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"Gilchrist Ebola" ou la confirmation de l'immaturité politique de la masse populaire.

Togo - Opinions
Ce titre évocateur et provocateur de notre texte n’a aucunement pour objectif d’insulter le peuple togolais. Quiconque qualifie un peuple d’immature politique utilise un langage déplacé. Le peuple sait toujours faire face aux situations politiques. Ses comportements peuvent être interprétés de rationnels ou d’irrationnels. Mais seul, lui sait pourquoi il les adopte en un temps précis et dans un espace donné de son histoire. Le peuple togolais a démontré une rationalité comportementale dans le cheminement de sa lutte politique. Il l’a d’ailleurs si bien faite qu’aujourd’hui, si nous ne nous abusons, il peut raisonnablement se targuer d’être l’un des peuples les plus courageux dans la lutte pour la libéralisation totale du continent africain. Nous n'en voulons pour preuve que la détermination de ce peuple qui, conduit vaillamment par Sylvanus Olympio, a montré l’exemple et taillé sur mesure, les sentiers des "indépendances" africaines.

Non! Nous avons choisi ce titre pour dire que, si la masse populaire togolaise avait une éducation politique plus poussée, le peuple togolais acquerrait sa liberté en ayant trié à coup sûr entre ses vrais et faux leaders.
En réalité, notre peuple a tendance à suivre de pseudos leaders.
Il n'y a aucune raison à priori de lui tenir rigueur dans ce choix. En effet, le peuple togolais est un peuple déterminé et quand il dit non, c'est non. Il n’existe pas chez lui de demi-mesure, de compromis.
Ce comportement politique se justifie amplement: le peuple togolais est fatigué par tant d'années de brimade, d’humiliation, de duperie, d’abus de confiance et d’asservissement. Il a tellement connu les affres de la misère que quand on lui tend la farine, il veut et la farine et tous les ingrédients de la farine.
Voilà en gros, la sagesse d’un peuple qui s’est fait, à plusieurs reprises, mordu par le serpent et qui craint logiquement le ver de terre.
Voilà du coup, la psychologie politique de la masse populaire togolaise que certains partis politiques de l'opposition maîtrisent à suffisance et s’en servent malheureusement pour abuser le peuple.
Cette psychologie politique prend toute sa latitude du tort causé aux Togolais dans leur majorité et dans leur épanouissement par des femmes et des hommes politiques qui les ont gouvernés pendant un demi-siècle déjà. Elle se manifeste par un rejet total du système en place. Le peuple togolais ne croit entrevoir à nouveau son salut qu’avec le départ pur et simple du pouvoir, de certains de ses filles et fils qui le représentent actuellement.
Voilà pourquoi une partie majoritaire des Togolais ne s’attarde plus trop sur les actions du régime actuel, même quand elles sont raisonnablement positives. Le seul vœu du peuple togolais est que le système actuel s’enraye et que le pays prenne le chemin du renouveau.
Définitivement, il n’existe aucune confiance entre le peuple et ses dirigeants actuels. À cette situation s’ajoute une construction de même qu’un entretien constant d’une autoroute de démarcation entre les représentants et la représentativité du peuple.
Dans cette situation, chaque homme politique qui se dit être du côté de ce peuple et qui en même temps essaye de franchir cette barrière conflictuelle pour rapprocher les deux parties est voué illico presto au mépris public.
Ceux qui au contraire se proclament ouvertement et avec force de voix contre l’adversaire et qui jurent du moins le jour, de ne pas lui serrer la main, sont portés au triomphe par ce même peuple.
Voilà en général l’attitude de la masse populaire togolaise envers ses hommes politiques.

L’immense majorité des citoyens de notre pays qui s’érige en leaders de partis politiques "d’opposition" ou en représentants d’organisations de la société civile, connait ce comportement politique à la foule togolaise et par la stratégie de « l’appel à l’émotionnel », court-circuite chez le citoyen lambda, toute analyse rationnelle des événements politiques. À l’opposé, ces leaders créent chez la masse populaire, un conditionnement aversif contre les concurrents "à éliminer politiquement."
Ils tissent cette cage répulsive de différentes manières, notamment par de pseudos promesses à coup de trompette d’incantations aux formules fausses et sur fond de dénigrement.

Et la masse populaire suit puisqu'elle veut tout ou rien.

Le parti politique qui a su mieux tirer avantage de ce jeu psychologique politique de la masse populaire contre les hommes politiques, est l'UFC et aujourd’hui l'ANC.
Voilà pourquoi les leaders de ce Grand Parti sont non seulement adeptes du dénigrement d’autres leaders de l’opposition, mais aussi de la vocifération, faisant croire au peuple que, qui mieux dénigre, qui mieux vocifère, mieux est contre la partie d’en face et mieux est le seul capable de conduire le peuple à la terre promise.
Malheureusement ce théâtre politique n’est pas sans conséquence sur le combat de la libération de notre peuple. Il abrutit la masse, divise les forces combattantes et donne du temps à l’adversaire commun de mieux s’organiser.

Voilà pourquoi, il nous est difficile de porter ces deux partis dans notre cœur quoique nous portions une grande admiration pour Gilchrist Olympio.
Nous ne portions pas et ne portons pas ces deux partis dans notre cœur, parce que nous étions dès le début, de ceux qui étaient convaincus que les hommes qui les dirigent, à travers leurs comportements politiques inappropriés, conduiront irrémédiablement notre peuple à l'échec. Dans ce lot de leaders aux dons scéniques clairs qu’aux compétences politiques avérées, nous faisons amende honorable à Gilchrist Olympio comme dit plutôt.
Point de cacher que nous avions en ce qui nous concerne, critiqué certains choix fondamentaux portés par ce très grand homme en sa qualité de leader politique. Aujourd'hui néanmoins, il est pour nous clair que ces orientations étaient plutôt influencées par ceux-là même qui aujourd'hui, le trahissent. Dans ce schéma d’influence et de trahison, identifions notamment l’élève Jean Pierre Fabre, le grand-frère Lawson et la grande demoiselle de course Ameganvi.
Nulle raison de déballer la métamorphose des concitoyens (qui aujourd'hui mais un peu tard en veulent politiquement à JPF pour les mêmes raisons que nous, mais qui, hier, avaient voulu en vain heureusement, nous clouer au pilori parce que nous dénoncions les mêmes choses.)

Pour revenir aux choix politiques de l'UFC, disons que la stratégie de ce parti était de faire partir le régime par des cris de guerre dont l'écho ne portera malheureusement jamais loin. L'UFC porté par « les venus de France », « les venus de la Diaspora », était ainsi contre la voie de la négociation et du changement de l'intérieur, situation qui a fondamentalement été le point de discorde entre son leader et celui du CAR et qui a aussi périclité la lutte de libération du Togo.
À cette dissonance politique, Agboyibor avait l’habitude de dire à qui veut l’entendre qu’il n’existe aucun problème de personne entre Olympio et lui et que la seule question qui les opposait est le choix politique à faire pour conduire le peuple togolais vers la liberté.
L’ancien chef du CAR, mesurant les armes dont il disposait, optait pour la stratégie du changement de l’intérieur et du coup de la négociation ; le chef de l’UFC soutenu par un groupe en ébullition, voulait lui, un combat de titans.
En plus de ce choix titanesque, L'UFC jouait sur un autre front, celui du démantèlement des autres forces imposantes de l'opposition, notamment le CAR.
Il le faisait en appelant à l’émotion de la masse populaire.
Dans cette optique, ce parti ne perdait aucune seconde pour faire croire au peuple togolais que ceux qui négociaient avec le camp d'en face étaient des "ventrocratres" "des personnes qui allaient au mangeoire" "des vendus au diable", "des ivraies" que le peuple à vocation d'éliminer pur et simple et… immédiatement.
Ainsi, a-t-il complètement décrédibilisé le CAR et son leader de même que d’autres.
À ce sujet, qui n’entendait pas ce slogan : « Voter CAR, c’est voter RPT ! » « Voter CDPA, c’est voter RPT ! »
Tel, pour le rappeler, est le refrain favori des militants de l’UFC pendant les campagnes électorales.
Parallèlement à cette devise de dénigrement de masse, les leaders de l’UFC notamment Fabre, font tout pour saboter les accords portés par d’autres partis de l’opposition.
La plupart de ces consensus, s'ils avaient reçu toute l'unité et la pression de l'opposition dans son ensemble, étaient des accords politiques judicieux.
(Souvenons-nous ! L’ANC ne jure aujourd’hui que par l’APG pour forcer le pouvoir à revenir à la table des discussions sur les reformes. Reformes qui pour notre part, même faites, ne changeront en rien à la situation actuelle du Togo. Pourtant, JPF était de ceux qui avaient œuvré dans l’ombre pour saboter la négociation de ces accords !
Un autre point est que bizarrement, l’UFC, porté par la lumière de son mentor charismatique, est adepte des négociations unilatérales avec le pouvoir, se justifiant de sa position de parti le plus populaire au Togo.)

Finalement !

Très tard! Quand Gilchrist Olympio finalement veut se le jouer collectif.
Très tard! Quand Gilchrist Olympio a compris qu’étant donnée la configuration de l'opposition et surtout au parfum des coups bas qui s'y passent sans cesse, le seul procédé raisonnable à adopter pour ramener la confiance politique entre tous les acteurs et en même temps amorcer une saine discussion pour faire revenir notre pays sur de bons rails, était la négociation et le partage du pouvoir.
Très tard pour Gilchrist Olympio! L’opposition n’était plus en position de force pour négocier comme au temps où ses compères proposaient cette voie.
Trop tard surtout! Lors d’un conclave diabolique à Paris entre Jean Pierre Fabre, François Boko, Kofi Yamgnane, illuminé dans l’ombre par les hommes de main de la Françafrique, la fumée noire s’est dégagée et a carbonisé du coup et à jamais Gilchrist Olympio.
Très tard! Son élève l’a trahi sur l’autel des ambitions personnelles et futiles.
Très tard  aussi! Quand en silence et avec beaucoup de sagesse, il s’est déclaré malade, puis a porté son enfant politique à la représentation suprême de l’UFC.
Très tard! Car pensant négocier un deal avec le pouvoir en place et déjouer ainsi le jeu sordide des vrais ennemis du peuple, il s’est vu ensabler à la plage de Lomé et jeter aux caïds du Golfe de Guinée.
Très tard finalement ! Son parti s’est complètement explosé et son apprenti a bâti le sien à coup de traitrise.

En somme, Gilchrist Olympio, malgré ses faux pas politiques, n’est pas l’Ebola politique togolaise que la masse populaire doit fuir. Non! Gilchrist est un homme politique remarquable qui, en un moment donné de l’histoire de notre pays, a porté à lui tout seul, la lutte de tout un peuple.
Si cet animal politique avait pu allier sa bravoure politique aux qualités de stratège politique de Yaovi Agboyibor, le peuple togolais aurait été libéré il y a déjà belle lurette.
Il n’y a donc aucune raison valable pour que le peuple togolais le jette en pâture.
Notre peuple a plutôt le devoir historique de l’honorer au même titre que Maître Yaovi Agboyibor.
S’il y a finalement une vraie leçon pour le peuple togolais à tirer du parcours politique de Gilchrist Olympio, c’est de comprendre que la duplicité politique, la suffisance et la course individuelle au clocher ont élu domicile dans la maison de l’opposition togolaise et leur incarnation renouvelée est d’une part, l’explosion de l’UFC pour la création de l’ANC et d’autre part, la montée aux flambeaux des individus qui se positionnent parfois de force, leaders de la société civile et qui changent et rechangent d’habit.
Cette situation doit forcer la masse populaire togolaise à mûrir politiquement pour porter définitivement au front, une nouvelle génération saine, décomplexée et désintéressée.
La réorientation de la lutte de libération ainsi que la victoire finale en dépendent.


Se Togoata Asafo