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Accès à l'eau potable: Nestlé investit 400 millions CFA dans des villages ivoiriens

Côte D'Ivoire - Societe
Quelque 140 000 personnes rurales des zones forestières, productrices de café et de cacao dans l’Ouest et l’Est de la Côte d’Ivoire ont désormais accès à l’eau potable et à un cadre de vie assaini, grâce à un projet dénommé "Eaux et assainissement (Watsan)" financé par Nestlé, et dont l’appui technique et la coordination ont été assurés par la Fédération internationale de la Croix-Rouge (FICR).
Ce programme qui a coûté 400 millions de FCFA jusqu'en décembre 2014, a permis, la réhabilitation de 148 pompes villageoises et la mise en route dans les villages visés, d'un processus appelé "Assainissement total par la communauté (ATPC)" avec pour objectif de parvenir au changement de comportement des populations cibles.

Cette "technique révolutionnaire" pilotée par la Croix-Rouge locale a permis, la prise de conscience de ces communautés villageoises quand aux avantages (santé, économie…) qu'elles peuvent tirer, en mettant en place une politique d'hygiène et d'assainissement dans leur cadre de vie.

Blaisekro, l'un des 44 campements satellites du "gros village" de Téhiri, situé à 9 km au Nord du département de Ouaragahio (Centre-Ouest) et à une quarantaine de kilomètres de Gagnoa, Chef lieu de région, à environ 271 km d'Abidjan, fait partie des villages bénéficiaires de ce programme.

En prélude à la journée mondiale de l'eau, célébrée ce dimanche 22 mars, le géant agro-alimentaire Suisse, Nestlé, a effectué le samedi 14 mars dernier, une mission-terrain dans ce campement de près de 200 âmes qui, grâce à la mise en œuvre du projet "Watsan" a pu avoir accès à l'eau potable, mais aussi, a réussi à intégrer dans les habitudes comportementales quotidiennes de ses populations, une prise en compte globale des notions d'hygiène et de l'assainissement de leur cadre de vie.

Dans ce campement d'une cinquantaine de cases et de constructions de types rectangulaires faites en banco (terre), se dresse fièrement une pompe villageoise. Sur un écriteau placardé sur la clôture qui la ceinture, on peut lire : "Pompe à motricité humaine, financée par Nestlé, réhabilitée par la Croix-Rouge Côte d'Ivoire, appui technique et coordination de FICR dans le cadre du projet Eaux et Assainissement (Watsan 2010-2013)".

Une vingtaine d'enfants de Blaisekro, village surnommé, "le petit Suisse" fredonne un chant de bienvenue à la délégation. Même si ce campement est encore loin des commodités dont bénéficient les villages de la Suisse, sa remarquable propreté, qui attire au premier coup d'œil le visiteur averti, représente sans doute, un atout majeur pour lui.

Ici, il n'existe aucune trace d'eau usée qui ruisselle, tout est bien rangé et tout semble être à sa place. Les ustensiles de cuisine sont exposés au soleil sur de longues tables de fabrication locale, faites de branches d'arbre et de pailles.

Plus loin, un enclos à bétail est visible dans l'enceinte duquel, broute paisiblement une dizaine de moutons et de cabris. Des enclos plus petits, derrière chaque concession du village sont également visibles.

Ces abris entièrement construits avec du matériau local (bois, pailles) après un constat, s'avèrent être des latrines. Devant chaque latrine, sont exposés des récipients remplis d'eau ou de cendre de bois. "A quoi sert cette cendre ?" interroge un membre de la délégation de Nestlé.

"La cendre possède des vertus antiseptiques, c'est pour tuer les microbes restés entre nos mains quand nous ressortons de la selle", explique un villageois, visiblement heureux.

‘'Le 22 mars marque la journée mondiale de l'eau. C'est une célébration importante parce que l'eau est source de vie'' déclare en substance, Omaro Kané, corporate au service de communication et des relations publiques de Nestlé Côte d'Ivoire, à l'entame d'une rencontre avec les populations.

"C'est la raison principale de notre visite à Blaisekro, ce matin", a-t-il poursuivi en direction des villageois. "On est venu voir ce qui a été fait ici, en matière d'eau et d'assainissement depuis 2012" a-t-il complété.

"Tout ce que vous voyez ça et là en termes d'efforts pour rendre sain notre cadre de vie est l'œuvre de ce que j'appelle +l'élément déclencheur+" a fait observer pour sa part, Paul Kouamé Kouassi, Secrétaire du chef de Blaisekro.

En effet, a-t-il expliqué, "le 23 février 2012, la Croix-Rouge a décidé de nous inscrire dans son programme Watsan. Elle a voulu partager avec la communauté de Blaisekro, une expérience qui consistait à faire venir sur la place publique, des excréments humains. Alors M. Gérard de la Croix-Rouge a déposé à quelques mètres de ce colis un peu spécial, un bol d'attiéké (mets ivoirien fait à base de manioc) sans le fermer".

"De nombreuses mouches se posèrent sur l'excrément avant de s'envoler ensuite pour se poser sur l'attiéké. Cet incessant ballet a continué de longues minutes sous nos yeux. Cette expérience qui nous a marqué pour toujours a été surnommée par la Croix-Rouge, le +déclenchement+", a-t-il poursuivi.

Selon M. Kouassi, "l'expérience vécue nous avait suffisamment fait prendre conscience des risques que nous encourons en déféquant à l'air libre".

"Depuis ce jour, nous avons compris qu'on mangeait à longueur de journée nos propres excréments par le biais des insectes et des animaux. Depuis cet instant, nous avons décidé à l'unanimité, sans aucune quelconque autres aides extérieures, de changer de comportement en mettant en place un programme d'action qui nous a permis après cette expérience de la Croix-Rouge, de construire 30 latrines pour les 30 ménages que compose notre communauté, 2 enclos à bétails et 13 claies à vaisselle", a-t-il confié.


Avant la mise en route de cette approche appelée "Assainissement total par la communauté (ATPC)" utilisée par la Croix-Rouge pour les faire changer de comportement, il n'existait que trois latrines dans ce campement qui n'étaient d'ailleurs pas fonctionnelles.

"Toute la communauté déféquait à l'air libre à cette époque", souligne le Secrétaire du chef de Blaisekro, faisant remarquer que "depuis la mise en application de notre plan d'action, nous tombons de moins en moins malades. Ce qui rejailli forcement sur notre économie puisque nous dépensons moins d'argent pour notre santé et nous sommes plus productifs au champ".

En mettant en place, un comité de gestion de l'eau et de l'assainissement, le village de Blaisekro a été certifié village FDAL (Fin de la défécation à l'air libre) depuis le 12 septembre 2012, suite à une inspection interministérielle (ministère de l'Education nationale et de l'enseignement technique, ministère de la santé et de la lutte contre le Sida, ministère de la construction, du logement, de l'assainissement et de l'urbanisme...).

"On ne va plus au marigot qui est à plusieurs mètres d'ici. Avec l'eau potable que nous recueillons ici à travers notre pompe, nous sommes de moins en moins exposés aux maladies", renchérit Béatrice Béhibro Amenan, la Trésorière du Comité de gestion de la pompe villageoise.

Concernant d'éventuelles prises en compte financière des réparations ou maintenances de la pompe, elle explique que "nous avons mis à contribution la communauté en mettant en place une caisse que chaque ménage est obligé d'alimenter à hauteur de 2400 FCFA par an".

Forte d'une communauté d'environ 200 habitants, Blaisekro, fondé en 1965 par Feu Blaise N'dri Kouassi, est un campement cosmopolite où vivent en parfaire harmonie des Baoulé ( Centre), des Senoufo et Tagbana (Nord), Agni (Est) et des ressortissants de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).

Les habitants de ce campement sont à majorité agriculteurs et produisent aussi bien du cacao et du café (agriculture industrielle) que de la banane, de l'igname et du manioc… (vivrier). Pour cette campagne agricole qui vient de s'achever, Blaisekro a produit cinq tonnes de cacao certifié.

En plus des acquis dont a bénéficié ce village à travers le projet "Eaux et assainissement" de Nestlé, Nanan Jérôme Kouadio N'Goran, le chef de Blaisekro, appuyé par ses notables rêve désormais, d'infrastructures modernes et de développement local.

"Le dispensaire le plus proche d'ici est à 10 km et l'école primaire à 5 km. Nous souhaitons donc avoir un dispensaire, une école primaire ou à défaut, une cantine scolaire dans l'école primaire déjà existante, et enfin sans aucune fausse modestie, nous souhaitons avoir accès à l'électricité'' a-t-il conclu, le regard tourné vers l'horizon.