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Le Maroc part en guerre contre l'EIIL

Maroc - Societe
Maroc a appréhendé cette semaine plusieurs sympathisants, propagandistes et recruteurs de l'Etat islamique (EIIL).
Un Marocain, ses deux fillettes et une femme avec laquelle il avait contracté un mariage "orfi" ont été arrêtés mercredi 15 octobre à l'aéroport Mohammed V de Casablanca avant de pouvoir monter à bord d'un avion en partance pour la Turquie. Ces suspects adultes projetaient de rejoindre l'EIIL, a indiqué le ministère de l'Intérieur.

Cet incident est survenu un jour après qu'un ancien détenu terroriste a été arrêté de nouveau à Oujda pour avoir prêté allégeance à l'EIIL et appelé en ligne à lancer des "opérations de destruction".

Un autre suspect a été appréhendé lundi à Al-Hoceima pour avoir publié en ligne des écrits, des photos et des enregistrements faisant l'apologie des "opérations terroristes brutales" menées par l'EIIL en Irak et en Syrie, a ajouté le ministère.

Ses grands-parents étaient d'anciens combattants de l'EIIL qui avaient été tués, ajoute ce communiqué.

Selon le ministère, le suspect arrêté à Oujda est un ancien détenu terroriste qui avait "continué à adhérer à son approche et à ses activités extrémistes", et avait prêté allégeance au leader de l'EIIL, Abu Bakr al-Baghdadi.

Bien que ce communiqué n'identifie pas nommément ce suspect d'Oujda, une source proche de la sécurité a expliqué à Magharebia que ce partisan de l'EIIL avait purgé une peine de dix ans de prison pour son rôle dans les attentats à la bombe de 2003 à Casablanca.

"Ces détenus sont connus pour leurs activités sur les sites des réseaux sociaux, en particulier Facebook et Twitter, où ils assurent la promotion de l'EIIL parmi la jeunesse, en partageant des photos de jeunes combattants marocains", a indiqué à Magharebia Mohamed Agdid, analyste à la DGSN.

Abdullah Sakhir, journaliste spécialisé dans les affaires de terrorisme à l'hebdomadaire Al Ayyam, a expliqué pour sa part que ces détenus "créaient des comptes sur les réseaux sociaux en utilisant des pseudonymes pour éviter d'attirer l'attention sur eux".

"Le jeune homme arrêté à Oujda est âgé de la trentaine, mais il affichait des penchants pour l'extrémisme depuis sa jeunesse", a-t-il ajouté.

Ces arrestations survenues cette semaine au Maroc mettent en évidence le rôle des médias sociaux dans le recrutement et l'endoctrinement par l'EIIL, soulignent les spécialistes.

"La force de l'EIIL ne réside pas dans sa force sur le terrain ; ils ne sont en effet que quelques milliers de combattants actifs ; leur force réside plutôt dans l'utilisation qu'ils font des médias", explique à Magharebia Rachid Almanasfi, psychiatre et spécialiste du terrorisme. "Ils utilisent l'internet pour expliquer leur stratégie."

"Leur arme fatale, c'est l'internet", ajoute-t-il.

Une analyse partagée par Abdelghani Karam, chercheur spécialisé dans les groupes islamiques : "L'arme de l'EIIL réside dans sa capacité à atteindre les jeunes via Facebook et Twitter ; ils mobilisent, recrutent et persuadent nos jeunes de les rejoindre en jouant sur leurs sentiments et en utilisant l'arme de la religion."

"Tous les groupes terroristes s'efforcent de tenir à jour et de renforcer leur bras médiatique", ajoute-t-il. "Les deux jeunes hommes arrêtés à al-Hoceima et à Oujda sont des exemples de ces jeunes tellement influencés par le film de l'EIIL qu'ils ont commencé à en faire eux-mêmes la promotion."

Alors qu'était dévoilée la nouvelle des arrestations de cette semaine au Maroc, les citoyens saluent les services de sécurité pour la réponse qu'ils apportent à la menace de l'EIIL et des autres groupes terroristes.

"Le Maroc livre de gros efforts pour lutter contre ce fléau", explique le professeur Amzan Hassan. "Mais le royaume ne peut à lui seul trouver une solution au problème du terrorisme", souligne-t-il. "Tous les Etats doivent condamner et lutter contre le terrorisme dans un cadre de confiance et de coopération."

Mouhcine Abdelwahed, étudiant en droit, explique à Magharebia : "La vigilance sécuritaire du Maroc lui a permis de démanteler plusieurs cellules qui étaient sur le point de se constituer ou en étaient aux premiers stades de préparation de leurs opérations."

"Le pays a ainsi pu éviter de nombreux désastres. Avec la création de l'EIIL et les évolutions récentes dans la région, la menace terroriste a pris des dimensions sans précédent", poursuit-il.

Mais la lutte contre le terrorisme ne doit pas se limiter aux agences de sécurité, ajoute-t-il. Elle doit également être le devoir de chaque citoyen.

"En tant que Marocains, nous ne pouvons laisser l'EIIL s'implanter dans notre pays", ajoute-t-il. "Il suffit de voir ce qui se passe dans les autres pays de la région."