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Braquage mortel en plein jour à l’aéroport : Système sécuritaire défaillant, de sérieuses conséquences économiques pour les populations

Togo - Societe
Selon toute vraisemblance, il n’y a qu’une seule personne dont la sécurité semble garantie au Togo. Il s’agit de Faure Gnassingbé puisque, à chacun de ses passages, c’est le ciel qui tombe sur la tête des populations obligées de subir le harcèlement des militaires, gendarmes et policiers qui inondent les rues ainsi que les difficultés d’aller et de venir tranquillement. Pour le reste, Dieu s’en occupe et c’est justement ce qui explique qu’on ait pu opérer un braquage en plein jour sur le parking d’un aéroport sans que les malfaiteurs aient été inquiétés. A quoi servent à la fin les centaines de millions englouties dans les dépenses de sécurité ?
Incroyable mais vrai
On a toujours fait croire que le Togo est un pays de sécurité. On a également beau jeu de déclarer que les autorités ne ménagent aucun effort pour assurer et garantir la sécurité des personnes et des biens dans le pays. C’est le même discours qui est servi pour justifier l’existence de camps militaires informels, la présence dans les rues de véhicules de guerre avec des soldats au regard patibulaire. Tout cela n’est peut-être que de la poudre jetée aux yeux des populations et une grosse supercherie. La fréquence des « braquages faciles » et des « braquages à ciel ouvert » pour reprendre les formules de certains confrères vient battre en brèche ce genre de discours.
Effectivement, cela peut paraître incroyable mais c’est pourtant vrai. Des malfrats ont réussi en toute tranquillité à attaquer des citoyens sur le parking d’un aéroport et à leur arracher une fortune. Le braquage de dimanche 28 septembre 2014 apparaît comme un véritable camouflet aux autorités politiques et surtout aux autorités en charge de la sécurité. A la police, à la gendarmerie et au ministère de la sécurité, on doit avoir honte au point de vouloir rentrer sous terre si tant est qu’on a encore un peu de jugeote. Chacune de ces autorités doit se demander si elle sert vraiment à quelque chose si, en dépit de son existence et des fortunes que le contribuable met à sa disposition pour assurer la sécurité des populations elle voit se dérouler sous son nez des actes de grand banditisme comme on en voit depuis deux mois à Lomé.
Selon le décompte d’un confrère, il y a eu 6 braquages en l’espace de deux mois dans la capitale Lomé. Avant le scandale criminel de l’aéroport, il y a eu le meurtre du consul de Liban au Bénin abattu au cours d’un braquage à l’entrée Est de la ville dans la banlieue dite Avépozo ; il y eu aussi l’attaque de la boutique Fontana encore tenue par des Libanais. Le dimanche 28 septembre, un autre braquage a été signalé à Adétikopé, des voleurs ayant violé la tranquillité du parc de vente de bétail de la localité et ont arraché aux commerçants tout le contenu de leurs bourses. Que dire de cet autre acte de banditisme intervenu le 14 septembre sur la nationale n°1 à la lisière de la ville de Wahala ? La liste n’est pas exhaustive mais elle révèle que la capitale du Togo a un épineux problème de sécurité. Face à lui, les autorités concernées se montrent incapables. Presque !

Que fait-on de l’argent de la sécurité ?
Le sujet n’est pas léger pour qu’on en rie mais l’on ne peut pas s’empêcher de rapporter les commentaires amusants de certains observateurs. Pour ceux-ci, s’il s’agit pour les forces de sécurité de courir après les petits vendeurs d’essence, elles se montrent très enthousiastes et très déterminées. De la même manière, s’il s’agit pour les différentes structures d’intelligence sécuritaire de filer les adversaires politiques de Faure Gnassingbé, de les surveiller comme du lait sur le feu et de les arrêter au moindre signal politique, elles ne manquent pas au rendez-vous. Par contre, soulignent ces observateurs, lorsqu’il s’agit d’affronter les malfaiteurs, de les suivre à la trace et de les démasquer, tout le dispositif répond absent et brille par ses défaillances, ses incohérences et son incapacité.
Comment peut-on comprendre en effet qu’il y ait dans ce pays autant de structures sécuritaires comme la brigade Anti-Gangs, le corps spécial Anti-braquage et la Brigade anti-Criminalité, entre autres, et que dans le même temps les braqueurs aient pignon sur rue ? Comment peut-on comprendre que les services de recherches et de renseignements soient capables de retracer un texto et d’en arrêter l’auteur sans pouvoir intercepter les appels, codés ou non, ou les textos des malfaiteurs ? La mésaventure du vieux Lawson arrêté et détenu pour avoir écrit un texto jugé tendancieux et séditieux autorise à croire que les services qui lui ont fait subir cette humiliation devraient se montrer autant efficaces ou plus efficaces dans la traque des malfaiteurs. C’est à croire qu’au Togo, les adversaires politiques de Faure Gnassingbé sont plus surveillés et recherchés que les criminels et les coupeurs de route.
Facile de le croire étant donné que la liste des structures de lutte contre le banditisme évoquée ci-haut tend à faire croire que les autorités sécuritaires ne manquent pas de moyens ni de personnes qualifiées pour mettre les criminels hors d’état de nuire. Malgré tout le bruit qu’on fait, on est incapable d’assurer la sécurité de l’aéroport, la porte aérienne d’entrée dans le pays. Le chargé de la sécurité à l’aéroport restera sans doute à son poste bien que ce braquage révèle l’inefficacité de son travail et sûrement sa propre incompétence. Dans ces mêmes colonnes, on avait fait observer que la sécurité à l’aéroport était menacée si tant est que les informations qui nous sont parvenues et que nous avons publiées se vérifiaient.
Nous avions déploré en vérité le fait que M. Panassa soit en même temps chef de sécurité de l’aéroport et commandant à la gendarmerie nationale à Lomé. Cette diffusion d’énergie ne lui permet pas de faire du bon travail surtout qu’à l’aéroport, il a embauché des anciens combattants pour faire la sécurité sans oublier qu’il ne paie pas aux agents les primes susceptibles de les motiver à faire le travail et à donner le meilleur d’eux-mêmes. Personne n’a levé le petit doigt, les conséquences sont à présent sous nos yeux. A y voir de près, toutes ces structures ne serviraient pas à la sécurité des populations mais bien à protéger le pouvoir de Faure Gnassingbé et à lui garantir une présidence éternelle et tranquille. De ce fait, quel problème y a-t-il si des braqueurs attaquent des citoyens sur le parking d’un aéroport ? Le pouvoir est sauf, le reste on s’en moque.

Des conséquences économiques
Hormis l’impact négatif que la succession des braquages peut produire dans la perception du système sécuritaire du pays, il est évident que l’intrusion facile des malfaiteurs sur le parking de l’aéroport n’est pas de nature à encourager les investisseurs et les hommes d’affaires. Si des braqueurs peuvent avoir aussi facilement accès au parking d’un aéroport, il n’est pas exclu qu’ils s’introduisent avec la même facilité dans le hall d’embarquement, qui sait sur le tarmac. Pour cette raison, quelle est la sécurité que le Togo peut garantir aux investissements étrangers si les investisseurs peuvent être facilement attaqués et tués sur un parking d’aéroport ?
Au moment où Faure Gnassingbé envahit les salons des souverains du Golfe à la recherche d’investissements, au moment où il fait feu de tout bois pour donner au pays une image de havre d’affaires, il est contradictoire et contre-productif qu’un braquage se produise en un lieu stratégique comme un aéroport. Le consul du Liban abattu à Avepozo venait à Lomé pour l’inauguration d’un magasin de vente de matériels de construction et de travaux publics. Le malheur qui lui est arrivé doit dorénavant faire réfléchir les autres opérateurs économiques libanais et d’ailleurs qui voudraient venir faire du business au Togo. Au surplus, il est étonnant que Faure Gnassingbé se fasse champion de la lutte contre le terrorisme et que l’aéroport de son pays soit une passoire pour les criminels.
Au total, si le chef de l’Etat ne peut pas faire démissionner le chef sécurité de l’aéroport et le ministre de la sécurité, il faut au moins qu’il fasse revoir le fonctionnement des systèmes et des structures de sécurité dans le pays. Les citoyens aussi ont droit à la sécurité.

Nima Zara