Alors que des milliers de candidats sont en quête de sièges à l'occasion du scrutin législatif de dimanche 26 octobre, les responsables politiques doivent faire preuve de créativité pour attirer l'attention.
Entre le palmier de Nidaa Tounes et la colombe d'Ennahda, les rues sont remplies d'affiches diverses, parmi lesquelles une paire de ciseaux, un piment ou une théière destinés à distinguer ces listes des autres.
Un parti est même allé jusqu'à baptiser sa liste Les Misérables, en référence au roman de Victor Hugo.
Dimanche, les électeurs devront choisir entre plus de 1 300 listes de candidats.
"L'absence de spécialistes dans le domaine de la propagande politique est à l'origine de ces choix", explique Maher Ben Mahmoud, spécialiste de la publicité politique. "Il y a des centaines de listes, et ceux qui se sont empressés de choisir un bon logo de campagne se sont mis à l'abri des commentaires et de la moquerie."
"Les partis sont petits, en particulier les indépendants, et ils n'ont pas les moyens financiers d'engager un spécialiste en la matière ; ils ont donc recours à des logos ou à des affiches qui peuvent parfois leur porter tort", indique-t-il.
Pour les jeunes futurs électeurs, la confusion se fait ressentir à l'approche du scrutin.
Un sondage réalisé le 15 octobre a montré que la moitié des jeunes Tunisiens n'accorde aucun intérêt à la politique. Deux tiers des personnes interrogées lors d'un sondage publié par l'ONG "I Watch" affirment ne pas avoir la moindre idée de la nouvelle constitution.
"J'essaie de comprendre les partis qui participent à ces élections législatives", commente Walid Khayari, étudiant originaire d'Ariana.
"Actuellement, j'ai l'impression d'être sur un marché aux légumes ou aux animaux. Certains choisissent un piment, d'autres des poires, certains même ont choisi une olive comme slogan de campagne. On trouve aussi un lion ou un aigle", explique-t-il. "Un parti proche des agriculteurs a choisi une poule comme mascotte."
Et Khayari de poursuivre : "Ce manque d'imagination et cette paresse dans la recherche de slogans susceptibles d'inspirer les électeurs et de les inciter à voter avec enthousiasme, couplé à l'absence de caractère sérieux de certains candidats, poussent les gens à ne pas s'intéresser à ce qu'ils disent."
Pour sa part, Meriem Belhsein, 25 ans, explique à Magharebia : "Je n'en crois pas mes yeux quand je vois certains des slogans choisis par quelques-uns des candidats pour leur campagne."
"Comment est-il possible pour une personne saine d'esprit de choisir une théière ou des ciseaux ?", s'interroge-t-elle.
"Cela montre deux choses : soit ils participent à ces élections sans avoir la moindre idée de l'importance d'un slogan qui puisse attirer l'attention des électeurs et attiser leur curiosité, soit ils minimisent ce processus électoral, ce qui n'est pas bon pour le nouveau processus démocratique en Tunisie", explique-t-elle.
Saber Benjamia, 23 ans, parle de ces slogans de manière sarcastique : "Je voudrais remercier ceux qui nous aident à dissiper le climat tendu de ces élections et nous donnent quelques motifs de rires entre amis."
"C'est vraiment risible, et ils devront apprendre à mieux planifier leur campagne la prochaine fois qu'ils choisiront un slogan", conclut-il.
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