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DE LA NÉCESSITÉ DE RESTAURER LA DIGNITÉ DES ROIS ET CHEFS TRADITIONNELS EN AFRIQUE

Togo - Societe
CHEFFERIE ET CHEF TRADITIONNEL

Une chefferie est une entité politique et administrative sur un territoire limité. En Afrique noire, les chefferies étaient des micro-États avant la colonisation. Le chef appartenait généralement à la noblesse locale.
Il faut signaler que la légitimité des chefs traditionnels africains, a son origine en partie dans les croyances religieuses et en partie dans la culture.

Ceci dit, le chef traditionnel se distingue du commun des hommes par ses relations avec Dieu et son rôle de gardien des traditions ancestrales. Signalons que, les relations entre le Chef traditionnel et la divinité ne datent pas d'hier. En effet, dans l'Egypte Antique déjà, le Pharaon est l'incarnation d'Horus, le fils d'Osiris (Déesse de la mort), et le fils des œuvres d'Amon (Dieu du soleil). En tant que tel, il est garant de la régularité des astres et partant, de la crue du Nil qui représente la source de vie. En sa présence, les sujets se prosternent et « flairent le sol. »

Au-delà des relations entretenues avec la divinité et les ancêtres, le Chef traditionnel reste un important collaborateur de l'administration.


QUI PEUT DEVENIR CHEF TRADITIONNEL ET COMMENT LE DEVIENT-ON ?

Suffit-il de porter un pagne « Kénté » et une coiffe de circonstance pour être considéré comme un Chef traditionnel ? Non. La Chefferie Traditionnelle est établie selon une tradition de faits historiques et juridique déterminée par un espace géographique donné et transmise de génération en génération.
Le Chef traditionnel, le Roi chez les Akans ou le Chef de terre chez d’autres, est donc celui qui incarne l’authenticité de la communauté en sa qualité de garant de la tradition, des valeurs ancestrales. Pour devenir un Chef traditionnel, il faut :
1. Appartenir à la famille régnante ;

2. Remplir les conditions d'aptitudes physiques et morales ;

3. Savoir autant que possible lire et écrire la langue officielle de son pays.
Cependant, les contestations qui naissent ici et là, le refus de reconnaître l'autorité des Chefs traditionnels dans certaines communautés montrent à souhait que tous les Chefs traditionnels ne remplissent pas toujours ces conditions.

MÉCANISME DE DÉSIGNATION D’UN CHEF TRADITIONNEL


Le mécanisme formel renvoie au respect du principe de l'hérédité tel qu'envisagé par la tradition, c'est-à-dire à une succession de père en fils. À ce titre, le successeur est forcément issu de la famille traditionnellement héritière du pouvoir. Seulement voilà ! Sa désignation incombe exclusivement au chef, de son vivant, qui prend la peine de communiquer son choix aux sages de la famille. Le choix est souvent déterminé par les critères ci-après :

• la nature des relations entre le Chef et la mère de l'enfant pressenti;

• la moralité de l'enfant, sa capacité à jouer le rôle de rassembleur auprès des siens et à exprimer son talent de bâtisseur ;

• la provenance de la mère de l'enfant. Ce critère exclut d'office dans certaines communautés les enfants de mère allogène. La plupart du temps, celui sur qui le Chef a porté son choix ne se doute de rien. Mais toujours est-il qu'il y a des signes qui ne trompent pas.

Au-delà de ces mécanismes, il existe une procédure informelle qui renvoie à l'usurpation que d'aucuns pourraient assimiler à un véritable « Coup d'État » dans les sociétés modernes. Les princes qui s'y prêtent sont ceux qui aspiraient à la succession mais sur qui le Chef n'avait à aucun moment jeté son dévolu. Mais, il est erroné de penser qu'une telle opération peut réussir sans la complicité des grands notables. Le détournement du testament du Chef, qui constitue un véritable mépris de la tradition, peut s'expliquer par de multiples facteurs :

• la corruption ;

• la volonté des notables d'exprimer leur reconnaissance à celui qu'ils veulent porter au pouvoir pour leur avoir accordé par le passé un certain nombre de faveurs;

• le peu de considération pour celui sur qui le défunt Chef a jeté son dévolu.

Un tel complot a souvent eu pour effet les « grincements de dents » le jour des cérémonies d’intronisation du nouveau roi qui dès lors, ne peut pas gouverner sans contraindre, l'impossibilité pour ce dernier d'accéder à la case royale logée au fond de la chefferie. A partir de ce moment, il s'expose à toutes sortes de malédictions et son moral est mis à rude épreuve. Le retour de la paix et de la sérénité dans la communauté passent alors par le rétablissement de la légitimité. Rappelons que, des fois, des cérémonies d'intronisation capotent en présence des autorités administratives à cause du non-respect de la légitimité en matière de succession, et des usurpateurs abandonnent le pouvoir pour aller se réfugier dans un village voisin.

LE POUVOIR DES CHEFS TRADITIONNELS DANS LA SOCIÉTÉ MODERNE

Bien qu’ils soient souvent ignorés dans la société moderne et par les organismes de développement international, les Chefs traditionnels ont encore un pouvoir considérable dans de nombreux pays d'Afrique en dépit de l'ascension des gouvernements élus, des bureaucraties et autres appareils de l'État postcolonial.

Pour preuves, dans les pays africains où les royautés et les chefferies traditionnelles sont influentes, il suffit de s’attirer les faveurs de ces institutions traditionnelles pour remporter des élections sans coup férir. Cela fausse évidemment le jeu et complique davantage l’apprentissage de la culture démocratique. Il faut dire que ce sont les hommes politiques eux-mêmes qui ont créé cette envie que manifestent certainsChefs traditionnels. Au lieu de s’évertuer à asseoir les fondements d’États démocratiques modernes, ils ont œuvré à juxtaposer des États théoriquement modernes à des États pratiquement traditionnels, et cela pour des raisons uniquement politiques. Finalement, l’État moderne postcolonial est victime de la juxtaposition du fonctionnement des systèmes modernes et traditionnels.

Pour mieux comprendre ce fait, il importe de rappeler que la constitution des Etats en Afrique pré-coloniale a principalement pour fondement l'ethnie. Chaque ethnie avait sa propre culture selon ses propres normes. Plusieurs chefferies, royaumes et empires bien structurés existaient avant l'arrivée des explorateurs et colonisateurs européens en Afrique.
Pendant cette période pré coloniale, les africains ont connus, une organisation politique et sociale fondée sur la royauté et la chefferie traditionnelle. La diversité culturelle qui caractérisait les populations vivant sur un territoire en faisait un lieu de cohabitation des institutions traditionnelles. C’est dans ce contexte qu’est intervenue la colonisation, qui a bouleversé cet ordre politique en instaurant d’autres types d’Autorités traditionnelles.

Le pouvoir colonial décida alors, d'intégrer les Chefs traditionnels dans l'administration. L'octroi aux Chefs traditionnels le statut d'agents de l'Etat, visait aux dires des autorités coloniales elles-mêmes, à contourner la barrière des civilisations qui rendait difficile les rapports entre ces autorités et la population colonisée.

C'est ainsi que les chefferies indigènes furent vite reconnues par le pouvoir colonial. Les chefferies sont devenues des passages obligés pour asseoir la domination coloniale. Mais, il ne faut pas oublier que, sous la colonisation, le pouvoir des Chefs traditionnels et leur influence étaient tantôt sensiblement diminués ; tantôt augmentés, suite aux faits tels que :

expéditions punitives, relégations, fouet, balkanisation de certaines chefferies et la création d'autres, politique de bâton et de la carotte.Car, à cette époque, les colons recherchaient tout naturellement un appui politique et matériel auprès de ceux qui les servaient ou qui se mettaient sous leur protection. C'est ce que confirme d'ailleurs le phénomène des Chefs traditionnels médaillés à l'époque coloniale.

C'est ainsi que, les pouvoirs furent arrachés à certains chefs traditionnels de dynasties pré coloniales qui s'opposaient à la pénétration coloniale et donnés aux clients dociles, susceptibles de protéger la tradition européenne, les intérêts européens et assoir la domination coloniale. Le pouvoir exorbitant accordé à ces Chefs-clients en vue de la collecte de l'impôt, d'ivoires et d'augmenter la production de certaines cultures comme le coton, le caoutchouc, le café... renforçaient tout de même leur autorité auprès des populations.

Bref, les royautés et chefferies traditionnelles, qui s’opposaient à la colonisation, ont été systématiquement écartées par le colonisateur français qui a dû recourir à de nouvelles chefferies pour son administration par l’institution des chefs de cantons. Ceux-ci devinrent pendant toute la colonisation les instruments privilégiés de l’administration coloniale. Cette logique a existé jusqu'à la veille de l'indépendance.

Comme l’a souligné le Dr. Christian Trimua, Professeur à la Faculté de Droit et des Sciences politiques, à Université de Kara,lors de l’atelier sur : «la place du chef traditionnel dans le contexte de la décentralisation»qui s’est tenu le 02 mars 2007 à Sokodé (Centre du Togo), je cite : « …élu ou désigné suivant les règles coutumières, le chef traditionnel, sous le mandat français comme dans le Togo indépendant, demeure un auxiliaire de l’administration dont la reconnaissance est indispensable pour confirmer sa légitimité. La voie est donc ouverte pour que le Chef traditionnel soit manipulé par le pouvoir en place qui peut prononcer sa destitution ou son maintien, selon le bon vouloir de ses supérieurs hiérarchiques administratifs que sont les commandants de cercle ou les chefs de circonscriptions (aujourd’hui préfets) . Il se résout dès lors à exercer des fonctions largement policières au détriment de sa responsabilité résiduelle d’agent local de développement. » Fin de citation.

Ce qu’il faut surtout savoir, c’est que : De 1960 à 1990, les chefs traditionnels étaient des militants de premier rang des partis uniques dans leurs entités en Afrique. Grâce au militantisme politique, certains chefs refusaient toute comparution devant les tribunaux, quelle que soit la gravité de l'acte infractionnel commis. L'opinion publique était convaincue que ces Chefs jouissaient de l'inviolabilité de leur personne et de leur demeure, et qu'ils ne peuvent être poursuivis qu'avec l'autorisation du président de la République.

PROBLÉMATIQUE DE LA PARTICIPATION DU CHEF TRADITIONNEL À LA POLITIQUE ACTIVE D’UN PARTI POLITIQUE.

La mission du Chef traditionnel, est par nature incompatible avec la pratique politique moderne car, les bases de la chefferie traditionnelle obligent toute la population à se conformer aux volontés du Chef traditionnelle dans l’organisation de la collectivité. Or, l’organisation politique moderne se base sur des convictions et des théories. Alors, si le Chef traditionnel devient militant d’un parti politique, c’est inciter à la disparition des valeurs coutumières. Malheureusement, certains Chefs traditionnels sont devenus des points focaux des partis politiques et des directeurs de campagnes pour certains candidats.

Ce qui fait que, dans certains pays en Afrique, les politiciens ne peuvent plus compter sur des militants qui adhèrent à un parti politique sur la base des idées. C’est pourquoi, certains des responsables politiques ciblent des Chefs traditionnels pour qu’ils fassent une bonne pêche pour eux, lors des votes. Dans ce cas, le Chef traditionnel est à la fois Juge, conservateur du patrimoine et aussi homme politique. Et puisqu’il est écouté plus ou moins, ces consignes doivent être respectées.

Il faut noter qu’à l’approche des élections, il y a des demandes collectives et individuelles qui reviennent sur le tapis des politiciens, et qui seront plus ou moins prises en compte. Alors, le Chef traditionnel profite de l’occasion pour dire : « Voyez-vous, la borne fontaine qui est là-bas, elle nous a été octroyée par tel parti politique ou par tel individu, c’est qu’il a pensé à notre communauté ». Ce n’est pas gratuit.

Une localité qui a réclamé un dispensaire ou une maternité en plus, et ne l’a pas obtenu dans le quinquennat, et bien, à l’approche des élections les populations vont ressortir la revendication. Il est possible que dans les mois qui suivent, la seconde maternité qui a attendu quatre ans vienne et s’implante. C’est un exemple concret de choses qui arrivent.

En principe quand le Chef traditionnel parle, il parle au nom de Dieu, et de la communauté dont il a la charge. Il ne doit pas parler parce qu’il sait parler. Il doit parler parce qu’il est inspiré.

Mais, quand il donne des consignes de vote, il ne doit plus invoquer Dieu. Car,Dieu aime sans exclusive, quelle que soit la couleur politique, et Il fait tomber la pluie sur les « bons » et sur les « méchants », sur les électeurs de la majorité et sur ceux de l’opposition.

LES CHEFS TRADITIONNELS SONT-ILS LES PORTE-PAROLES DES POPULATIONS ?

Dans les pays où le pouvoir n’est pas décentralisé, le Chef traditionnel est un auxiliaire de l’Administration. Il est l’interface entre celle-ci et les populations. A ce titre, le Chef traditionnel, afin que les populations comprennent et s’imprègnent mieux des actions de l’Administration, véhicule les informations idoines. En retour, il se charge de transmettre à l’Administration les doléances des populations sur un certain nombre de sujets relatifs essentiellement à la cohésion sociale.

Le Chef traditionnel est donc une courroie de transmission, un appendice de l’administration déconcentrée, un maillon essentiel dans la prise de décision et une autorité qu’il y a lieu de préserver notamment pour les localités non rattachées à une commune.

En effet, la présence d’élus locaux réduit voire rend caduque l’existence des Chefs traditionnels dans la mesure où les premiers cités reçoivent, à travers l’élection, mandat de la délégation et de la représentation des populations. Ainsi les maires représentent les populations et sont investis pour mener à bien les intérêts de la communauté.

Dans les localités semi-rurales ou les communes ayant en leur sein des quartiers urbains et des villages, l’administration communale, bien que considérant les villages comme des quartiers de la commune, tient compte de leurs spécificités en utilisant les chefs de village, les présidents de mutuelle de développement comme des interlocuteurs privilégiés.

En substance, toute administration recherche des interlocuteurs crédibles dans chaque communauté et s’adapte en conséquence. Indépendamment de leur dynamisme ou de leur influence dans la communauté, le président de la mutuelle, le chef de village, les représentants des femmes ou des jeunes ou même un cadre du village peuvent servir d’interface. Mais, ces interlocuteurs ne sont pas et ne doivent pas se substituer en porte-paroles de la communauté.Cet état de fait entretenu par les autorités gouvernementales ou préfectorales, répond à des objectifs politiques et sert parfois à « légitimer » des actions qui n’auraient jamais reçu l’approbation des autorités coutumières et des populations.

Alors, pour remédier à cela, les dirigeants africains doivent organiser régulièrement des élections locales et communales, afin de recentrer le leadership territorial en redonnant à la chefferie traditionnelle et aux élus locaux leurs vraies places.

Ainsi, l’opportunité reviendrait aux autorités réelles et aux élus issus d’élections véritablement démocratiques de parler au nom de la population et non à un club de soutien composé de chefs de village abusivement auréolés du titre de porte-parole des populations.

Selon Sa Majesté Otumtuo Osei Tutu II, Roi des Ashantis, « les Chefs traditionnels ne doivent pas oublier que, le contrat social de la chefferie, à la différence de celui des politiciens, est multiséculaire et non lié à un mandat électoral forcément temporaire et précaire ». La démocratie pour se développer a besoin de laïcité ; ce qui n’empêche pas la coopération avec l’Etat sur des bases saines.

Les Ghanéens l’ont bien compris. C’est pourquoi ils ont interdit aux Rois et Chefs traditionnels de participer à la politique active d’un parti. Ils ont posé la règle selon laquelle, un Chef traditionnel souhaitant le faire et cherchant à se faire élire au Parlement doit renoncer à son bonnet. Vous découvrirez cela dans le chapitre 22 de la Constitution ghanéenne que nous vous proposons de lire.

CONSTITUTION DU GHANA DE 1992, CHAPITRE 22 : DE LA CHEFFERIE

Article 270

(1) L’institution de la chefferie, en même temps que ses conseils traditionnels ainsi qu’établis par le droit et l’usage coutumiers, est garantie par les présentes.

(2) Le Parlement n’aura aucun pouvoir d’adopter une quelconque loi qui

(a) confère à toute personne ou autorité le droit d’accorder ou de retirer la reconnaissance à être chef pour un but quelconque ; ou
(b) en quelque manière enlève ou porte atteinte à l’honneur et à la dignité de l’institution de la chefferie.

(3) Rien sous l’autorité d’une quelconque loi ne sera entrepris de manière incompatible avec ou en violation de la clause (1) ou (2) du présent article, si la loi prévoit :

(a) conformément au droit et à l’usage coutumiers en vigueur, la détermination par un Conseil traditionnel, une Chambre régionale des chefs ou par un Comité de chefferie de l’un ou l’autre, de la validité de la nomination, de l’élection, du choix, de l’installation ou de la déchéance d’une personne en qualité de chef ;

(b) l’institution d’un Conseil traditionnel ou une Chambre régionale des chefs ou la Chambre nationale des chefs pour établir et mettre en œuvre une procédure d’enregistrement des chefs et de notification au public dans le Journal Officiel ou du statut des personnes en qualité de chefs au Ghana.
Article 271

(1) Il est établi une Chambre des chefs.

(2) La Chambre des chefs de chaque région élit comme membres de la Chambre nationale des chefs cinq chefs suprêmes de la région.

(3) Quand dans une région il y a moins de cinq chefs suprêmes, la Chambre des chefs de la région élit un tel nombre de chefs divisionnaires qui composera la représentation requise des chefs pour la région.
Article 272

La Chambre nationale des chefs.

(a) conseille toute personne ou autorité chargée de toute responsabilité dans le cadre de cette Constitution ou toute autre loi pour toute matière concernant ou touchant la chefferie ;
(b) entreprend l’étude progressive, l’interprétation et la codification du droit coutumier en vue d’évoluer, dans les cas appropriés, vers un système unifié de règles de droit coutumier et de compiler les droits et les lignages de succession coutumiers applicables à chaque fauteuil ou catogan ;

(c) entreprend une évaluation des coutumes et des usages traditionnels en vue d’éliminer ces coutumes et usages traditionnels qui sont démodés et socialement nuisibles ;

(d) exécute les autres fonctions, qui ne sont pas incompatibles avec toute fonction assignée à la Chambre des chefs d’une région, comme le Parlement à s’y référer.

Article 273

(1) La Chambre nationale des chefs constituera une juridiction d’appel dans toute cause ou matière touchant à la chefferie qui a été déterminée par la Chambre régionale des chefs dans une région, et dont les décisions seront susceptibles d’appel devant la Cour Suprême, avec la permission de la Chambre nationale des chefs ou de la Cour Suprême.

(2) La juridiction d’appel de la Chambre nationale des chefs est exercée par une Commission juridique de la Chambre nationale des chefs se composant de cinq personnes désignées par cette Chambre au sein de ses membres.

(3) La Commission juridique de la Chambre nationale des chefs est assistée par un Avocat en activité depuis au moins dix ans, désigné par la Chambre nationale des chefs suivant les recommandations du ministre de la Justice.

(4) Un membre de la Commission juridique de la Chambre nationale des chefs ne peut être relevé de ses fonctions que sur la base d’un mauvais comportement avéré ou en cas de perte de ses facultés mentales ou d’infirmité physique après le vote par au moins deux tiers des membres de la Chambre nationale des chefs.

(5) La Commission juridique de la Chambre nationale des chefs est compétente pour toute cause ou affaire touchant à la chefferie :

(a) relevant de la compétence de deux ou plusieurs Chambres régionales des chefs ; ou

(b) qui ne relève pas nettement de la juridiction d’une Chambre régionale des chefs ; ou

(c) qui ne peut être autrement traitée par une Chambre régionale des chefs.

(6). Un appel se fera de droit en ce qui concerne toute cause ou matière traitée par la Commission juridique de la Chambre nationale des chefs conformément à la clause (5) du présent article à la Cour Suprême.

Article 274

(1)Une Chambre régionale des chefs est établie à l’intérieur et pour chaque région du Ghana.
(2) Une Chambre régionale des chefs se compose des membres que le Parlement pourra par la loi déterminer.

(3) Une Chambre régionale des chefs :

(a) exerce les fonctions qui lui sont conférées par ou dans le cadre d’une loi votée par le Parlement ;

(b) conseille toute personne ou autorité chargée dans le cadre de cette Constitution ou toute autre loi d’une responsabilité de toute matière concernant ou touchant à la chefferie dans la région ;

(c) auditionne et détermine les appels des conseils traditionnels dans la région en ce qui concerne la nomination, l’élection, le choix, l’installation ou la déchéance d’une personne en qualité de chef ;

(d) constitue la juridiction de base dans toute matière concernant un fauteuil ou catogan suprême ou l’occupant d’un fauteuil ou catogan suprême, y compris la reine mère d’un fauteuil ou catogan suprême ;

(e) entreprend des études et fait des recommandations générales en cas de besoin pour la résolution ou le règlement rapide des conflits relatifs à la chefferie dans la région ;
(f) entreprend la compilation des droits et des lignes de succession coutumiers applicables à chaque fauteuil ou catogan dans la région.

(4) La juridiction originale et d’appel d’une Chambre régionale des chefs est exercée par une Commission juridique de la Chambre régionale des chefs composée de trois chefs désignés par la Chambre régionale des chefs au sein de ses membres.
(5) La Commission juridique des chefs régionaux est assistée par un avocat en activité depuis au moins cinq ans, désigné par la Chambre régionale des chefs sur recommandation du ministre de la Justice.

(6) Un membre de la Commission juridique d’une Chambre régionale des chefs peut être démis de ses fonctions sur la base d’un mauvais comportement avéré ou en cas de perte de ses facultés mentales ou d’infirmité physique après le vote par au moins deux tiers des membres de la Chambre régionale des chefs.

Article 275

Aucune personne n’aura la qualité de chef si elle a été condamnée pour haute trahison, trahison, crime grave ou pour offense impliquant la sécurité de l’Etat, ou condamné pour fraude, malhonnêteté ou turpitude morale.

Article 276

(1) Un chef ne peut participer à la politique active d’un parti ; et tout chef souhaitant le faire et cherchant à se faire élire au Parlement doit abdiquer un fauteuil ou son catogan.
(2) Nonobstant la clause (1) du présent article et paragraphe (c) de la clause (3) de l’article 94 de la présente Constitution, un chef peut être nommé à toute fonction officielle pour laquelle il est d’ailleurs qualifié.

Article 277

Dans le présent chapitre, sauf disposition contraire, l’appellation « Chef » signifie toute personne qui, se réclamant de la famille et du lignage approprié, a été valablement nommée, élue ou choisie et intronisée sur le fauteuil ou le catogan comme chef ou reine mère conformément au droit et à l’usage coutumiers appropriés.

Merci d’avoir accepté de lire tout le chapitre 22 de la constitution ghanéenne.

Pour terminer ce dossier, je vous invite à méditer ces propos de Sa majesté Tchiffi Zie, Secrétaire permanant du Forum des Rois, Sultans, Princes et Chefs traditionnels d’Afrique :

« La question de crédibilité des Chefs traditionnels est un réel problème sur le continent. De plus en plus, les leaders traditionnels n’ont aucune crédibilité aux yeux de leurs sujets.

La cause, c’est qu’aujourd’hui, la chefferie traditionnelle est politisée par certains hommes politiques et c’est un sérieux problème. Un leader traditionnel doit être défini non seulement par sa sagesse et son comportement, mais dès lors où le leader traditionnel se promène de bureau en bureau, ce n’est plus un leader traditionnel. Il est devenu un aventurier et c’est malheureusement ce que nous rencontrons de nos jours dans certains pays.

Un Roi quand il se déplace cela doit être vraiment pour une cause noble. C’est une fonction très noble. Ce n’est pas pour aller dans un bureau pour demander de l’argent. Aujourd’hui le constat est là, nos enfants ne savent plus ce qui est la royauté et ils la confondent à la politique. »

©23 JANVIER 2015