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Adji Otèth Ayassor demande au Représentant-Résident du FMI de partir, l’institution riposte et fermera son bureau en mars prochain

Togo - Economie et Finances
L’économie togolaise est dans la tourmente par le bon vouloir d’une seule personne. Selon une source confidentielle, le ministre de l’Economie et des Finances, Adji Otèth Ayassor aurait mis fin aux fonctions du Représentant-Résidant du Fonds Monétaire International (FMI), M. Werner Ch. Keller. Pour qui connaît les rouages de l’économie mondiale, les jours à venir du Togo risquent d’être difficiles économiquement parlant, car nous apprenons que le 27 février prochain, une mission de l’institution mondiale sera au Togo pour procéder à la fermeture officielle du bureau du Togo. Jusqu’où Faure Gnassingbé est-il prêt à laisser ce ministre conduire les finances du pays ? Quel pacte l’homme à la rigueur sélective a-t-il signé avec le chef de l’Etat pour se sentir si intouchable ?
L’information est tombée dans les oreilles du quotidien LIBERTE la semaine dernière. De sources concordantes émanant de l’entourage du ministre de l’Economie et des Finances et du siège du FMI à Washington, Adji Otèth Ayassor a adressé une lettre mettant fin aux fonctions du Représentant-Résident du Fonds Monétaire International (FMI), M. Werner Ch. Keller. Pour tous ceux qui ne le savent peut-être pas encore, depuis plus de deux ans, le Togo n’est plus en programme avec l’institution financière mondiale, et l’une des conséquences directes est que le programme dénommé Stratégie de Croissance Accélérée et de Promotion de l’Emploi (SCAPE) censé relancer la croissance et remettre le pays sur les rails de la lutte contre la pauvreté, n’est pas financé. Et ce n’est pas le ministre de la Planification et de l’Aménagement du territoire, Djossou Sémodji qui dira le contraire, exécuteur testamentaire de la SCAPE qu’il est. Nous apprenons que lors de la session du FMI sur le Togo en octobre 2013, le ministre Ayassor avait fait clignoter des signaux encourageants qui faisaient penser que l’entrée du pays en programme avec le FMI était pour très bientôt. Mais depuis, silence radio, car qui dit entrée en programme, dit reddition des comptes. Et la présence du Représentant-Résident en la personne de M. Werner Ch. Keller n’allait pas arranger les choses.

En effet, nous fiant toujours à notre source au siège du FMI, nous apprenons que M. Werner, d’origine germano-helvétique, serait du genre qui aime la reddition des comptes et qui aime appeler un chat, un chat. Tout le contraire du ministre Ayassor. Donc très vite, la personnalité du premier a déplu au second, tant et intensément que suite à l’audit accablant du ministère de l’Economie et des Finances que le FMI a conduit, aucune des recommandations prescrites par l’institution mondiale pour corriger les anomalies monstres constatées n’a été encore mise en œuvre à ce jour. De là à conclure qu’Ayassor gère les finances du Togo comme son épicerie, le pas est vite franchi. « Le Togo n’a pas besoin de partenaires », aurait-il l’habitude de chanter. Si et seulement si les finances étaient gérées de façon rigoureuse, on comprendrait !

Espérant que le pays entrerait en programme après l’élection présidentielle prochaine, la direction du FMI aurait prolongé le contrat de M. Werner Keller – contrat qui devrait expirer mi-mars prochain – jusqu’à fin 2015. Mais après la visite du N°2 du département Afrique du FMI au Togo fin 2104 et après sa rencontre avec le ministre de l’Economie et des Finances, celui-ci écrit une lettre au FMI pour signifier le refus du Togo de prolonger le séjour du Représentant-Résident au-delà du 15 mars prochain. Conclusion, M. Werner Keller devra plier bagage et quitter le Togo, sur ordre d’Adji Otèth Ayassor. La question est de savoir si c’est le chef de l’Etat lui-même qui l’a instruit ou si c’est son aversion personnelle pour la personne de M. Werner Keller qui l’a amené à écrire ce courrier. En tout cas, ce qui semble certain, ce n’est pas pour une gestion rigoureuse des finances publiques, bien au contraire. Mais Ayassor aurait-il pu prévoir ce que serait la réaction du FMI suite à sa décision unilatérale de mettre un terme au contrat du Représentant-Résident ? Peu probable.

Le 27 février prochain, à moins d’un cataclysme, une mission du FMI sera au Togo pour rencontrer les autorités. Le but ? Notifier la décision de l’instance mondiale de fermer son bureau du Togo. Déjà que depuis plus de deux ans, le pays n’est plus en programme, l’acte que vient de poser Ayassor, répondant du FMI et des autres bailleurs de fonds pour le Togo, constitue la goutte d’eau qui fera déborder le vase, avec toutes les conséquences dévastatrices que cela impliquera.

En réalité, le FMI est le «déclencheur » de tous les autres bailleurs de fonds. Autrement dit, son quitus constitue une sorte d’assurance pour les autres financiers auprès desquels le Togo voudra emprunter de la liquidité. Et son départ du pays prive ce dernier d’interlocuteur direct pour des discussions futures quant à l’adhésion du pays à un autre programme du Fonds. Dans ses prescriptions, le FMI, pour soulager les pays, exige la reddition des comptes et propose que ceux-ci contractent des prêts à des taux concessionnels et donc supportables pour les économies fragiles dont celle du Togo. Mais avec la fermeture de son bureau du Togo, le pays risque d’être livré à des « fonds vautours » que sont les fonds souverains dont les taux sont excessifs et qui exigent des contreparties qui mettent les économies fragiles à genou. C’est ce à quoi Adi Otèth Ayassor veut soumettre le Togo. Reste à savoir si Faure Gnassingbé qui ne semble jurer que par lui, appréhende toutes les conséquences à venir.

Lorsque le ministre chante à tue-tête que « le Togo n’a pas besoin de partenaires », c’est qu’en tant que ministre de l’Economie et des Finances, il sait pertinemment que les recettes véritables du pays suffisent amplement à développer le pays. Et donc si au 21è siècle, le Togo n’arrive toujours pas à boucler un budget qui atteigne 1.000 milliards, alors Ayassor doit pouvoir dire les chemins qu’empruntent les richesses du Togo ; raison sans doute pour laquelle il a refusé de mettre en œuvre les recommandations issues de l’audit de ce ministère. Il est utile de rappeler que le Ghana qui, au plus fort de sa croissance, a ignoré les avertissements du FMI il y a quelques mois, est actuellement revenu à la table de négociations pour obtenir de la liquidité tant de l’instance que des autres partenaires, le FMI, comme dit plus haut étant le déclencheur des autres bailleurs de fonds.

Enfin, les citoyens ont encore en mémoire les gymnastiques et autres contorsions financières par lesquelles le pays est passé pour finalement être admis à l’initiative des Pays pauvres très endettés (PPTE). La contrepartie de l’annulation de la dette en ce temps était que le pays se mette à l’école de la bonne gouvernance et de la gestion rigoureuse des finances publiques. Mais sitôt l’admission acquise, les vieilles habitudes ont prospéré au point que « le veau ayant fini par pousser des cornes, cherche maintenant à encorner son sauveur »… Bon à suivre.

Abbé Faria