 5 ans.

Dans sa quête de l’éternité du pouvoir, M. Faure Gnassingbé se réjouit chaque fois qu’il n’est pas le seul à s’inscrire pour cette élection qu’il a confisquée et personnalisée. Cela lui a toujours permis de prouver que son pays est engagé dans la voie de la démocratie, la fausse en réalité. La marque de la dynastie qui s’y emploie, c’est aussi d’évoluer, après l’élection du 25 avril 2015, vers l’instauration de la 5ème République dont la Constitution sera taillée aux mesures de M. Faure Gnassingbé. L’option électorale avant les réformes, loin de jeter les bases de la République va nous conduire inéluctablement à la « Monarchie ». M. Faure Gnassingbé cherche, tel un renne, à pousser de longues cornes ramifiées dont l’architecture indiquera la lignée, passée et future, de la dynastie qu’il a plaquée sur notre pacifique peuple. Comment « l’ilôt Togo dynastique » pourrait-il alors évoluer dans un océan de démocratie où baigneront les autres pays qui auront fait le choix de l’ouverture aux principales innovations universelles ?

L’alternance politique est une preuve tangible de démocratie. Elle nous fait défaut, atrocement. Et tant que les réformes ne sont pas faites, nous ne l’obtiendrons pas. Si les réformes étaient à l’amont de l’élection présidentielle, n’importe lequel des candidats de l’opposition, confronté à M. Faure Gnassingbé, l’aurait battu à plate couture ! Et si nous devons l’obtenir par le biais d’un mouvement insurrectionnel, eh bien, il faudra faire montre d’un comportement autre que celui que nous affichons actuellement.

La vie politique togolaise est caractérisée par plus de 20 accords qui n’ont JAMAIS été respectés par la partie présidentielle. C’est la même chose avec M. Faure Gnassingbé qui trouve le moyen, en août 2006, d’imposer sa trouvaille : « l’Accord de Politique Globale » (APG). Le comble fut de voir l’opposition signer un Accord sur des globalités plongées dans un futur qui refuse de paraître. À cette époque, l’ATLMC avait rejeté cet Accord lors de son Assemblée Générale tenue le 30 septembre 2006 à Güstrow (Allemagne). L’histoire montre aujourd’hui que pendant 09 ans, cet Accord est entreposé dans l’alvéole de notre triste histoire que la dynastie lui a attribuée. RIEN n’a bougé, RIEN ne bouge et sans les réformes, RIEN ne bougera !!! Est-il si difficile de le comprendre ? Oui, si on ne veut pas comprendre.

En 2013, l’opposition a exigé des réformes et a menacé de ne pas prendre part aux élections législatives. Le régime dynastique a trouvé de nouveau le moyen de manipuler l’opposition et l’a amenée à prendre part au scrutin avec la promesse que les réformes seront faites juste après. Mais après lesdites législatives, rien n’a été entrepris dans ce sens ! Pourquoi croire aux promesses faites par la dynastie dont l’identité dit tout et qui doit absolument inspirer méfiance ?

Comment obtenir l’alternance politique si certains leaders de l’opposition semblent ne pas vouloir réellement accéder au pouvoir ? Pourquoi abandonnent-ils cette noble lutte pour la réhabilitation de notre chère constitution pour participer hâtivement à une élection qui ne fera que prêter vie au régime en place ? Sont-ils devenus des suppôts de la dictature ? Ce spectacle est vraiment désolant. L’on ne peut pas comprendre pourquoi des partis politiques de l’opposition, indisposés et révoltés par le blocage qu’on leur impose depuis des années, abandonnent brutalement leurs légitimes revendications pour participer à cette élection présidentielle qu’ils vont surement perdre ? Les incohérences de l’opposition choquent le peuple qui est décu de ses piteuses performances.

Le report de la date de l’élection présidentielle du 15 au 25 avril 2015 ne résout aucun problème car ce n’est pas en 10 jours que les éternels problèmes de blocage de l’alternance politique pourraient être résolus au Togo. Donc, l’on s’achemine encore une fois à célébrer le « triomphe » de M. Faure Gnassingbé surtout que le 27 avril est là pour l’apothéose prévue pour la cironstance.

Le peuple togolais demeure redevable à tous ceux qui ont essayé de raisonner M. Faure Gnassingbé afin qu’il évite de se couvrir de ridicule en cherchant à empocher son troisième mandat, qu’il s’agisse de chefs d’État, de journalistes et des anonymes. Jadis, l’interférence de triche et d’intimidation de certains chefs d’États africains dans nos affaires internes nous a fait mal : leur diktat était une « marque de solidarité » qu’ils ont apportée à leur homologue togolais. Mais aujourd’hui, acculé par les murs d’une l’histoire devenue exigeante, M. Faure Gnassingbé tente de passer par la force et la force n’est pas la sagesse. La longue chaine de difficultés qui étouffe le peuple togolais est la résultante de la mal gouvernance dont les détritus de tous genres constituent actuellement un immense dépotoir.

Par contre, l’ATLMC salue les efforts que Mme Michaela Jean, Secrétaire générale de la Francophonie, a déployés pour tenter d’obtenir un semblant de flexibilité auprès des dirigeants togolais. Le Général Siaka Sangaré, chef de la mission de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) a déclaré : « Le fichier électoral n’est pas parfait. Mais il est consensuel ». Cette déclaration est inquiétante car lorsque les candidats -dont celui de l’Unir- se montrent consensuels sur un point aussi sensible ou névralgique que l’état d’un fichier électoral imparfait, il est à parier que « la messe est déjà dite ». Comment peut-on être consensuel sur ce qui n’est pas parfait et se présenter ainsi à cette élection comme si un acccord tacite et secret liait les candidats ? Il apparaît donc clairement que la valeur de cette consultation électorale est nulle et son poids est sans consistance aucune.

L’imperfection dont on ne précise nullement ici la proportion, devrait être un facteur d’exigence de clarté ou de report conséquent comme celui requis par l’OIF ; ceci aurait permis de déceler d‘autres anomalies grâce auxquelles l’Unir donne aujourd’hui ce consentement dont nous parlons et qui confirme qu’elle est la maîtresse incontestée du terrain. Cela suffit pour comprendre que la partie est gagnée à l’avance, comme toujours. Et si d’aventure, un opposant se proclame vainqueur de cette élection du 25 avril 2015, le régime lui appliquera la potion « Bob Akitani » ! Paix à son âme ! Le poids des abstentions qui ne sera pas négligeable le 25 avril, fera défaut pour rendre crédible et impressionnante toute protestation de l’opposition participationniste.

L’image sociale abîmée des partis politiques est la résultante directe de la dépréciation, grandissante et bouleversante, de la ligne morale initiale qui a été définie pour mener leur noble combat ; ils ont violé allègrement le contenu de cette exigence morale dont ils sont pourtant les rédacteurs. Sans honte, ils se défendent parfois en disant qu’on ne mange pas les valeurs morales car elles ne sont pas comestibles. Oui, ces valeurs morales ont changé de socle d’identification et ont perdu de leur éclat pour enfin s’étioler, tant le cadre ambiant s’est détérioré dangereusement. Les initiateurs de tels projets ciniques sont devenus de curieux phénomènes facilement identifiables car ils ont deux têtes comme Janus, l’un des dieux de la mythologie romaine ; il était « le gardien des portes et surveillait les entrées et les sorties ».

La société togolaise ne comprend pas pourquoi ceux qui ont aspiré littéralement le contenu du patrimoine national à des fins privées ne pensent même à alléger leurs actions de dépravation qu’ils voudraient éternelles. Aussi la basse-cour politique togolaise est-elle devenue singulière, affairiste et insensible aux souffrances d’un peuple exténué par un règne dictatorial long de 50 ans. L’argent y continue à empoisonner les vertus et l’injustice fait fleurir des terrains stériles pourvu qu’ils appartiennent à ceux qui parviennent à accéder à ce cercle vicieux et vicié.

En d’autres termes, faire de la population une masse de mendiants politiques et plonger nos compatriotes dans des conditions de vie misérables demeurent leurs objectifs malsains, cruels et inhumains. Dans les insondables bouleversements des faits qui meublent nos sociétés, l’histoire nous a appris que le lit de cactus ou de clous n’est pas exclusivement l’apanage du pauvre. Quand les responsables de ce pays étaient à l’école, est-ce de cette facon scabreuse et honteuse qu’ils rêvaient d’être utiles à leur pays ? Sont-ils fiers de leurs bilans de pirates pour avoir pris leur propre pays en otage ?

Les foyers de contestation se sont multipliés au Togo. Et à ce sujet, nous nous posons la question de savoir pourquoi il n’y a pas d’initiative de coordination de ces ensembles sociaux en ébullition. Ils semblent « oublier » paradoxalement que ce sont les mêmes raisons d’injustice et de survivance qui motivent leur mobilisation. Nous sommes tous sous le même parapluie qui ne saurait plus nous protéger ni du soleil, ni des vents, ni de la pluie. Le soleil noir et usé qui règne au Togo n’est plus en mesure de nous apporter le bonheur dont il nous a privés pendant 50 ans. La monotonie dans la médiocrité et les mensonges ne saurait être génératrice de progrès et de développement. À gorge déployée, nous disons haut et fort : « Non au scrutin de la félonie ! Retour à la Constitution de 1992 ! COURAGE ! Un jour ce pays sortira de son gouffre ! Et que vive la République ! »


Fait à Bremen, le 15 Avril 2015

Pour le Bureau National,

Le Président

Sese-Rekuah AYEVA
Ancien Membre du Haut Conseil de la Transition (HCR),
Parlement de Transition.