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Le football togolais au piège des aveuglements volontaires

Togo - Opinions
La tentation est grande pour un amoureux du football de parler de sa passion sportive. C’est le cas de notre ami le Premier ministre togolais, Arthème Ahoomey-Zunu, ce vendredi, lorsqu’il était question pour lui de rendre compte, enfin, de la participation financière oubliée du Togo à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) tenue en Afrique du Sud au début de l’année 2013. Voilà qu’une autre dérobade devrait se faufiler dans l’aventure de relation publique, curieusement, volontairement, agressivement.

C’est vrai, que les questions d’argent qui ont souvent énervé les uns et les autres sont toujours restées les préoccupations du commun des Togolais sportifs. Ceux-ci tiennent, toujours et toujours, à ce que des comptes soient rendus de l’usage des fonds issus de la tarification majorée de leurs appels sur téléphones cellulaires et destinée à cette CAN. Une tarification forcée, digne d’une république bananière, dans laquelle à tout moment, les gouvernants improvisent leur gestion, quotidiennement, hors de tout cadre législatif raisonnable et du bon sens respectueux de leurs concitoyens.

Souvenons-nous. Dans une république bananière, le sol est alluvionné et y poussent toutes les idées désespérément fibreuses, gluantes et attrape-tout: simplement quelqu’un d’important aurait réussi à penser l’avant-veille, et l’idée se couronne géniale la veille pour trouver application lamentable le lendemain. Dans le cas d’espèce, le financement populaire imposée aurait servi à financer tout ou partie de cette participation de l’équipe nationale du Togo à cette dernière CAN de 2013. On se souvient aussi qu’au terme de cette CAN, les joueurs togolais étaient laissés à eux-mêmes dans un aéroport sud-africain. Tout ce qui est digne d’une véritable organisation anecdotique à la sauce togolaise, et très facile à imaginer.

Il est alors évident qu’à un moment donné, quelqu’un rende bien compte de cette initiative de prélèvement d’argent forcé, fut-il le Premier ministre lui-même, initiateur ou endosseur en chef, et passionné de football comme chacun le sait. Rendre compte vingt mois après l’évènement CAN et quatre mois avant le prochain n’est probablement pas la plus vertueuse des pratiques de gestion que l’on retiendra ailleurs que dans la longue liste des insuffisances, coutumières, qui assaillent et empoisonnent le football togolais.

Mais qui donc est contre la vertu, même tardive ? Pas moi, en tout cas ! Pas moi, surtout que je suis en campagne pour que l’exemple soit enfin donné que là, ici même, existe des Togolais capables de gérer le football autrement en se surpassant et en se tenant loin des vilaines tentations permanentes du tripatouillage et des désordres en bandes organisées.

Nul ne saurait activement s’engager dans cette voie de vouloir favoriser, résolument, un autre avenir au football togolais sans être sensible à la sortie non-innocente du Premier ministre togolais. Et en voilà toute une sortie : scabreuse, imprécise, problématique, douteuse, hasardeuse, fortuite, hypothétique, sommaire et purement injurieuse. Le comble de la togolaiserie! Une exacte vilenie effrontément servie, de surcroit sur un ton soldatesque qui aurait fait sourciller un vivant Eyadema lui-même.

À défaut d’un fidèle verbatim des propos de notre ami le Premier ministre, les medias togolais ont rapporté, de manière concordante, sa sortie du vendredi 26 septembre 2014 pour réussir à soulever mon indignation toute personnelle : « Nous verrons avec les instances internationales de football, comment mettre un terme à la haine qui prévaut au sein de la famille du football ». La haine dans la famille du football togolais, selon le Premier ministre du pays… La haine parce qu’on demande des comptes ? La haine parce qu’on souhaite le départ de Gabriel Ameyi de la FTF ? De quelle haine pourrait-il bien s’agir ? La haine du Bien, probablement. Scabreuse togolaiserie !

Tout Gabriel n’est pas ange dans le football togolais
On peut bien vouloir cimenter son amitié avec l’actuel président de la Fédération Togolaise de Football (FTF), notre autre ami Gabriel Ameyi. On peut bien vouloir mettre en chantier des tonnes de liants et de redevabilités qui favoriseraient le bien nommé Gabriel. Sauf que l’ange Gabriel du Premier ministre est sous le coup d’une sanction de la FIFA, l’instance internationale suprême en gestion du football. Le Premier ministre du Togo le sait mieux que quiconque : l’ange Gabriel n’est pas porteur de bonne nouvelle cette fois-ci.

Sous d’autres cieux, Gabriel Ameyi que le Premier ministre togolais tente de protéger en dédouanant son irresponsabilité légendaire sanctionnée par la FIFA se serait récusé depuis longtemps, démissionné de son poste de président de la FTF. Je n’ose même pas imaginer le Premier ministre du Togo écrire à la FIFA pour dire que la haine existerait dans le football togolais, en conséquence de quoi, lui, Arthème Ahoomey-Zunu, aurait la solution en faisant nommer une équipe qu’il suggèrerait. Une autre équipe comme celle qui a géré les fonds de la CAN et pour laquelle il semble être toujours dans l’incapacité matérielle, bien avérée, de rendre compte ? Sincèrement, à d’autres !

Dans cet évangile nouveau genre que tente de prêcher le Premier ministre togolais, son habit gouvernemental est loin de faire de lui le moine recherché par la FIFA. Une FIFA déjà réfractaire aux ingérences gouvernementales, à tous ces épanchements intéressés lorsqu’arrive le temps des élections. Le diagnostic tardif de haine découvert par mon ami le Premier ministre pour voler au secours de son obligé de Gabriel Ameyi, n’est nullement prouvé par les faits présents et passés à la FTF ; des faits qui relèvent davantage de la mal-gouvernance et de l’absence d’éthique que de la haine inventée par Arthème Ahoomey-Zunu.

Ce n’est nullement de la haine que de vouloir le départ de Gabriel Ameyi de la FTF. Et j’en suis personnellement de ceux qui le désirent, ouvertement et avidement, pour les mêmes raisons dont la FIFA s’est servi pour sanctionner l’intéressé après seulement quelques mois de gestion de la FTF. Voir partir Gabriel Ameyi de la FTF et offrir en échange une gestion rigoureuse au football togolais, est même un devoir national auquel le premier ministre Togolais doit accepter de se convertir. C’est connu, le Premier ministre togolais est l’un des rares soutiens de Gabriel Ameyi au Togo actuellement ; l’un de ses rares obligés qui, maintenant, nous déclare être prêt à faire « valoir » des énormités comme la « haine » pour argumenter et intercéder en faveur du président sortant de la FTF partout où besoin sera. Triste égarement de mon ami le premier ministre! Volontaire aveuglement ! Mais ne lâchons pas nos amis ; ne les abandonnons pas dans la noirceur…

Rappelons. En matière d’élection, le Code électoral de la FIFA est clair quant à l’indépendance et la distance vis-à-vis des gouvernements : « L’ingérence gouvernementale, de quelque forme qu’elle soit, dans la procédure électorale ou dans la composition de l’organe électif (congrès et assemblée) d’une association membre de la FIFA n’est pas autorisée. Par conséquent, les directives gouvernementales régulant les élections pour les instances internes élues de l’association membre de la FIFA ne s’appliquent pas et les directives électorales d’une association membre ne peuvent être soumises à l’approbation d’une instance gouvernementale.» Pourrait-on être aussi net et clair? Nous le savons aussi, et il est vrai : Code électoral et Togo ne riment pas ensemble. Mais tout de même!

Au risque de froisser notre ami le Premier ministre, il appartient parfaitement aux dirigeants des clubs de s’agiter et de faire valoir leur légitime prétention et ambition pour le football togolais, qu’il ne doit revenir au gouvernement d’imposer une manière de faire, encore moins inventer, semer et cultiver la « haine » à la FTF, là où persistent la mal-gouvernance, la déconsidération et la disgrâce. Il n’y a aucun mal à vouloir du bien au football togolais. Dès lors, prétendre comme il nous est rapporté que : « ‘‘À la veille des élections, nous voyons beaucoup de gens s’agiter, nous n’allons pas laisser faire’’, a déclaré sentencieux Arthème Ahoomey-Zunu. » n’est que le témoignage d’une questionnable fuite en avant.

Une fuite vers une responsabilité autre qui n’est pas celle d’un Premier des ministres, le Primus inter pares, ou d’un autre second couteau gouvernemental. D’autant plus que ces dirigeants de clubs qui s’agitent légitimement –étant particulièrement fier de l’une de ces personnes d’expérience et de rigueur qui changerait la gestion de la FTF en un quart de tour, tous ces dirigeants qui s’agitent ont aussi le devoir d’informer la FIFA de tout bruissement gouvernemental indu: « De même, les associations membres sont tenues d’informer la FIFA de toute forme d’ingérence gouvernementale dans la procédure électorale ». On ne peut être plus clair dans un Code électoral.

Ces ingérences malséantes de mon ami le Premier ministre qui sont loin de traduire l’opinion dominante dans la classe politique togolaise trahissaient malheureusement des accointances coupables. Elles révèlent désormais de la haine du changement à la FTF; ce que nous espérons ne pas être la haine des porteurs de ce changement tant attendu. Sportivement. Pour ceux qui l’auront oublié, mon ami le Premier ministre en tête : je suis toujours en campagne pour le changement à la FTF. Et je reste en campagne, dans mon cas par vigilance, et pour agir et réagir au profit d’une gouvernance éthique à la FTF. Pas moins ! Et rien de moins ne devrait contenter qui que ce soit, si ce n’est de l’aveuglement volontaire et de la couardise devant tant de carences récurrentes dans cette entité organisationnelle du football togolais. Doublement…  À d’autres!

29 septembre 2014