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Congrès de l’ANC et investiture de Jean-Pierre Fabre : Le parti orange appelle au rassemblement des forces démocratiques pour l’alternance en 2015

Togo - Politique
Hormis la nouvelle du choix de Jean-Pierre Fabre comme candidat de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) pour la présidentielle de 2015, le congrès ordinaire du parti orange se voulait l’occasion pour réitérer les préoccupations du parti et de ses militants dans le débat politique national. Alternance, mobilisation et mieux-être des populations, voilà les préoccupations du parti. Quelle suite leur sera-t-elle donnée ? La question n’est pas petite.
Discours de président
A l’occasion de ce congrès tenu les 10 et 11 octobre à Lomé, les militants de l’ANC ont fait le tour d’horizon des différentes activités menées par leur parti en quatre années de vie. A l’ouverture comme à la clôture, Jean-Pierre Fabre, président du parti, a prononcé un discours et le politicien intraitable et irréductible a saisi l’opportunité de ces discours pour essayer de communiquer aux militants et à toutes les forces démocratiques sa vision de la situation sociopolitique du pays ainsi que ses ambitions légitimes.
Dans le discours d’ouverture par exemple, M. Fabre a rappelé le contexte de la création de l’ANC et insisté sur l’adversité de même que les misères qui lui sont faites au quotidien. Il a souligné en effet que « l’ANC est née dans la douleur et vit dans la souffrance, sous les grenades assourdissantes, lacrymogènes ou fragmentation, les balles réelles ou en caoutchouc, les tracasseries administratives et les violences policières. » Cette adversité ne fait pas reculer le parti : « malgré ces épreuves, malgré les adversités, les entraves de toutes sortes et les tentatives de déstabilisation, l’ANC s’est affirmée, s’est imposée et s’est hissée au rang des acteurs incontournables de l’échiquier politique national ». C’est le même jeu de harcèlement et d’adversité qui justifie, selon M. Fabre, le refus du gouvernement de verser au parti « les contributions qui lui sont dues au titre du financement public des partis politiques ».
Les coupables, M. Fabre n’hésite pas à les désigner : « le Togo est pris en otage depuis des décennies par un clan qui se transmet le pouvoir de père en fils et s’y maintient par des achats de conscience, la fraude électorale et les violences politiques ». Dès lors, son engagement hier et aujourd’hui est de mettre fin à cet état de choses et, pour cela, il faut aussi « la persévérance et la détermination (des) partenaires du FRAC, du CST et de la Coalition Arc-en-ciel » dans l’objectif de « poursuivre la mobilisation de toutes les ressources humaines et matérielles disponibles pour rassembler et mettre en ordre de bataille toutes les forces vives de la nation ».
Le même appel à la mobilisation est revenu dans le discours de clôture prononcé le samedi 11 octobre. Après avoir accepté avec émotion et enthousiasme de porter les couleurs de son parti pour la présidentielle de l’année prochaine, M. Fabre a réitéré la volonté de son parti de favoriser « une stratégie commune de l’opposition pour gagner les prochaines élections et gérer en commun l’alternance et le changement démocratique que les populations togolaises appellent de leurs vœux ».

Une porte ouverte
L’un des éléments saillants à retenir des discours de M. Fabre, c’est la porte ouverte à une action commune des forces démocratiques. L’opinion nationale sait depuis des mois que les deux principales forces d’opposition du pays, le Collectif Sauvons le Togo (CST) et la Coalition Arc-en-ciel, sont en discussion en vue de la désignation d’un candidat unique. L’initiative connaît des fortunes diverses, ce n’est pas faux de dire que la tâche n’est pas aisée et que surtout une première phase des discussions a pris fin sans que la fumée blanche ait pu sortir.
Les commentaires sont allés dans tous les sens : les adversaires politiques de ces deux forces politiques ont vite fait de mettre une certaine presse indépendante à profit pour tirer la conclusion qu’ils veulent ; l’échec des discussions. C’est assurément dans le même sens que s’inscrit ce titre d’un confrère qui a vu dans l’annonce du congrès de l’ANC un signe du même échec, annonçant au passage que le parti orange va désigner son candidat le samedi 11 octobre et alors adieu le candidat unique. Ces analyses peuvent avoir leur crédit mais les observateurs conviennent de dire que l’appel de M. Fabre au congrès de son parti impose de les nuancer.
En effet, il est facile de constater que les militants et les responsables de l’ANC ont pris des précautions compréhensibles avant d’annoncer l’investiture de « leur » candidat. La précaution majeure, c’est de dire et de redire que cette investiture ressemble fort bien à une mesure conservatoire. Les discours officiels dans le parti informent en substance que la candidature de M. Fabre sera proposée aux forces démocratiques. De l’extérieur, on peut comprendre cette précaution en ce sens que le candidat de l’ANC ne se proclame pas tout de go ou de facto le candidat unique de l’opposition. Il sera proposé aux autres partenaires et le choix du candidat unique sera fait de concert et de façon consensuelle.
S’il faut ajouter foi aux discours de l’ANC, on peut soutenir que la dynamique de la candidature unique de l’opposition n’est pas étouffée, comme se sont hâtés de le conclure les forces adverses qui n’ont pas d’intérêt que les forces démocratiques du pays se donnent et s’accordent sur une stratégie commune de conquête et de gestion du pouvoir d’Etat. La présence à ce congrès des partis de divers horizons tels le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR), l’Alliance des Démocrates pour le Développement Intégral (ADDI) et la Coalition Arc-en-ciel ne doit-elle pas être vue comme la survivance de cette dynamique ? C’est aussi vrai que la présence au même moment du CAR et de la Coalition Arc-en-ciel en délégations séparées est un signe inquiétant et contradictoire certes, cependant « rien n’est totalement perdu » a assuré un responsable politique de l’ANC.
A certaines sources, on assure aussi que la démarche de l’ANC peut faire bouger les lignes étant entendu que, dans d’autres contextes plus difficiles et plus tendus que celui d’aujourd’hui, les forces démocratiques ont réussi à mettre ensemble leurs énergies et leurs ambitions, il n’est pas exclu d’envisager que la porte laissée ouverte par le candidat Fabre serve à quelque chose de bénéfique à cette opposition à qui le pouvoir boulimique ne laisse presqu’aucune marge de manœuvre. Les mêmes sources ajoutent que le grand rôle doit revenir M. Fabre qui, après avoir indiqué que sa candidature sera proposée aux autres, peut montrer sa bonne foi en faisant le pas vers les autres et travaillant de façon à faire avancer les choses. Pour les forces démocratiques et pour l’ANC, le jeu en vaut sans doute la chandelle. A elles de jouer.

Nima Zara