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Présidentielle 2015: Vers un scrutin au forceps

Togo - Politique
Les Togolais se rendront aux urnes le 15 avril prochain pour élire un nouveau président de la République. Ainsi en a décidé le gouvernement mardi par décret pris en conseil des ministres, dont les travaux se sont délocalisés à Pya, à plus de 400 km de Lomé.
Mardi 24 février 2015. 21h 46 minutes sur l’horloge de la TVT, la télévision nationale. L’émission « Santé d’abord » qu’animait la consœur Carole Kpeto est subitement interrompue. Gerson Dovo, le présentateur vedette du journal de 20h sur cette chaîne, se présente précipitamment sur le plateau et annonce les travaux du conseil des ministres tenu ce mardi à Pya, dans le village natal du Chef de l’Etat. Il introduit la ministre de la communication madame Germaine Anate Koumealo. Cette dernière sourire aux lèvres, visiblement très contente, présente le compte-rendu des travaux du conseil des ministres.

Entre autres décrets pris ce mardi, la convocation du corps électoral au 15 avril prochain pour l’élection présidentielle. Le gouvernement a ainsi décidé de prendre tout le monde de court et de commencer sa marche vers des élections forcées, en violation de toutes les dispositions constitutionnelles et du code électoral.

La convocation du corps électoral qui s’est faite de façon cavalière et unilatérale violant ainsi toutes les dispositions de la constitution et du code électoral, présage déjà d’un scrutin forcé. Ainsi, le corps électoral est convoqué juste au lendemain de la fin des opérations de révision des listes CENIélectorales dans la zone 3. Sans que les étapes de vérification des doublons et autres réclamations ne démarrent à la , organe chargé de l’organisation et de la supervision de l’élection, le gouvernement fonce tête baissée, toute honte bue, et convoque un corps électoral qui n’est pas encore constitué; la liste définitive des électeurs n’étant pas disponibles au jour d’aujourd’hui. C’est donc un corps électoral fictif qui a été convoqué ce mardi en conseil des ministres, pour un nouveau vote des « bêtes sauvages ».

Le pouvoir togolais dit respecter ainsi le nouveau chronogramme élaboré par la CENI en séance plénière le 11 février dernier, séance à l’issue de laquelle elle a proposé la date du 21 avril pour la tenue du scrutin, violant elle aussi les dispositions de la constitution en son article 61 qui stipule que l’élection présidentielle se tient au plus tôt à 75 jours et au plus tard à 60 jours de la fin du mandat de l’actuel président, le 02 mai prochain donc.

Aujourd’hui nous sommes hors délai et ni la CENI, ni le gouvernement, ni la Cour constitutionnelle ne sont habiletés à proposer une date pour le scrutin. Ce que tous les juristes savent, y compris ceux du pouvoir. Mais puisque nous sommes au Togo, le pays des curiosités, tout est possible. En effet malgré la protestation des représentants du regroupement d’opposition CAP 2015 à la CENI qui se sont désolidarisés de ce chronogramme inique élaboré contre leur avis, malgré les multiples sorties des opposants et organisations de défense des droits de l’homme, malgré le dernier courrier adressé par le Chef de file de l’opposition en date du 10 février dernier au Chef de l’Etat appelant à une concertation de la classe politique pour déterminer une date consensuelle pour la tenue du scrutin, après bien sûr les réformes politiques, le pouvoir togolais a choisi d’opérer une nouvelle fois un passage en force, comptant sur la soldatesque. Il confirme ainsi la règle non écrite selon laquelle » la constitution et tous les textes du pays peuvent être piétinés, si et seulement si les intérêts du clan sont en jeu ».

Le gouvernement dans son décret pris hier en conseil des ministres, convoquant le corps électoral, a même fait fi de la date proposée par la CENI à savoir le 21 avril et a imposé celle voulue par le « prince », le 15 avril. Date que les anciens représentants d’Unir à la CENI n’ont pu obtenu et qui leur a valu d’être la débarqués manu-militari de leurs postes il ya une dizaine de jours. Comme quoi au Togo, ce que Faure Gnassingbé veut, Dieu le veut. Sa volonté est un ordre.

Le peuple togolais s’achemine encore une fois vers des élections bâclées, avec son corollaire de violence, comme cela a été toujours le cas, principalement en 2005 où on a dénombré entre 500 et 1000 morts selon plusieurs rapports indépendants. Les cris de l’opposition et de la société civile, qui comptant sur la forclusion du délai constitutionnel demandent une assise entre la classe politique pour l’organisation consensuelle du scrutin, ne seront jamais entendus. Le chien aboie, la caravane passe c’est le mot d’ordre en vigueur.

La communauté internationale comme à son habitude, attend que ça brûle avant de réagir. Apparemment cette communauté adore compter les morts et les blessés, quand il s’agit du vote sous les tropiques, principalement au Togo. Un pays qui ne les intéresse visiblement pas. La sortie du CAR le 19 février, accusant le groupe des cinq dans notre pays (France, Allemagne, USA, UE et PNUD) de cautionner la mascarade électorale en cours de préparation, n’aura rien changé. Tout se passe comme si le Togo était un pays perdu quelque part sur la planète, oublié de tous. La population quant à elle, livrée à elle-même et jetée dans la gueule du loup, ne compte que sur la providence pour être sauvée.