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Blaise Compaoré refuse de quitter le pouvoir et évoque une transition

Burkina-Faso - Politique
Le jeudi 30 octobre 2014 s'inscrit désormais dans l'histoire du Burkina Faso. Le Parlement devait voter hier le projet de loi portant modification de la Constitution. Ce vote permettrait à Blaise Compaoré de briguer un nouveau mandat en 2015. Face aux émeutes en début de journée, le gouvernement burkinabé a annulé le vote. Plus tard dans la soirée, sous la pression de la rue et de la communauté internationale, le président évoque une transition sans pour autant lâcher le pouvoir.
L'article 37

Le projet de loi portant modification de la Constitution concerne en particulier l'article 37. Cet article limite jusqu'à ce jour, le nombre de mandats présidentiels à deux, suite à une précédente modification. Le projet de loi qui devrait être voté hier porterait le nombre de mandats à trois avec cinq comme nombre d'années par mandat. Par conséquent, si ce projet est voté, le président de la République burkinabaise Blaise Compaoré au pouvoir depuis 27 ans, fera encore 15 ans au pouvoir.

Compaoré ou l'art de l'esquive?

Depuis que le masque du président Blaise Compaoré est tombé avec l'annonce d'un projet de loi et d'un référendum pour changer la constitution en sa faveur, le peuple a toujours exprimé son opposition.
Les partis de l'opposition ont par conséquent manifesté mardi 28 octobre contre la tenue d'un référendum. Cependant, Blaise Compaoré avait une autre option, celle du vote à l'Assemblée. En effet, si le projet de loi est voté à près de 3/4 des voies par les députés, le président n'aurait plus besoin du référendum pour se présenter en 2015.
Les partis de l'opposition soupçonnaient le gouvernement de soudoyer les députés, notamment les plus indécis afin qu'ils accordent leurs voies au projet de loi.

La colère de la population

Au pays des Hommes intègres, la population a tenu tête aux forces de l'ordre durant la journée du jeudi 30 octobre. Les manifestants ont pris d'assaut l'Assemblée nationale, obligeant les députés à quitter l'hémicycle. Après avoir saccagé et incendié le Parlement, les manifestants à majorité jeunes, se sont ensuite dirigés vers les bureaux de la radio-télévision nationale. Ils y ont causé également des dégâts empêchant ainsi le média d'émettre.
Internet, les radios et télévisions internationales ont grâce à la présence de leurs correspondants sur le terrain fait circuler des informations et des images sur l'événement que certains ne tardent pas d'appeler "jeudi noir au Burkina Faso" ou encore "le printemps arabe au Burkina Faso".

Des hôtels notamment ceux appartenant à des personnalités proches du pouvoir ont été saccagés et pillés. Certains députés et des personnalités du régime de Blaise Compaoré ont vu leurs domiciles pris d'assaut et saccagés par des manifestants.

L'annulation du vote

Face à la pression et aux messages que lui envoyait le peuple descendu massivement dans les rues de Ouagadougou, à Bobo-Dioulasso et dans d'autres villes du pays, le gouvernement a publié un communiqué de presse portant annulation du vote. Il a également appelé la population au calme et à la retenue.
Pour l'opposition la simple annulation du vote est insuffisante. Les manifestants réclament la démission du président Blaise Compaoré et demandent à l'ancien chef d'Etat major Kouamé Lougué de prendre le pouvoir.

Toutefois les partis de l'opposition martèlent qu'ils ne souhaitent pas un coup d'Etat.

Blaise Compaoré brise le silence et évoque une transition
Vers l'après-midi, les manifestants ont marché sur la résidence présidentielle. Là, ils se sont confronté à la résistance de la garde présidentielle. Des coups de feu se faisaient entendre jusqu'à tard dans la nuit.

Selon l'opposition, le bilant provisoire des affrontements du jeudi 30 octobre fait état d'environ 30 morts et plus d'une centaine de blessés. Pour le moment l'AFP n'a confirmé que 4 morts et 6 blessés graves.

Suite aux appels à sa démission, M. Blaise Compaoré a décidé de briser le silence. Au cours d'une allocution télévisée, le président dit avoir "compris" le message du peuple et prit "la juste mesure des fortes aspirations au changement".

Ecartant toute volonté de démission, le chef de l'Etat s'est déclaré "disponible pour ouvrir des pourparlers". Il souhaite ainsi diriger la période de transition et se dit prêt à transmettre le pouvoir au prochain président qui sera élu démocratiquement.

La réponse de l'opposition

Bénéwendé Sankara, un des ténors de l'opposition estime que le départ de Blaise Compaoré est "un préalable non négociable".