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Comment l'opposition compte "chasser" Faure Gnassingbé

Togo - Politique
L'opposition veut des réformes pour réduire le nombre de mandats présidentiels au Togo. Elle a choisi la rue pour se faire entendre.

L'exemple burkinabé fait des émules au Togo. À l'approche de la présidentielle de 2015, l'opposition veut empêcher le président togolais Faure Gnassingbé de briguer un troisième quinquennat. Vendredi dernier, des milliers d'opposants ont tenté de marcher vers l'Assemblée nationale. Ils ont été repoussés par des gendarmes à environ 400 mètres de l'Assemblée, qui ont utilisé du gaz lacrymogène. Sur des pancartes brandies par certains manifestants, on pouvait lire : "Cinquante ans pour le père et fils, ça suffit !" ou "Deux mandats, ça suffit !" ou encore "Exigeons les réformes constitutionnelles et institutionnelles". Ils comptent rééditer leur action ce vendredi.

"La Constitution sera rigoureusement respectée"

En visite au Ghana, Faure Gnassingbé a exclu mardi de réformer la Constitution pour limiter le nombre de mandats présidentiels, comme le réclame l'opposition, et a laissé entendre qu'il pourrait être candidat à sa succession en 2015. Sur sa possible candidature en 2015, qui suscite de vives tensions au Togo, il a déclaré vouloir "réserver la primeur" de la nouvelle à ses compatriotes à Lomé, "si [son] parti [lui] fait confiance". "Tout ce que je peux vous dire, c'est que la Constitution en vigueur sera rigoureusement respectée", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse à Accra, après une rencontre avec son homologue ghanéen John Mahama. L'opposition togolaise réclame depuis plusieurs mois que des réformes politiques soient menées, notamment sur la limitation du nombre de mandats présidentiels et le mode de scrutin, avant la présidentielle de 2015. Selon la Constitution togolaise, le nombre de mandats n'est pas limité. Rien n'empêche donc M. Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, de briguer un troisième quinquennat en 2015.
Il veut s'éterniser au pouvoir comme son père

"La déclaration de Faure Gnassingbé ne nous surprend pas", a déclaré Éric Dupuy, porte-parole de l'Alliance nationale pour le changement (ANC), principal parti d'opposition togolais. "Il est dans sa logique de s'éterniser au pouvoir comme son père, mais nous ne sommes pas dans une monarchie. C'est le bras de fer engagé [...], nous n'allons pas baisser les bras", a-t-il poursuivi. "Nous allons maintenir la pression sur le régime à travers les manifestations de rues. Nous appellerons toute la population togolaise à se mobiliser, afin d'obtenir ces réformes avant les élections", a ajouté M. Dupuy. Les réformes voulues par l'opposition ont déjà été rejetées une fois par le Parlement, où le parti au pouvoir détient la majorité.

Ils maintiennent leur nouvelle marche

Mais le chef de file de l'opposition, Jean-Pierre Fabre, qui a rencontré samedi le président Gnassingbé à Lomé, a répété à l'issue de cet entretien que la présidentielle de 2015 n'aurait "aucun sens sans ces réformes". Malgré la répression d'une manifestation de plusieurs milliers d'opposants par les forces de l'ordre, vendredi, à coup de gaz lacrymogène, seize organisations de défense des droits de l'homme maintiennent leur marche, vendredi prochain, pour réclamer des réformes politiques avant la présidentielle. Porté au pouvoir par l'armée à la mort de son père, le général Gnassingbé Eyadéma qui a gouverné le pays d'une main de fer pendant trente-huit ans, Faure Gnassingbé a remporté en 2005 et 2010 des scrutins présidentiels dont les résultats ont été contestés par l'opposition. Au Burkina Faso, pays voisin du Togo, une tentative du président Blaise Compaoré de modifier la Constitution pour pouvoir se représenter à la présidentielle de l'an prochain a entraîné son renversement en octobre après vingt-sept ans de pouvoir.

Christian Binaté
Un Article du point Afrique