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Le Maroc se penche sur la place des jeunes en politique

Maroc - Politique
Quelques années après l'adoption d'une charte nationale sur la participation des jeunes aux élections législatives, la jeunesse marocaine continue à fuir la politique.
Le 12 novembre, l'Université internationale de Rabat a accueilli une conférence sur le statut des jeunes au sein des partis du royaume.

Omar Alaoui, jeune membre du Parti Authenticité et Modernité (PAM), a expliqué être entré en politique par attirance pour ce milieu, et après avoir appris que les jeunes Marocains actifs au sein des partis "ne représentaient pas plus d'un pour cent" des effectifs.

"Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce pourcentage est extrêmement faible, surtout si l'on considère que les jeunes représentent presque soixante pour cent de la population marocaine", relève-t-il.

Et d'ajouter : "Les jeunes ont l'impression qu'ils n'ont rien à attendre de la politique, que les décisions sont prises ailleurs, et qu'ils n'ont pas le droit à la parole."

"L'énorme fossé qui sépare l'élite et la jeunesse montre qu'il existe un manque de communication entre les deux groupes", poursuit-il. "Les jeunes constituent la majorité de la population totale, mais ils ne sont pas représentés politiquement, et c'est ce qui est à l'origine de leur aversion pour la politique."

"Beaucoup ont rejoint le Mouvement du 20-Février, mais ce n'était qu'une participation temporaire", indique Alaoui. "Si cette catégorie de population souhaite transmettre ses idées, elle doit agir sur le plan politique dans le cadre des partis, à une époque où on compte trente-quatre partis de différentes mouvances."

Pour Moundir Souhami, membre du bureau politique du Parti socialiste unifié (PSU), les jeunes Marocains ont toujours été des militants politiques.

La preuve en est la déclaration d'indépendance, signée en 1944 par un groupe de leaders politiques qui, à l'époque, étaient jeunes, explique-t-il.

"Le responsable du premier gouvernement marocain n'avait pas plus de 40 ans", précise-t-il. "Les jeunes ont également participé à des manifestations au Maroc, des années soixante à la formation du Mouvement du 20-Février en 2011, dans le cadre de ce qu'on appelle le Printemps arabe."

"Ce qui empêche les jeunes Marocains de s'engager politiquement, c'est la réalité de la scène politique qui souffre de balkanisation", estime-t-il.

Il ajoute que les lois régissant les partis politiques "garantissent le renouvellement de l'élite politique et œuvrent à la rajeunir en assurant la présence de vingt pour cent de jeunes au sein des instances politiques".

"Ceci nous conduit à dire qu'il existe une volonté de rajeunissement de la scène politique, mais que, d'un autre côté, un mouvement résiste à cette tendance", ajoute-t-il.

"Nous avons une bonne constitution, relativement équitable à l'égard des jeunes. Si, donc, nous mettons en œuvre ces mécanismes garantis par la constitution, ils offriront des avantages significatifs à la jeunesse", estime pour sa part Zouhair Kanfaoui, membre de l'Union socialiste des forces populaires (USFP).

"Et pourtant, nous ne pourrons y parvenir si la jeunesse demeure à l'écart des partis politiques", indique-t-il. "Notre réticence, en tant que jeunes, à participer à la politique laisse le champ libre à des individus opportunistes et corrompus, quelle que soit leur appartenance politique."

"La participation des jeunes pourrait aider à rectifier la position des partis et, donc, la scène politique", précise-t-il

Kanfaoui appelle à la mise en place d'une organisation de jeunes plus importante dans le domaine politique, afin d'assurer "la défense des droits de la jeunesse".

Pour sa part, le professeur de science politique Miloud Belkadi explique à Magharebia que la faible participation des jeunes au sein des partis politiques est "due à la faiblesse de ces instances en matière de mobilisation de la jeunesse, à une période où le paysage politique traverse l'une de ses phases les plus vulnérables".