Vous etes sur la version ARCHIVES. Cliquez ici pour afficher la nouvelle version de iciLome.com
 10:02:17 AM Jeudi, 28 Mars 2024 | 
Actualité  |  Immobilier  |  Annonces classées  |  Forums  |  Annuaire  |  Videos  |  Photos 


Présidentielle Togo : et si l'opposition changeait de stratégie ?

Togo - Politique
Investi par son parti pour la prochaine présidentielle, Faure Gnassingbé court vers un troisième mandat au Togo face à une opposition toujours plus divisée.
Si le projet de l'opposition au Togo, c'est de faire partir Faure Gnassingbé du pouvoir, elle ne s'y prend pas de la bonne manière. Porté au pouvoir par l'armée en 2005 à la mort de son père, le général Gnassingbé Eyadema, Faure Gnassingbé a été investi mercredi par son parti pour la prochaine élection présidentielle prévue le 15 avril. Et même si l'opposition et la société civile veulent l'empêcher de briguer un troisième mandat, elles n'arrivent pas à mettre toutes les chances de leur côté à ce scrutin à un seul tour.

"Présenter un candidat unique de l'opposition"

Tout le monde veut être président. Sur sa page Facebook, l'écrivain ivoirien André Silver Konan s'arrache presque les cheveux : "Bon sang, pourquoi les opposants togolais ne peuvent pas comprendre que la plus simple façon (alors vraiment très simple) de battre Faure Gnassingbé, dans un scrutin à un seul tour, est de présenter un candidat unique de l'opposition ?" Réponse d'Erick Sronkpo depuis le Togo : "Ils en sont conscients. Mais n'arrivent pas à s'accorder sur un nom. Alors ils tentent d'imposer des réformes qui vont modifier le mode de scrutin (pour adopter un scrutin à deux tours) et en même temps limiter le nombre de mandats. Le problème est que Faure est d'accord pour les réformes mais seulement après les élections. Du coup l'opposition togolaise, l'une des plus désorganisées d'Afrique, qui peine à mobiliser la population (pour imposer les réformes), se retrouve avec ''10 candidats uniques'' pour reprendre une expression prêtée à Faure Gnassingbé par un journal de la place..."

Pour l'instant, sept personnalités ont effectivement annoncé leur candidature. Parmi elles : Jean-Pierre Fabre, chef de l'opposition, Kofi Yamgnane, ancien secrétaire d'État français sous François Mitterrand, ainsi qu'Alberto Olympio, homme d'affaires et petit-neveu du premier président togolais Sylvanus Olympio, assassiné lors d'un coup d'État en 1963. Pour le président du Parti des Togolais, Alberto Olympio, il n'y aura "pas d'élection au Togo le 15 avril prochain si on ne s’est pas assuré qu’elles seront transparentes". Il s'était rendu dans la journée du 25 février 2015 au siège de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pour exiger que le fichier électoral soit mis à la disposition des partis politiques. En vain !

Un tour d'avance sur ses adversaires

En attendant, Faure Gnassingbé a la loi pour lui et un tour d'avance sur ses adversaires. Car, juridiquement, le président sortant est dans son bon droit. Contrairement à ce que dit l'opposition et pense l'opposition, il peut être candidat à la présidentielle dans son pays autant de fois qu'il le souhaite. La Constitution togolaise le lui permet, car elle ne fixe plus aucune limitation des mandats présidentiels depuis que son père avait supprimé cette restriction en 2002. La Constitution togolaise du 14 octobre 1992 votée par référendum précisait en son article 59 que "le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. En aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats." En juillet 2001, le président Gnassingbé Eyadema, 66 ans, au pouvoir au Togo sans interruption depuis 1967, confirme son intention de quitter le pouvoir en 2003. Mais surprise ! En 2002, une révision constitutionnelle modifie l’article 59 qui devient "le président de la République est élu au suffrage universel direct et secret pour un mandat de cinq ans, il est rééligible. Le président de la République reste en fonction jusqu’à la prise de fonction effective de son successeur élu". L'Accord-cadre intertogolais de Lomé (ACL), destiné à mettre fin à dix ans de tensions politiques et signé en juillet 1999 par tous les partis de la mouvance du président Gnassingbé Eyadéma et de l'opposition, est foulé aux pieds. La promesse faite à Jacques Chirac de ne pas solliciter un autre mandat passe aux oubliettes.

Le même sort que Blaise Compaoré

L'opposition et la société civile ont bien tenté de battre Faure Gnassingbé sur le terrain juridique. En juin 2014, leur projet visant à limiter le nombre de mandats présidentiels a été rejeté par le Parlement, où le parti au pouvoir est majoritaire. Dans la foulée, un autre texte a été introduit mais n'a pu être voté, en raison de blocages dans les discussions depuis quelques semaines au Parlement. Reste donc la voie de la rue, car le scénario burkinabè donne des idées à certains opposants togolais qui prédisent au fils d'Eyadéma, le même sort que Blaise Compaoré,

chassé du pouvoir le 31 octobre 2014, au Burkina. Sauf que l'opposition togolaise est très divisée et le pouvoir politique solidement soutenu par l'armée et les forces de sécurité. En novembre et décembre 2014, l'opposition et la société civile avaient manifesté à plusieurs reprises à Lomé, mobilisant des milliers de personnes dans la rue pour exiger des réformes politiques instaurant la limitation des mandats présidentiels. Quatre mois après rien n’a bougé. Il serait peut-être temps pour l'opposition de changer son fusil d'épaule.

Par Alain Aka
Le point Afrique.