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OBSTACLES À L’UNION DES PARTIS DE L’OPPOSITION POLITIQUE AU TOGO

Togo - Opinions
La possibilité offerte aux acteurs politiques de participer à « l’animation » du jeu politique, avec un rôle central pour l’opposition, est l’un des piliers d’un régime démocratique.
Mais qu’est-ce que l’opposition politique ?

Dans l’encyclopédie Encarta, l’opposition politique est définie comme « un ensemble des forces politiques qui expriment des divergences importantes par rapport aux détenteurs du pouvoir ». Ces divergences ou autres manières de voir les choses sont non seulement importantes mais aussi fondamentales et essentielles.

Dans cette définition de l’opposition politique, nous retiendrons que l’on parle d’un « ensemble de forces politiques ». Qui dit « ensemble » dit action collective. L’opposition, poursuit Encarta, « est ouverte et collective. Lorsque la lutte contre les détenteurs du pouvoir est clandestine, il ne s’agit pas d’opposition mais de résistance. De même, l’opposition n’est pas normalement la critique individuelle mais le regroupement de personnes partageant des vues critiques sur la manière dont le pays est gouverné ». Enfin, Encarta dit que : « Pour qu’il puisse exister une opposition, il faut que le système politique d’un pays soit organisé et régi par des règles précises ».

Donc, il apparaît très clairement que, la condition sine qua non, pour parler d’une opposition politique est l’existence de la démocratie. Autrement dit, dans un pays où la démocratie n’existe pas, l’opposition politique ne peut exister.

Il faut signaler que dans un pays non démocratique, les fonctions de l’opposition ne peuvent guère être assumées de manière efficace.

Qu’en est-il de l’opposition politique au Togo ?

Pour répondre à cette question, nous sommes obligés de faire un zoom sur l’historique des mouvements et partis politiques d’opposition au togo.
En effet, le premier mouvement d’opposition dénommé : Bund der deuschter Togolander (Association de défense des intérêts des Togolais et pour le retour des Allemands) fut créé le 1er Septembre 1934 par l’intelligentsia germanophone Togolaise.

Pour les contrecarrer, le Gouverneur MONTAIGNE créé dans un premier temps, le Cercle des Amitiés Française (CAF) le 05 Septembre 1936. Cette association regroupait : Européens, notables, évolués, Chefs traditionnels… disposés à louer d’une seule voix l’œuvre de la France au Togo. Leur slogan était : «Vive la France et son œuvre salvatrice ». Ensuite il créé en 1941 le Comité de l’Unité Togolaise (CUT) regroupant les Chefs traditionnels du Sud au Nord, afin de consolider les liens face à la menace d’un retour des Allemands.

Le 26 Avril 1946, le CUT prend un virage nationaliste et indépendantiste. Alors, pour combattre ces nationalistes- indépendantistes, l’administration coloniale Française a initié la création d’un nouveau parti politique dénommé : Parti Togolais du Progrès (PTP) le 9 Septembre 1946, pour servir de contrepoids au CUT.

Il faut signaler que le PTP regroupe les Togolais qui s’affirment inquiétés par les prises de positions antifrançaises des partisans du CUT. A cet effet, le PTP affirme ses buts et ses moyens dans les termes suivants : « Nous sommes français depuis trente (30) ans. Nous pensons qu’il nous faut encore un certain délai pour parvenir à notre maturité politique que nous souhaitons voir arriver dans le cadre de l’Union Française ».

Le 23 Décembre 1946, le secrétaire général du CUT, Jonathan Savi de Tové est élu conseiller de l’Union française. (L’administration coloniale et le PTP sont mécontents). C’est pourquoi à la veille de la deuxième élection à l’Assemblée Nationale Française en 1951, les administrateurs coloniaux, conseillent les Chefs traditionnels du Nord d’abandonner le CUT pour créer leur propre parti : l’Union des Chefs et des Populations du Nord (UCPN), avec à sa tête Maman Fousseni et Dermane Ayéva. Ce parti apparaît sur la scène politique aux côtés du PTP.

Ainsi, la coalition PTP – UCPN a soutenu le candidat Nicolas Grunitzky qui remporta la deuxième élection à l’Assemblée Nationale de la République Française le 17 Juin 1951. Le CUT devient un parti d’opposition.

Toujours en 1951, le comité Directeur du PTP avait exclu Pédro Olympio pour indiscipline caractérisée. Il avait voulu se présenter à l’élection du 17 Juin 1951, mais le parti avait préféré Nicolas Grunitzky. Mécontent, il quitte le PTP et crée le MTP (Mouvement Populaire Togolais) avec le soutien du Gouverneur Yves DIGO. L’objectif du MTP est de « réaliser l’union de tous les Togolais autour de la France en mettant fin à une situation qui divise le pays en deux (2) blocs rivaux. Le CUT et MTP se retrouvent dans d’opposition.

Le 25 Septembre 1951, Mensah AITHSON crée la JUVENTO après avoir tenté vainement de créer la section RDA au Togo. La JUVENTO est un parti de tendance nationaliste regroupant essentiellement les jeunes. Ce parti a eu le mérite de poser en terme clair, le problème de l’autodétermination. Retenez que c’est le premier parti politique crée sur l’initiative d’un Togolais. Le CUT, le MTP et la JUVENTO se retrouvent dans d’opposition.

Le 12 Juin 1955, le CUT boycotte les élections pour le renouvellement de l’Assemblée territoriale. Le PTP et l’UCPN furent les seules composantes de cette législature.

Le 02 Janvier 1956, troisième élection législative anticipée à l’Assemblée Nationale Française. Le député sortant Grunitzky du PTP est réélu. Le CUT essuie un deuxième échec et conteste les résultats.

Le 21 Juin 1957, lors de la visite d'une délégation de l'ONU au Togo, les indépendantistes togolais manifestèrent leurs désapprobations des méthodes de l'occupant français et ils furent sévèrement réprimés.

Le 27 Avril 1958, organisation de nouvelles élections législatives sous supervision de l’ONU ; Victoire du CUT et des nationalistes. Sylvanus Olympio est appelé à former un nouveau gouvernement. Le PTP et UCPN se retrouvent dans l’opposition.

Malheureusement, la victoire du CUT a favorisé les règlements de comptes. Des heurts et des échauffourées violents, parfois sanglants, ont opposés les partisans du CUT et du PTP-UCPN.

Il faut souligner que généralement, la lutte des peuples pour leur indépendance galvanise leur attachement à un idéal : se libérer du joug de l’occupant. Cette lutte renforce leurs sentiments d’appartenir à une communauté de destin et d’avoir un patrimoine commun à défendre. C’est au cours de cette lutte que se façonne dans la plupart des cas, l’esprit patriotique. Mais, pour le cas du Togo, les partis politiques d’avant l’indépendance étaient pour la plupart l’émanation de la volonté de l’occupant, l’exemple du CUT, du PTP, de l’UCPN et du MPT.

Ces partis, au lieu de s’investir dans le combat contre l’occupant, étaient plutôt dressés les uns contre les autres par l’occupant. C’est pourquoi le Togo a accédé à l’indépendance dans un esprit de division sous tendue par la bipolarisation de la vie politique. Cette bipolarisation pouvait se justifier si elle était fondée sur les différences idéologiques plutôt que sur des clivages corporatiste, tribaliste et régionaliste, véritable terreau sur lequel elle prospère jusqu’à ce jour.

Le 27 Avril 1960, le Togo accède à la souveraineté internationale. Il faut donc se doter d’une loi fondamentale, c’est-à-dire d’une Constitution qui va régir la vie de la République. Ainsi, le 9 Avril 1961, a eu lieu le référendum constitutionnel et l’élection des députés. Le mode de scrutin pour l’élection des députés était le scrutin de liste. Le CUT se trouve victorieux et ses députés se trouvent seuls à l’Assemblée Nationale. Signalons que cette Constitution reconnaît les droits et libertés fondamentaux aux Togolais tels que la liberté d’opinion, d’expression, de publication et de presse. Elle reconnaît également la liberté de réunion, la liberté d’association et la liberté syndicale.

Mais, très tôt, le pouvoir en place prend des dispositions qui allaient à l’encontre des droits et libertés reconnus par la Constitution. Par exemple, la loi n° 27 du 16 Avril 1961 autorise le gouvernement à punir les individus dangereux pour l’ordre public, entre autres, en les éloignant ou en les expulsant pour une période inférieure ou égale à trois (3) ans. En vertu de cette loi, de nombreux adversaires politiques se sont retrouvés en prison ou en exil.

13 Janvier 1962 : Dissolution des associations constituées au Togo par le gouvernement Olympio. Leurs responsables sont accusés d’avoir fomenté un coup d’Etat. Le Togo se retrouve ainsi en situation de parti unique de fait.

13 Juillet 1962 : Par décret présidentiel, deux partis politiques, la JUVENTO et l’UDPT (Union Démocratique du Peuple Togolais) sont dissouts. Les troubles politiques deviennent de plus en plus fréquents. Sur ce fond de vives tensions politiques, vinrent se greffer les revendications corporatistes d’un groupe de togolais (soldats) démobilisés dans l’armée française à la suite des accords d’Evian qui mirent fin, le 18 Mars 1962, à la guerre que menait depuis le 1er Novembre 1954, le gouvernement français, en Algérie, contre les indépendantistes du Front de Libération Nationale (FNL). Sylvanus Olympio refuse la demande de la France qui l’oblige à les intégrer dans la nouvelle armée Togolaise.

13 Janvier 1963: Les soldats démobilisés dans l’armée française assassinent le Président Sylvanus Olympio. Immédiatement, les autorités de la seconde République rétablissent la JUVENTO et l’UDPT, partis politiques dissous le 13 juillet 1962. Le CUT entre temps devenu PUT se retrouve dans l’opposition.

14 Avril 1967: Le lieutenant-colonel Etienne Eyadema prend le pouvoir.

13 Mai 1967: Dissolution de toutes les associations et partis politiques sur le territoire national. L’État d’exception mis en place en 1967 a duré treize ans (14 Avril 1967 au 09 Janvier 1980). Il faut noter que depuis la prise du pouvoir par Eyadéma, jusqu’en Décembre 1979, le Togo a vécu sans Constitution. L’ordonnance N°1 du 14 Janvier 1967 (après dissolution de l’Assemblée nationale), relative à la création du Comité de Réconciliation Nationale, concentre entre les mains du Chef de ce Comité, le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif.

Les droits et libertés fondamentaux reconnus par les deux précédentes constitutions sont supprimés. Il s’installe un Etat policier au sein duquel les citoyens étaient étroitement surveillés. Par exemple, l’ordonnance N° 67-101 du 13 Mars 1967 oblige les citoyens à déclarer aux services de la Sûreté Nationale les machines à écrire et à reproduire. Les contrevenants sont passibles d’une peine d’emprisonnement ou du payement d’une amende ou les deux à la fois.

Le 30 Août 1969, un appel du chef de l’État Etienne Eyadema, à Kpalimé, a convié les forces vives du pays à s’unir dans un creuset national : « Le salut du Togo est dans l'union de tous ses fils au sein d'un seul et véritable creuset national où viendront se fondre les forces vives de ce pays à quelque parti qu'elles aient appartenu ». Cet appel a conduit à la naissance du Rassemblement du Peuple Togolais (RPT) en Novembre 1969. Progressivement le RPT a embrigadé toutes les forces vives sous forme d’aile marchante du parti.

Dès lors que tous les fils de la Nation viennent s'unir au sein « d'un seul et véritable creuset national », l'on assiste à l'anéantissement de toutes manifestations contestataires ouvertes contre le pouvoir. En dehors de la contestation occulte, les seules manifestations ouvertes étaient des soutiens au pouvoir.

Mais, à partir de 1990, les Togolais commencent à réclamer avec insistance la liberté, la démocratie et le multipartisme. Les groupes clandestins et les groupes de pressions se forment à tous les niveaux surtout au niveau de l’Université de Lomé par des mouvements étudiants : Mouvement des Etudiants en Lutte pour la Démocratie (MELD), Groupe de Réflexion et d’Action des Jeunes pour la Démocratie (GRAD) , Organisation Universitaire en Lutte pour la Démocratie (OULD) , Front des Etudiants en Lutte pour la Démocratie (FELD) et par des professeurs tels que Houenoumadji AFAN, Ayayi APEDOH-AMAH, Ekoué ADAMA EKOUE qui animaient la revue « Propos Scientifique » et du Barreau avec Me Yawovi Agboyobo qui était aussi le Président de la Commission Nationale de Droits de l’homme (CNDH). A partir de ce moment, les choses se précipitent.

A la suite d'une réunion le 02 Avril 1990, l'étudiant Nayonne disparut. Avocats et professeurs fondèrent la Ligue Togolaise des Droits de l'Homme (LTDH) pour dénoncer cela.

D'autres nouveaux regroupements dont l'Association Togolaise de lutte contre la Torture (ATLT) de Jean Yaovi DEGLI, l'Association Togolaise pour la Liberté de la Presse (ATLP) et le Front des Associations pour le Renouveau (FAR) virent le jour.

16 Mars 1991, le Front des Associations pour le Renouveau (FAR), dirigé par Me AGBOYIBO, organisa un mouvement de soutien aux étudiants malgré l'interdiction du gouvernement. Des morts et blessés furent recensés après le face à face manifestants et forces de l'ordre. Tout ceci contraint le Président de la République à rencontrer les responsables du FAR dans la journée du 18 mars 1991. Rappelons que l’une des revendications de FAR est, l’instauration du multipartisme au Togo. On assiste alors à la mise en place d'une commission mixte paritaire qui doit trouver des solutions aux questions qui sont l'objet des manifestations.

Le 11 Avril 1991, le Chef de l'Etat, dans son message à la Nation, lance le processus de création des partis en ces termes : « Togolaise, Togolais, le processus devant nous conduire au multipartisme est désormais arrêté. Comme convenu, l'Assemblée Nationale examinera et votera les projets de loi portant amnistie générale et charte des partis, afin que nous puissions les promulguer le 12 Avril 1991. Ainsi, à compter du 12 Avril, les partis politiques pourront se constituer et exercer leurs activités » (Extrait du discours à la Nation, « La Nouvelle Marche » du 12 avril 1991 p.3).

Plusieurs partis politiques ayant été créés à partir du 12 Avril 1991, le FAR qui négociait avec le pouvoir en place a été dissout par ses fondateurs et un autre regroupement : le Front de l'Opposition Démocratique (FOD) a vu le jour.

Lors d'une rencontre entre le Front de l'Opposition Démocratique et le Président de la République le 16 Mai 1991, la question d'une Conférence Nationale fut soulevée. Ainsi, le 25 Mai 1991 un comité préparatoire fut mis sur pied. Ce comité prépara la conférence qui débuta après plusieurs reports le 08 Juillet 1991.

Juste après la Conférence Nationale Souveraine, l'opposition togolaise se retrouve à Cotonou et désigne Édem Kodjo comme son unique candidat à l'élection présidentielle de 1993. Mais, cette candidature ne sied pas à tout le monde au sein de l'opposition. Yawovi Agboyibo, pourtant promoteur de l'idée à Ouagadougou pendant les négociations, déclare que son parti, le Comité d'Action pour le Renouveau, aura son propre candidat. Gilchrist Olympio aussi n’était pas d’accord sur cette nomination et deux autres partis politiques réunis au sein de « l’Alliance pour la défense des intérêts du peuple» ont désigné, M. Boukari Djobo comme leur candidat.

En 2005, l’opposition a décidé de présenter un candidat unique contre Faure Essozimna GNASSINGBE, le candidat du RPT, mais cela n’a pas marché. Une Coalition de six partis de l'opposition (ADDI, CAR, CDPA, PSR, UDS - TOGO et UFC) a soutenue la candidature de Mr Emmanuel Bob AKITANI. Harry OLYMPIO du RSDD et Nicolas LAWSON du PRR aussi ont déposé leurs candidatures. Il faut signaler que, plus d’une cinquantaine de partis politiques dits de l’opposition, étaient restés bras croisés. Donc quand les gens appelaient Bob AKITANI candidat unique de l’opposition, certains leaders de partis n’étaient pas d’accord.

En 2010, l’opposition politique est allé à l’élection présidentielle en rang dispercé. Fabre Jean-Pierre était le candidat du FRAC, une coalition de trois (03) partis et d’un Mouvement de l'opposition (ADDI, PSR, UFC et SURSAUT-TOGO). il y a eu également, la candidature d’autres leaders de l’opposition à savoir : Me Yawovi AGBOYIBO du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR), Gabriel Messan Agbéyomé KODJO de l’Organisation pour Bâtir dans l’Union un Togo Solidaire (OBUTS), Mme Brigitte Kafui ADJAMAGBO-JOHNSON de la Convention Démocratique des Peuples Africains (CDPA), Bassabi KAGBARA du Parti Démocratique Panafricain (PDP) et Nicolas LAWSON du Parti du Renouveau et de la Rédemption (PRR).

Pour la présidentielle de 2015, le souhait de voir l’opposition politique présenter un candidat unique a été exprimé par beaucoup de togolais, mais très vite, la guerre des chefs a reprit et à ce jour, seuls six partis politiques à savoir : le PSR, la CDPA, PDP, SANTE DU PEUPLE, UDS- TOGO et l’ANC, soutiennent la candidature de Fabre Jean-Pierre.

Comme vous pouvez le constater, le Togo souffre non seulement de la gestion du régime en place, mais aussi de l’inefficacité des méthodes de l’Opposition. Les raisons de cette inefficacité peuvent se résumer dans les termes suivants: La guerre des chefs, la course hégémonique au pouvoir et la guerre médiatique dans laquelle chaque camp tire à boulet rouge sur l'autre.
Au lieu de faire des blocs et de se donner les moyens pour créer le rapport des forces en sa faveur, des chefs de partis, poursuivent sans ménagement la concurrence entre eux. Certains responsables de partis politiques, refusent toute alliance fondée sur une plate-forme de lutte.

Le peuple togolais a toujours exigé des partis politiques de l’opposition démocratique de s’entendre pour opérer le changement souhaité mais, ce peuple n’a jamais fixé les modalités aux partis politiques.

L’expérience a montré que toutes les unions qui ont jalonné la vie politique au sein de l’opposition togolaise ont été des unions bidons, opportunistes et sans principes. Cette situation a toujours eu pour conséquences, le fait de les voir voler en éclats au bout de quelques mois d’existence avec des guéguerres de chefs interminables et désolantes. Ces unions ont toujours été un marché de dupes dans la mesure où les gros poissons cherchaient à avaler les petits poissons, lesquels cherchaient à leur tour à dégraisser les plus gros.

La création de ces unions a toujours marqué les temps forts des déchirements au sein de l’opposition. Nous ne voulons pour exemple que les unions : COD1, COD2, le G8, l’Union CAR-PDR-UFC, le FRAC, le CST, la CAEC et récemment CAP 2015.
Il faut signaler que jusqu’ici, l’ensemble des regroupements initiés par les partis politiques de l’opposition se sont déroulés sur fond de méfiance réciproque entre les partis membres de ces regroupements.
Mais, comment comprendre cette méfiance des partis de l’opposition ?

Il y a méfiance, parce qu’au Togo, chacune des différentes composantes de l’opposition politique a ses propres plans, lesquels ne visent que la satisfaction de ses propres ambitions ou de la valorisation de son égo. Alors, lorsqu’arrive le moment de se mobiliser pour une action unitaire sur les principes démocratiques, la guerre des chefs est déclarée.

Signalons que, certains leaders de l’opposition sont des opportunistes qui fonctionnent selon le principe de « ôte-toi de là que je m’y mette », face à un pouvoir qui est régi par le principe de « j’y suis, j’y reste ». Ces opposants tournent avec le vent. Le matin, ils sont opposants ; le soir, ils sont avec la majorité au pouvoir. Ils mangent à tous les râteliers. D’où, les trahisons, les délations et autres reniements qui caractérisent l’opposition politique togolaise.

Il faut reconnaitre que, le pouvoir qui a interdit pendant de longues années l’émergence de nouveaux partis, a contribué fortement à enraciner ce phénomène. Ensuite, le refus du pouvoir en place d’accorder des financements aux partis politiques de l’opposition pour qu’ils puissent fonctionner normalement, a aussi fragilisé l’opposition politique. Alors, faute de moyens, certains partis qui étaient au départ dans l’opposition politique, vont s’aligner sur la politique du pouvoir.

Mais, est-il normal que des partis politiques de l’opposition s’alignent sur la politique du pouvoir alors que la base militante est diamétralement opposée à cette démarche ? la répone est – NON -.
Que doit faire l’opposition politique togolaise pour remédier à cette situation ?

1. L’opposition politique togolaise si elle veut être efficace et obtenir des résultats probants dans le sens du changement, elle doit être unie. Cette unité devrait se faire non pas autour du partage du pouvoir qu’on appelle ici « gâteau », mais autour d’une vision commune. Il faut rappeler que, l’unité de l’opposition n’est pas synonyme d’unanimisme électoral. Il s’agit ici de voir une opposition une et diverse. Unie dans la vision commune et diverse dans les voies d’approche et les programmes d’action.

2. Il est clair que sans démocratie, nous ne pouvons parler d’opposition politique. Donc, le seul combat qui peut mobiliser les togolais avant qu’on ne puisse parler d’opposition politique, c’est le combat pour la liberté et pour la démocratie. Alors, les opposants doivent s’engager dans la lutte pour passer de la dictature à la démocratie. Cette lutte pour la démocratie devrait commencer au sein des partis de l’opposition eux-mêmes. En effet, comment parler de démocratie pour la grande société lorsqu’au sein du parti, la démocratie n’existe pas ? Par exemple, comment parler d’élection démocratique, lorsqu’au sein du parti, on est incapable d’organiser les primaires pour désigner les candidats du parti aux élections générales ?

3. Les leaders de l'opposition politiques doivent apprendre à développer la culture du débat contradictoire et constructif. La plupart des débats auxquels nous assistons sont très superficiels et manquent de rationalité. On laisse parler plus ses émotions, ses sentiments que sa tête. Aussi, a-t-on assisté parfois à des pugilats qu’à un débat d’idées en pleine émission télévisée ! Bien plus, les débats doivent apporter quelque chose de constructif. En fait, l’opposition devrait apprendre à s’opposer et à proposer : « Je m’oppose à ceci et je propose cela ».

4. Les leaders de l'opposition politiques doivent apprendre à payer le prix du changement à la manière d’un Mahatma Ghandi, le père de l’indépendance de l’Inde qui n’a jamais été premier ministre ni président de l’Inde, qui n’a occupé aucun poste ministériel, mais qui a payé le prix de sa vie. Pensons aussi au Pasteur Martin Luther King aux USA qui a mené un combat déterminé contre le racisme et qui a payé aussi le prix de sa vie.

5. Les leaders de l'opposition politique togolaise, doivent créer une structure devant représenter les intérêts de tous les opposants. Par exemple « la coalition nationale de l'opposition politique ». Et c’est au sein d’une telle coalition que les plates- formes revendicatives communes seront élaborées. Ils doivent éviter d’aborder les questions de candidature unique au sein de ce regroupement. Ensuite, pour éviter de créer des unions de façades, il faut que les partis qui ont une même vision s’associent pour créer des coalitions électorales. Mais avant cela, chaque parti politique doit discuter avec sa base. L’erreur que les leaders des partis politiques de l’opposition font souvent, c’est qu’ils ne discutent pas avec les militants à la base avant d’engager le parti dans une coalition. Ils oublient que, si la base n’est pas d’accord, cela ne marchera jamais. C’est ce qui amène les militants des partis qui ont une popularité, à traiter les autres de moins que rien. Mais, si la base est sensibilisée du bien-fondé de l’union et qu’elle accepte, tout marche à merveille. C’est comme ça que fonctionnent les syndicats. La tête n’impose rien à la base. Au contraire, la tête sensibilise et conscientise la base sur le pourquoi d’une démarche.

6. L’unité de l’opposition politique ne subsistera que si les leaders se respectent. ils doivent surtout savoir que : « Quand il y a le feu à la maison, on cherche d'abord à l'éteindre, ensuite on examine les causes de cet incendie pour se protéger pour l'avenir. »

7. L’opposition politique doit faire attention pour ne pas compter à 90% sur les puissances euro-américaines ou ce que l’on appelle « la communauté internationale » qui en réalité n’est qu’une « maffia politico-financière internationale ». Il suffit, pour s’en convaincre, de voir le tour des capitales occidentales que les uns et les autres font à l’approche des échéances électorales. Une façon de dire que le pouvoir des uns et des autres, est avalisé par les « grandes » puissances euro-américaines.

8. Il faut que les partis de l’opposition politiques soient représentatifs sur tout le territoire du pays. Aujourd'hui, la présence des partis politiques de l’opposition dans certaines localités n'est visible que lors des campagnes électorales. Leurs activités se focalisent dans les zones qui leur sont favorables ou dans leurs localités ethniques. Cette attitude ne favorise pas un climat de confiance entre les populations qui forment l'électorat et les candidats des partis politiques.

9. Les partis politiques de l’opposition doivent comprennent que, l'ethnie n'est pas un instrument politique, pas plus qu'une variable de la participation politique sur laquelle il faut s'appuyer pour avoir de la popularité ou des voix. Il est bien clair qu'aucun parti ne peut se prévaloir de gagner une échéance électorale en s'appuyant rien que sur une ethnie. Ils ont le droit de concourir au pouvoir comme leur recommande l'article 2 de la charte des partis politiques qui reconnaît que les partis politiques ont « pour objet de concourir à l'expression de la volonté politique des citoyens et à leur formation civique », mais pas en instrumentalisant l'ethnie.

10. Quand vous êtes leader d’un parti politique de l'opposition, il faut éviter de commenter les activités des autres partis politiques de l'opposition. Sinon vous serez la risée du parti au pouvoir.

11. Les partis politiques de l’opposition, doivent organiser régulièrement des sessions de formations, en vue de former les militants et les sympathisants sur la culture démocratique, les thèmes politiques, le fonctionnement d’un parti politique, la bonne gouvernance, les droits et les devoirs des citoyens etc.….

12. Comme toute association, un parti politique doit, de temps en temps organiser des séminaires pour renforcer les capacités des dirigeants du parti.

13. La communication est un élément essentiel pour la survie d’un parti politique. A cet effet, il faut une cellule de communication responsable, digne et honnête. Ensuite, les partis politiques de l’opposition doivent avoir des bulletins d’informations (en langue officielle et en langues locales), pour permettre aux militants et sympathisants de mieux comprendre leur fonctionnement interne et l’actualité politique dans le pays.

14. Les membres des partis politiques de l’opposition, doivent payer régulièrement leur cotisation pour que le parti ait une autonomie financière. Car, si un parti politique de l’opposition n’a pas les moyens financiers pour mener ses activités, il est très facile au pouvoir en place de le déstabiliser.

N’oublions pas que, l'état du délabrement social a un impact non négligeable sur le psychique de l'homme. Comment peut-on demandé à quelqu'un qui n'a pas mangé, qui n'a pas de quoi se soigner, de vivre conformément aux bases idéologiques de sa pensée politique. Peut-il avoir le luxe de faire des choix idéologiques dans la pauvreté? Quelle idéologie politique un être affamé peut développer, défendre et appliquer lorsqu'il n'a même pas de minimum vital?

15. Il faut que, les partis politiques de l’opposition qui n’ont pas encore une assise nationale, c’est-à-dire ceux que nous appelons les petits partis politiques, ne se pressent pas car, la popularité ne se gagne pas en un jour et on ne vient pas en politique pour s’enrichir ou pour se faire un nom. On vient en politique pour servir et défendre les populations. Faire la politique c’est opter pour une mission sacerdotale. Un bon politicien s’engage pour la protection des droits de l'homme et le triomphe des valeurs démocratiques.
16. Il faut que, les petits partis politiques de l’opposition, se fusionnent pour former de grands partis. C’est le seul moyen d’éviter les coups bas et les alliances qui se font et se défont dans les coalitions politiques que le Togo à connue depuis 1958. C’est le lieu de féliciter Mr Edem KODJO qui a initié la création de la CPP. Il est vrai que la CPP n’est pas le premier du genre mais, les membres fondateurs ont une même vision de la politique, c’est pourquoi ils sont toujours soudés. Si vous avez souvenance, c’est à travers la fusion de huit (8) partis politiques que l’UFC a vu le jour. Elle regroupait (l'UTR de Marc Atidépé, le PDU de Savi de Tové, l'ATD de Adani Ifé, l'UDS de Antoine Folly, le MTD de Ohin Elliott (parti dont Gilchrist est issu), le SDT de Lawson Body Laté Madjé, le PFC de Bob Akitani et le FCDDT de Akouété Pascal Olympio). Malheureusement, certains partis se sont vite désolidarisés. Parce qu’ils ne partagent pas l’idéologie politique du Président Gilchrist Olympio.


17. Il faut que, chaque bloc politique, soit constitué avec des hommes qui professent la même doctrine politique. Ces blocs doivent respecter un certain degré de démocratie interne. La responsabilité des dirigeants, les méthodes de consultation des membres et de l’électorat dans son ensemble, la présence locale et régionale et la transparence dans la sélection des candidats sont certaines des composantes de la démocratie interne.

N.B : Il est temps que les militants des partis politiques qui demandent à leurs leaders d’êtres candidats à l’élection présidentielle sachent que : Pour une campagne présidentielle, il faut débourser au moins 500.000 F CFA par canton pour les meetings, ce qui fait un total de 192.000.000 F CFA pour les 384 cantons que compte le Togo.

Ensuite, il faut au moins 2.000.000 F CFA par meeting dans une préfecture, soit un total de 70.000.000 F CFA pour les 35 préfectures que compte le Togo.

Pour les gadgets, un parti qui est installé dans les 35 préfectures du Togo peut dépenser au minimum 5.000.000 F CFA par préfecture. Ce qui fait un total de 175.000.000 F CFA.

Quant à la commune de Lomé, il faut un minimum de 100.000.000 F CFA pour les meetings et gadgets dans la trentaine de quartiers que compte la grande ville de Lomé.

Aujourd’hui la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) a créé 4088 Bureaux de Vote (BV) sur toute l’étendue du territoire national. Alors s’il faut prendre en charge au moins 01 délégué par Bureaux de Vote et ceci pour une modique somme de 5000F/jour, il faut débourser un montant total de 20.440.000 F CFA pour les 4088 délégués. Alors, si nous additionnons toutes ces dépenses, il faut au moins un budget de 555.440.000 F CFA pour qu’un parti politique fasse une bonne campagne présidentielle au Togo.

En analysant ces chiffres, je me suis rendu compte que, les dépenses effectuées en 2010 par les 06 candidats de l’opposition à savoir : Jean-Pierre Fabre, Yawovi AGBOYIBO, Brigitte ADJAMAGBO, Nicolas LAWSON, Agbéyomé KODJO et Bassabi KAGBARA ; dépassent trois Milliards de francs CFA (3.000.000.000 F CFA). Ce qui dépasse de loin le fonds de démarrage du FNFI.
Alors soyons réaliste. Si un leader politique sait qu’il n’a pas la popularité pour gagner l’élection, vaut mieux qu’il utilise les centaines de millions qu’il a prévu pour la campagne présidentielle pour créer des entreprises dans sa localité. Cela aidera beaucoup les jeunes de sa préfecture.

D’ailleurs, l’Article 120 du code électorale stipule que : « les dépenses engagées par les partis, les regroupements de partis politiques et les candidats indépendants durant la campagne électorale sont à leur charge. Et, il est interdit à tout candidat à l’élection présidentielle d’engager plus de cinq cent millions (500.000.000) de francs CFA de dépenses pour la campagne présidentielle.

Que l’Eternel guide nos leaders politiques.



© 30 Janvier 2015