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Le Togo est pris en otage par des idéologies fondées sur la négation de Dieu, selon Me Yawovi Agboyibo

Togo - Politique
Quelles sont les raisons qui expliquent l’échec de la lutte politique de l’opposition togolaise depuis plus de deux décennies ? Chaque responsable politique et de la société civile a sa réponse à cette question que se posent la plupart des Togolais. Me Yawovi Agboyibo, président d’honneur du Comité d’Action pour le Renouveau CAR, a aussi la sienne.

En effet, dans sa parution numéro 451 du jeudi 29 janvier 2015, le journal « Le Changement » reproduit un exposé présenté le 18 janvier dernier par l’ancien Premier ministre du Togo lors de la Convention des jeunes Libéraux du CAR.

Pour le Président d’honneur du CAR, si les diverses coalitions constituées en réponse aux appels des populations à l’union de l’opposition ont toutes échoué, c’est parce que pour se mettre ensemble, les partis membres ont dû mettre en veilleuse leurs idéologies. Il en est résulté des cacophonies qui ont entravé l’aboutissement du résultat recherché. Me Agboyibo estime à ce propos, qu’il faudrait repenser à l’avenir la dynamique unitaire en prenant en compte les spécificités idéologiques pour assurer une meilleure gestion de la diversité des courants politiques qui s’engagent dans une coalition.

Parlant de l’idéologie du CAR, l’orateur a retracé ses origines et ses caractéristiques. Il a rappelé comment cette idéologie a été appliquée et a permis au pays de réaliser de multiples acquis dans le passé. « Les expériences que j’ai vécues de 1987 à 1991, à la tête de la CNDH et du FAR, en 1999 à l’occasion des négociations de l’Accord-cadre de Lomé et récemment en 2006 en dirigeant les travaux de l’APG, m’ont convaincu que la conscience la plus fermée à la lumière peut s’ouvrir à tout moment au bien pourvu qu’on sache y procéder… ». Car, a-t-il précisé, en revenant aux sources de la création de la CNDH à un moment où le pays était dirigé par le Général Eyadema : « toute personne humaine, quelle qu’elle soit et quoi qu’on en dise est porteur de l’étincelle du bien, de l’étincelle divine. Par accumulation des décombres, il arrive souvent que l’étincelle divine soit ternie au point de laisser croire qu’elle s’est éteinte. Mais ce n’est là qu’une impression. Car sous les décombres et malgré le poids des décombres, l’étincelle divine est toujours présente. Elle peut à tout moment briller à nouveau pourvu que les circonstances concourent à la mettre en mesure de s’affranchir des décombres pour renouer avec la lumière divine », a-t-il indiqué.


L’ancien Président de la CNDH, du FAR, du CAR et du Dialogue national/APG, a poursuivi ses expliquant en insistant sur le fait qu’il aurait été illusoire de penser que le Président Eyadema pouvait de lui-même, sur de simples conseils, à force d’exhortations ou de dénonciations, se remettre en cause. Il se croyait à l’abri de toute turbulence par l’ambiance de « complaisance » dont ses collaborateurs l’entouraient. Il a fallu l’amener à s’en démarquer en le persuadant de leur « nocivité ».


Les seuls moyens efficaces à utiliser pour y arriver, ce sont les pressions non violentes, préconise-t-il et de s’expliquer : « Nous y avions recouru abondamment à l’époque à travers la sensibilisation des populations à prendre conscience de la situation inadmissible de privation de leurs libertés et de la nécessité de se battre pour y mettre fin, l’incitation à la création d’organisations de droits de l’Homme comme cadres d’éveil à l’engagement citoyen pour le changement, les manifestations d’indignation des populations, l’implication des organisations internationales des droits de l’Homme aux cotés des togolais en lutte pour leurs libertés, les actions visant à informer la communauté internationale des abus du régime, etc. », a-t-il dit.


Ces pressions avaient pour cible le « système en place ». Elles visaient à amener le dirigeant incarnant le système, le Général Eyadéma, à s’ouvrir à un dialogue susceptible de répondre aux attentes des populations, avance l’orateur pour qui, « cette éclosion fut bien des fois perçue avec étonnement. Elle était en réalité une émanation de l’étincelle-amour. Elle procède d’une énergie intérieure qui met à l’abri des intimidations et des séductions. Elle implique la mise en confiance de l’adversaire par le respect de sa dignité et l’effort d’empathie pour déceler ses inquiétudes, ses intérêts inexprimés et ses ressentiments de façon à les prendre en compte pour dénouer les blocages. Cette première mise en confiance allait de pair avec celle à réaliser à l’endroit des populations de qui les leaders du mouvement tenaient leur légitimité. Et ce n’était pas facile. On était à une époque où les marxistes commençaient à infiltrer le processus et tentèrent d’inciter les jeunes au refus du dialogue pour les rallier à leur idéologie », mais les leaders de l’époque ont su « déjouer » ces « manœuvres », confie-t-il.



C’est d’ailleurs grâce à cette double relation de confiance, insiste Me Agboyibo dans son exposé que ces leaders étaient parvenus à amener le Président Eyadema à passer outre « l’hostilité » de plusieurs de ses collaborateurs, pour accepter de rétablir le multipartisme et les libertés individuelles et collectives qui constituent jusqu’aujourd’hui les fondamentaux du processus démocratique togolais, de faire dissoudre dans le cadre d’une assise nationale tenue en juillet 1991, le gouvernement et l’Assemblée monolithique RPT à remplacer par des institutions transitoires, de faire investir ces institutions transitoires de la mission d’élaborer les textes à appliquer pour la tenue d’élections locales, législatives et présidentielles acceptables par tous, de faire voter une loi d’amnistie pour le retour des qui étaient en exil.


Mais la désillusion sera ensuite très grande, car dit-il, le processus démocratique ainsi amorcé à la grande satisfaction des Togolais de toutes les régions et ethnies du pays a été malheureusement soumis à de rudes épreuves à la veille de la Conférence nationale. La responsabilité des difficultés rencontrées est imputé par l’avocat aux marxistes dont l’identité idéologique se traduit entre autres caractéristiques par leur refus en tant que matérialistes athées de reconnaitre l’existence de Dieu. Ceux-ci, après leur entrée en scène, vont s’opposer au dialogue comme mode de règlement des conflits par préférence de la « violence physique » ou « verbale », de « l’imposition de la pensée unique », « du fanatisme et de l’extrémisme », le « rejet des élections comme mode d’accession au pouvoir, etc. »
La ligne idéologique des nouveaux venus, les marxistes, a déclaré Me Agboyibo, est donc à tous égards radicalement à l’opposé de celle suivie par le FAR pour amener le pays à la Conférence nationale. La différence, a-t-il martelé, est d’essence spirituelle : « L’étincelle divine est le trait d’union entre des hommes. Si elle n’existait pas, toute espérance de conciliation des personnes en conflit serait bannie. Je suis convaincu que notre pays le Togo ne peut sortir de l’impasse actuelle sans effort de rencontre des étincelles des acteurs politiques. Le marxiste ne croit pas lui à l’existence de l’étincelle divine en chaque personne humaine et par voie de conséquence à l’idée que deux personnes en conflit puissent s’entendre par la rencontre de leurs étincelles divines. D’où son refus du dialogue et sa préférence pour le règlement des désaccords par la méthode du plus fort : l’affrontement verbal et physique ».


L’affrontement verbal pratiqué par les marxistes est tout d’abord, selon lui, « stérile » dans la mesure où les intéressés ne se donnent pas les « moyens physiques qu’il faut pour mettre fin au système ». Il est ensuite contre-productif, affirme le président d’honneur du CAR en ce qu’il sert de prétextes aux « monarchistes au pouvoir depuis près de 50 ans » pour verrouiller toutes les institutions et détruire moralement le pays par la « manœuvre satanique d’achat à grande échelle de la conscience des citoyens ».

Les marxistes ne se rendent pas compte, poursuit-t-il, du tort qu’ils causent à la jeunesse par leur stratégie face à l’accaparement des richesses du pays par les partisans du régime. Me Yawovi Agboyibo n’hésite par à dénoncer le fait que ceux-ci se « plaisent à exhorter à la patience les citoyens du bord de l’opposition en leur faisant croire que leur tour de jouissance de ces ressources arrivera bientôt car ils sont sur le point de prendre le pouvoir ». Une stratégie qu’il qualifie d’« illusoire ». « Tant que les couches déshéritées de leurs parts des ressources publiques continueront à être acculées à vendre leurs suffrages pour survivre, les consultations électorales seront dépourvues de sens et l’opposition aura du mal à accéder au pouvoir », lance l’homme.

Il fini en préconisant le changement de stratégie par l’adoption d’une démarche inverse : « régler par le dialogue couplé, s’il le faut, avec les pressions, le problème d’affectation équitable des ressources publiques de manière à mettre les citoyens en condition économique d’arbitrer librement la question de l’alternance ».

Une sortie qu’apprécieront ses amis de l’opposition qui se retrouveront certainement dans certaines parties de ces propos. L’opposition togolaise est actuellement sous le feu des critiques en ce sens qu’elle a du mal à réaliser l’unité autour de plusieurs questions importantes telles que réformes et la candidature unique.

A.G.