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Fermeture du chapitre des réformes par Faure Gnassingbé : Un nouveau désaveu et un défi pour l’Union européenne

Togo - Politique
En déclarant que l’actuelle constitution sera rigoureusement respectée, Faure Gnassingbé a fermé la fenêtre du débat sur les réformes au moment où les forces d’opposition et des organisations de la société civile mettent la pression pour que la promesse soit tenue. Ce faisant, le président du parti politique UNIR tourne une nouvelle fois en dérision l’Union européenne qui, à plusieurs reprises, a rappelé la nécessité de ces réformes qui relèvent des clauses de l’accord de Cotonou et surtout de l’Accord politique global (APG). Que va-t-elle faire à présent ?
L’Union européenne et les réformes : de la coercition au dialogue complaisant

L’histoire des réformes politiques au Togo peut être prise au moins à partir de ce qu’on a appelé les 22 engagements. Par ceux-ci, Bruxelles avait contraint feu Eyadèma à faire des ouvertures et à créer les conditions d’un Etat de droit viable et fiable. En son temps, feu Gnassingbé Eyadèma a fait ce qu’il a pu, sans que jamais cela soit un péril immédiat ou lointain pour son pouvoir. Aussi a-t-il joué au « je fais, je ne fais pas » jusqu’à sa mort le 5 février 2005 et à son remplacement par Faure Gnassingbé.
Les conditions de ce replacement furent si catastrophiques que cinq cents Togolais y avaient laissé leur vie et, pour aider le pays à tourner définitivement le dos à ce genre de scénario catastrophe, un dialogue politique a été initié dont le résultat probant fut la signature de l’Accord Politique Global du 20 août 2006. Aux termes de cet accord, le Togo devrait opérer des réformes politiques susceptibles de favoriser une alternance pacifique et maîtrisée ainsi qu’une vie politique sereine marquée par un consensus sur les règles du jeu, le respect mutuel et la volonté de vivre ensemble.

A cet effet, un gouvernement d’union nationale a été mis sur pied avec comme cahier de charges la mise en œuvre des réformes préconisées par l’APG et la mise en place d’une nouvelle Assemblée Nationale. Le gouvernement Agboyibo devrait réaliser cette mission et son mandat n’avait pour sens que cela. L’union européenne alors ? On se souvient que jusqu’à un passé récent, jusqu’au décès de Gnassingbé Eyadèma et à l’accession au pouvoir de Faure Gnassingbé, la coopération entre Bruxelles et Lomé n’était plus au beau fixe. Après la rupture et la suspension tranchées de la coopération, les deux partenaires s’étaient engagés dans un processus de normalisation ou de reprise.

Justement, la mise en œuvre des réformes par le gouvernement d’union nationale dirigé par Me Agboyibo était considérée à Bruxelles comme la condition sine qua non pour une reprise totale des relations de coopération. A la grande surprise des observateurs, le gouvernement Agboyibo n’a pas pu faire plus que d’organiser des législatives, la substance des réformes ayant été occultée, renvoyée à plus tard, mais Bruxelles a fait le pas en avant en rétablissant la coopération avec Lomé. Selon certaines sources, c’est Louis Michel, ancien commissaire au développement, reconnu pour ses amitiés controversées et intéressées avec les dictatures africaines, qui a usé de trafic d’influences – pour ne pas dire autre chose – pour que le pouvoir despotique et familial de Lomé soit blanchi et adoubé à Bruxelles et à Strasbourg.

De puis cette reprise, l’Union européenne brille au Togo par une complaisance incompréhensible à l’égard du pouvoir des Gnassingbé ; dans le circuit européen, on n’hésite pas à souligner que l’ère des sanctions et des suspensions est révolue. Soit, mais cela autorise-t-il une si flagrante et étouffante complaisance ?

Impuissante UE !

Dans l’hypothèse même où la coercition a cédé le lieu et la place au dialogue, il faut bien se demander à quoi sert le dialogue s’il ne produit pas de fruit. Dans le débat sur les réformes, l’ambassadeur de l’Union européenne au Togo Nicolas Berlanga-Martinez a mis les petits plats dans les grands afin que ce dossier connaisse un heureux dénouement. Communiqués, communications, débats directs avec les autorités et tweete ont été utilisés aux fins de faire admettre à Faure Gnassingbé et à ses collaborateurs ou obligés l’extrême importance des réformes. Bien que ces réformes fassent partie des promesses mille fois réitérées de Faure Gnassingbé, rien n’y fit.

Dès lors, on est en droit de soutenir que le dialogue UE-TOGO sur le plan de la démocratie a échoué. Vu l’importance des réformes dans le contexte du Togo, étant entendu que c’est la volonté de marcher sur les lois générales admises par tous qui a engendré la révolution au Burkina-Faso, il est clair que faute d’avoir réussi par le dialogue à donner forme aux réformes, Bruxelles se fait coupable de tout développement malheureux de la situation politique au Togo à court, moyen et peut-être long termes.
Face à Faure Gnassingbé qui a eu l’impertinence de déclarer que la page des réformes est tournée et que la constitution « sera rigoureusement respectée », que va faire Bruxelles ? Adoptera-t-elle une fois encore l’attitude qui fut la sienne lorsque le pouvoir de Faure Gnassingbé a craché sur les recommandations contenues dans les rapports de mission d’observation électorale de 2007 et de 2010 ? L’opinion nationale attend d’en juger

Nima Zara