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Un Togo dur de démocratie

Togo - Opinions
Un spectre hante le Togo : l’art d’exprimer la démocratie par la fermeté. C’est le défi du tout nouveau Combat pour l’alternance politique pacifique en 2015 (CAP 2015). Essentiellement, CAP 2015 constitue une riposte qui n’a de choix que d’être efficace. Une riposte démocratique contre un système répulsif pris au piège de sa propre défaillance. Une défaillance constituée par une tromperie politique permanente à travers d’innombrables dialogues. Des dialogues de dupe programmés après des élections frauduleuses récurrentes. Une récurrence dont Faure Gnassingbé est le moteur parfait à travers son inaction légendaire et son refus confirmé d’opérer les reformes constitutionnelles et institutionnelles négociées et devant aider à la transparence des élections présidentielles. « Il n’est pas fou le gars, pour faire des élections transparentes qui l’éjecteront à coup sûr! », disent certains… Mais au Togo aussi, il y a pire que des élections transparentes perdues dans l’honneur : l’audace de David. David a bien su faire l’histoire en triomphant, avec panache, dans un combat d’inégale force; personne ne vendait chère sa peau. David au Faso, David au Togo ou au Congo, même combat.
L’opposition au régime de Faure Gnassingbé ne peut signifier la même chose pour tout le monde. Il faut toutefois comprendre le Togo pour établir le constat que jamais auparavant, la longue marche de l’opposition togolaise n’a été aussi achevée, et que véritablement il y a nécessité de converger davantage, dépassant tous les égoïsmes et les malentendus, les erreurs et les aliénations, pour passer le Togo à la démocratie, au profit de tous et de chacun.

Il est vrai que progressivement, les maillons faibles, sensibles et parfois nuisibles se sont détachés de cette chaîne de valeur unitaire, indispensable, qu’est devenu le CAP 2015. L’art d’exprimer l’espoir par la fermeté démocratique fait désormais école, au bon moment de l’histoire politique du Togo, et face à un régime présidentiel togolais récalcitrant qui n’a jamais su prendre la mesure du devoir de changement, après un si long règne de cinquante ans, dans une époque différente de l’âge de la pierre taillée ou de ces temps immédiats de grands tâtonnements des après-indépendances-africaines.

De loin, il est tout aussi difficile pour les non-initiés de percevoir la réalité politique togolaise. L’échec relatif de la mission d’exploration et de bonne volonté entreprise au Togo par Fadel Barro –le « Y’en a mare » sénégalais, illustre à merveille la confusion extrême que sème la situation au Togo. Sur cette bande de terre coincée entre le Benin, le Burkina Faso et le Ghana, tous démocratiques, il n’est aucunement question pour les tenants du pouvoir présidentiel de passer le Togo à la démocratie comme ces autres États frontaliers ou comme le Sénégal.

Une gouvernance bâtie sur des anecdotes savoureuses
Ainsi, le système dominant, le système présidentiel régnant depuis cinquante ans, a fini par produire une classe politique à son image : d’abord un pouvoir corrompu de menace, de tromperie, de brutalité, d’artifice, de simagrée, de contrevérité, de dissimulation, de bigoterie, d’amalgame en son propre sein; et à sa périphérie, une opposition corruptible d’aliénation, d’indignité, d’égoïsme, d’inconstance, de fatigue, de trahison, de roublardise, de retournement de veste, de complaisance, etc.

Au Togo, il est simplement question de refonder un pays, bâtir un État, dans un contexte où l’importance de la chose publique a littéralement déserté les mœurs et dénaturé la conscience citoyenne. La corruption généralisée a un coût dans un pays où le grand défi réside moins dans la construction des bâtiments et des routes que dans la refondation d’un État aux règles et aux valeurs saines et exemplaires, du haut vers le bas, des politiciens vers les citoyens. Un pays qui a besoin d’un caractère, d’une détermination, plutôt que d’un trop-plein de candidatures aux présidentielles prochaines.

Après cinquante ans d’un même système et deux douzaines de négociations et dialogues, le passage à feu et à sang du pouvoir d’un père à un fils, après tant d’anecdotes rutilantes en saveurs prononcées à la Fernando Botero, il est temps et raisonnable d’exercer notre citoyenneté. Aujourd’hui, et après avoir été Charlie partout sauf chez nous, il est temps de passer à la réconciliation, dépasser le seul horizon des fraudes électorales constantes, surtout et surtout dépasser des résultats confectionnés d’avance et jamais prouvés par des procès-verbaux cosignés par toutes les parties prenantes des différents bureaux de vote ouverts sur le territoire national.

En somme, il est temps de faire amende honorable et réduire l’excès de victoire devenu une calamité déshonorable du pouvoir présidentiel. Il nous souvient parfaitement qu’en dehors des termes « holdup» électoral dont les Togolais sont familiers pour qualifier les présidentielles dans leur pays, le Washington Post avait déjà titré un mémorable « A Daylight Robbery » pour designer, à la face du monde entier, l’audace des cambriolages électoraux au Togo, le cran des détournements et des changements des résultats électoraux.

C’est face à cette certitude d’une fraude électorale annoncée en avril 2015 que se pose le devoir d’une unité d’action de l’opposition togolaise. S’inspirer du pire qui a tant émaillé la confiscation du pouvoir au Togo pour préserver toutes les chances à donner au changement politique au Togo. C’est le fondement même de notre support, sans équivoque, au conglomérat de partis politiques réunis sous CAP 2015.

D’une opposition aliénée à une opposition éclairée par la raison
Au-delà des personnes et des partis politiques, l’enjeu qui se joue au Togo est bien la fondation, sinon la refondation d’un État au Togo. De ce fait même, la tâche est énorme. Voici un pays, le Togo, qui a déjà connu toutes les nuances qu’une opposition politique peut offrir : des agressions armées à la collaboration. Mieux encore, pendant longtemps, le seul talent politique demandé pour être chef de parti au Togo était de savoir demeurer égoïste aussi souvent que possible, et rester prêt à retourner veste et conviction contre silence, gratification ou provocation de trouble à l’ordre public dans les rangs mêmes de l’opposition. Dans de telles conditions, des partis et des opposants, il s’en inventait et s’en créait tous les mois, surtout à la veille des élections.

Mais lorsque l’on a fait cela pendant tant d’années, lorsque l’on a donné tant de chances et d’occasions à un même système pour s’amender, s’améliorer, s’affranchir, véritablement il ne subsiste de choix que le devoir de la raison, l’appel au dépassement des querelles de personnes, la conscience de l’incapacité profonde du mal à faire du bien, même une seule fois, ou en venir soudainement à entonner « L’hymne à la joie » à tout un Peuple togolais qui pourtant en a bien besoin. Nous en sommes à ce niveau de blocage et de mauvaise volonté.

Nous en sommes aussi et toujours à sonner le tocsin, notre Vuvuzela, notre Gakokoé, notre Atopani, notre Je-suis-Charlie, pour un clair et fiers ralliement au CAP 2015, et pour ne pas faire le jeu du système quinquagénaire, capable de perpétuellement prétexter la fausse idée, aux simplistes observateurs, qu’il récolte victoire de la division de l’opposition togolaise. Dur d’oreille comme l’est le pouvoir présidentiel togolais, très durs de démocratie comme le sont les rentiers du défaut-de-démocratie, il est prévisible qu’une fois encore la bataille soit autre chose que la présence sur les listes électorales, autre chose que le vote effectif, bien autre chose que de prétendre que la France et les occidentaux imposent et imposeront Faure Gnassingbé aux Togolais en 2015.

La politique a beau être suicidaire, un « tue-son-homme », le lieu où l’on est sûr et certain de se faire crucifier à temps plein par le plus petit dénominateur, il faut constamment trouver et se donner un nouveau carburant pour y évoluer, particulièrement au Togo; accepter de se faire insulter par tous ceux qui jamais n’ont su produire un seul résultat, une seule « idée novatrice » en dehors de la détestation de l’autre et du culte des faux-fuyants, du culte des non-dits.

Pour peu que l’on sorte du ronron politique togolais en refusant d’aller se faire servir un autre dialogue sur les résultats consensuels d’un dialogue antérieur, il faut s’attendre à se faire accrocher l’étiquette et les attributs de la radicalité politique. Au Togo, est radical celui qui toujours remet son épaule à la roue pour demander que les reformes convenues soient enfin appliquées sans malice ni restriction mentale. Est surtout radicale à l’avant-veille d’une élection, cette personne qui demande à la fois reforme politique à l’extérieur et choix d’une candidature unique dans son groupe; toutes ces caractéristiques de la nécessaire unité d’action demandée depuis toujours à l’opposition togolaise.

Une confiscation de pouvoir sans date d’expiration
L’évidente nécessité au Togo reste toujours cet utile ralliement de l’ensemble de l’opposition togolaise pour sortir d’une aliénation légendaire, et tendre vers un nouvel éclairage de l’espace politique national. Une démonstration nécessaire et stratégique, maintenant qu’il est clairement établi que le pouvoir présidentiel togolais n’est pas disposé à effectuer les reformes auxquelles il s’était pourtant engagé auparavant, plusieurs fois plutôt qu’une. CAP 2015 doit rester ouvert et perméable à l'accueil de tous, l’accueil de l’essentiel des partisans du changement qui soient capables d’une discipline de groupe minimale, en plus d’être respectueux de l’importance et de la solennité du moment : le besoin et le devoir d’une justice démocratique enfin au Togo.

Malheureusement, l’oppression et l’insatiabilité politique au Togo ne semblent pas avoir de dates d’expiration. Tous ceux-là qui en doutaient en réclamant un troisième mandat supplémentaire à Faure Gnassingbé, au nom d’une prétendue paix politique, en ont eu pour leur crédulité : le bonhomme en veut plus, deux autres mandats ou rien. Celui-là même qui ne méritait pas un seul et qui avait tout fait pour usurper et confisquer deux mandats présidentiels déjà, Faure Gnassingbé, trouve maintenant que ces dix ans ne devraient pas compter et qu’il lui faut une Constitution sur mesure lui garantissant deux autres mandats, dix autres années.

Quatre mandats présidentiels en ces temps modernes, simplement parce qu’il a accru sa machine répressive entre-temps et s’est octroyé quelques députés, une bonne majorité de soixante-deux sur quatre vingt onze, bien tenus en laisse pour ne rien lui refuser. Soixante deux députés élus par moins de voix que les vingt-neuf autres, s’il vous plaît! Non content de tant d’abus et de libéralités, le bonhomme Faure… Non! Mais… Il faut que j’arrête d’écrire… Salut! À une autre fois… Faut vraiment que cette comédie s’arrête au Togo… Salut! J’arrête d’écrire avant d’être désobligeant… À un autre tantôt!

●23 janvier 2015●