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Pas de prêt, ni prime de risque, ni rapprochement de conjoints, des volontaires « entièrement à part »

Togo - Politique
octobre dernier, 750 autres « volontaires » ont prêté serment, portant le total à 5.030 qui, en attendant de trouver un emploi fixe, sont déployés dans des structures étatiques et privées sur toute l’étendue du territoire national. Mais qu’en est-il de la réalité sur le terrain en ce qui concerne les traitements salariaux, les primes et autres possibilités d’accès au crédit, étant entendu qu’ils resteront « éloignés du monde des chômeurs » pendant au plus cinq ans ? Leur quotidien est-il aussi lénifiant que le décrit la ministre de tutelle dont aucune de sa progéniture ni celle des autres responsables du pays ne sont encore enrôlées dans ce programme ?
La charité bien ordonnée commence par soi, dit-on. Lorsqu’il s’est agi de lancer l’Office togolais des recettes (OTR), on a vu comment les grands de ce petit Togo ont joué des coudes pour placer leurs relations. Quand il s’agit de postuler pour le concours de l’Ecole nationale d’administration (ENA), nous avons appris que des responsables ont « placé » des leurs sans que ceux-ci aient passé de concours. Parce qu’au bout du tunnel, c’est la garantie d’un travail stable avec des avancements à la clé. Mais quand on parle du Programme de volontariat national du Togo (PROVONAT) -devenu depuis peu une agence-, les fils des grands ne se bousculent pas au portillon. Les citoyens se sont-ils demandé pourquoi ?

Avec la dernière vague en date du 9 octobre 2014, le total des volontaires qui travaillent dans les structures publiques et privées du Togo a atteint 5.030. L’idée qui vient du chef de l’Etat, selon le site gouvernemental republicoftogo.com, a été lancée depuis septembre 2011 par la ministre aux multiples portefeuilles : développement à la base, jeunesse, artisanat et emploi des jeunes. Puisqu’avant l’accaparement de tant de fonctions, la Jeunesse était rattachée au Sport, l’artisanat allait avec le Tourisme, l’Emploi était associé à la Fonction Publique. Et la dernière trouvaille, c’est la remise entre ses mains du domaine de la microfinance. « Imaginée par le chef de l’Etat et mis en œuvre par la ministre du Développement à la Base, Victoire Dogbé-Tomégah, cette idée qui connaît un succès au-delà des espérances véhicule une culture d’engagement civique et de valorisation sociale », ânonne le site.

De quel succès veut-on parler ? Un volontaire dont nous cryptons le nom et le lieu d’affectation témoigne : « J’étais sorti de formation en 2011 et faute d’emploi, j’ai déposé mon dossier au siège du Provonat et je suis recruté et envoyé au Centre hospitalier préfectoral (CHP) de […]. La rémunération en général est de 60.000 FCFA pour les détenteurs du BAC et plus, et de 40.000 FCFA pour ceux qui ont entre le BEPC et pas le BAC. Les statuts de ce programme n’accordent aucune prime mis à part les 60.000 et 40.000 F. Chez nous par exemple en santé, il y a des primes de risques et de contagion que tout le personnel, même les agents de sécurité et les femmes de ménage, les contractuels comme ceux émargeant sur le budget général perçoivent. Mais il n’en est pas question pour les volontaires infirmiers, assistants et autres accoucheuses qui font le même travail et courent les mêmes risques que tout le reste ». Et ça ne s’arrête pas là. « Le volontaire n’a pas droit aux prêts pour réaliser quoi que ce soit alors qu’il dispose de 5 ans et peut rembourser », poursuit-il. Selon les informations, il devient de plus en plus difficile d’obtenir des contrats aux volontaires car les centres d’accueil en sont bourrés. Nous apprenons aussi que bien que beaucoup soient mariés, les volontaires n’ont pas droit à un quelconque rapprochement de conjoint. Et à un malheureux volontaire de se désoler : « Ceux qui se lèvent nuit et jour pour qualifier ce programme sur les antennes ne voient pas le mal qu’ils causent à la jeunesse togolaise, mais s’occupent plutôt à regarder leurs poches se garnir. Il faut que le gouvernement réfléchisse autrement, sinon il est en train d’hypothéquer l’avenir de la jeunesse ». Ce sont là les propos de ce qu’on qualifie de « témoin primaire ». Et pourtant, rien que cette année 2014, l’Etat togolais a alloué 3 milliards de FCFA pour le fonctionnement du projet qui bénéficie de l’appui du PNUD, de France Volontaires et de l’organisation des volontaires des Nations-Unies, lit-on sur le site gouvernemental. Reste à savoir comment sont gérés ces milliards qui ne sont certainement pas à leur premier décaissement.

Nous apprenons qu’à Atakpamé, les volontaires sont payés sur les budgets assimilés. Or, l’Etat togolais refuse d’engager les assimilés dans la fonction publique et ceux-ci seraient payés avec peine du fait de la « justesse » de ces budgets. Des fonds sont-ils mis à la disposition de ces budgets ? Si oui, selon quels critères et quelles sont les structures chargées d’auditer la gestion de ces fonds mis à la disposition de ce ministère ? Autant de zones d’ombre qu’il urge d’éclaircir si les autorités tiennent à conserver le peu de crédit que certains citoyens continuent d’accorder à ce truc (sic).

Dans deux ans, les premières vagues de ce projet retourneront à la case départ, le chômage. C’est ici le lieu pour les responsables de faire un état des lieux exhaustif sur la situation de ceux qui, en 2011, avaient embrassé le Provonat en espérant dénicher un emploi stable pour ne pas aller aux termes des cinq ans. Ceci aura l’avantage de conférer plus de crédibilité au projet, si tant est que les responsables veulent être sincères avec la jeunesse togolaise.

Abbé Faria