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Lettre ouverte à Faure GNASSINGBE

 L’état de la situation:

« Excellence Monsieur le Président de la République Togolaise »,
Voici deux ans, jour pour jour que vous êtes à la tête de notre pays le Togo. Et, point n’est besoin de rappeler les circonstances douloureuses, offusquantes et inimaginables dans lesquelles cela s’est passé. Mais toujours est-il qu’aujourd’hui, qu’on le veuille ou non, vous présidez aux destinées de plus de 5 millions de Togolaises et Togolais. C’est pourquoi, nous nous devons à présent de nous poser des questions « citoyennes » sur votre bilan de mi-parcours :
Qu’avez-vous fait ? Qu’avez-vous pu faire ? Vous êtes-vous donné les moyens pour faire des choses ? Vous êtes-vous évertué à vous donner les moyens d’une politique responsable, d’une « politique à visage humain » ?
Je me permettrais de penser que les réponses à ces questions feraient l’objet d’une thèse de doctorat : affirmatives et positives pour certains, négatives pour d’autres, selon le paradigme politique qui sous-tendrait le raisonnement des uns et des autres.
Quoi qu’il en soit, la situation sociale de nos concitoyens et concitoyennes ces deux dernières années, serait les seuls vrais « thermomètre » et « baromètre » de votre action politique. Le constat global est très clair et malheureusement négatif.
En effet, aucun miracle n’a pu freiner la dégradation exponentielle des conditions de vie de nos peuples ; aucune mesure politique adéquate n’a pu freiner le tsunami inexorable de la paupérisation des enfants de ce pays ; rien n’a été fait pour stopper le délabrement macabre de quelques infrastructures routières, hospitalières, scolaires et universitaires… dont le pays dispose vaille que vaille. Qu’est ce qui a été fait pour freiner la mortalité grandissante dans notre pays ? Qu’est ce qui a été entrepris pour satisfaire, ne seraient-ce que les besoins fondamentaux de nos peules, c’est-à-dire, se nourrir, se vêtir, se loger, se former et s’éduquer ? Qu’est-ce qui a été fait pour guérir ailleurs ce que d’aucuns considèrent de nos jours, comme une maladie moyenâgeuse, et qui reste le lot quotidien de la population Togolaise, à savoir le délestage de courant ? Le délestage qui est devenu un terme familier dans le langage de notre peuple, et en vogue depuis 1996. Et j’en passe. Bref, un constat somme toute, très amer.
Pendant ce temps, tout se passe comme si de rien n’était. Le « chef de l’Etat » passe le clair de son temps à voyager. Près d’un an sur deux passé à l’extérieur du territoire sous prétexte qu’on est en quête de « la connaissance et de la reconnaissance ». Il est bien vrai qu’aucun pays, de surcroît très « appauvri » comme le nôtre, ne peut prétendre vivre en vase clos, et qu’on a de ce fait besoin de partenariat multilatéral. Il est aussi vrai et compréhensible dans votre cas, que vous soyez plus redevable à l’étranger qu’au peuple Togolais, étant donné le poids des facteurs exogènes dans ce qui a été votre marche vers la magistrature suprême.
Mais après tout, vous vous faites allègrement appeler son « Excellence Monsieur le Président de la République Togolaise et du peule Togolais ». Alors que faites-vous pour mériter cette distinction hautement honorable, mais en même temps pleine de devoirs et d’obligations ? Combien de fois avez-vous été au contact de ce peuple durant les deux années de votre « règne » ? Même à Lomé où vous avez vos résidences, combien sont les Togolais en dehors de « la cour royale » que vous avez pu rencontrer ? Tout cela pour mettre en évidence la distance et le fossé qui vous séparent du peuple et surtout, votre méconnaissance de ce peuple.
Est-ce votre faute ? Je pense personnellement que non, vu votre histoire. Votre enfance fut celle d’un « enfant de palais », qui a passé toute sa vie dans le palais ou dans un cadre royal en permanence, sans jamais avoir l’envie ou l’opportunité, ou peut-être encore « le malheur » de côtoyer le bas peuple et ses réalités. En un mot, comment pourriez-vous entendre les voix, les cris, les sollicitations, les pleurs, les larmes et les souffrances d’un tel peuple, à coup sûr insondables, imperceptibles voir même inexistants dans vos schémas de représentation. Et pourtant, permettez-moi de vous le dire « Monsieur le Président », les rangs de cette « armée des damnés de la terre de nos aïeux » sont énormes, les effectifs pléthoriques, car représentant 99% de la population totale de notre pays.
C’est aussi cette méconnaissance de ce pays et de son peuple, qui explique ce que beaucoup d’observateurs avisés, qualifieraient de politique de l’autruche, en parlant de vos déplacements fréquents et réguliers à l’étranger, ainsi que la façon dont vous gérez le pays. Mettre sa tête dans le sable, ne pas chercher à savoir et à entendre ce qui se passe autour de soi, même le pire. Voilà en gros ce qui résume l’état actuel de notre pays, très souffrant et agonisant d’un manque criard de réelle vision politique, économique et sociale de la part de nos dirigeants.
Est-ce que la situation est pour autant compromise ? Non, car mieux vaut tard que jamais, et j’estime qu’il est encore temps pour faire des choses. Je voudrais donc vous exhorter à aller au contact de ce peuple et à voyager dans les profondeurs de ce pays. Ce qui vous permettra de mieux connaître ce pays non pas à travers les avions, les voitures fumées ou pire encore, les cartes postales. En d’autres termes, prendre le pouls de ce pays et de ses habitants.
On dit souvent que les voyages transforment l’homme, et je suis persuadé que cela pourrait créer un minimum de choc à votre niveau. Le commandant Che Guevara, promis à une belle carrière de médecin, doit son combat universel pour la liberté et l’épanouissement social de l’homme, à un long périple dans plusieurs pays de l’Amérique Latine. C’est de son séjour à Madagascar que le Capitaine Thomas Sankara quant à lui, a pu prendre la mesure de ce que nous devrons faire pour améliorer les conditions de vie de tous les opprimés de la terre. Des exemples il y en a, tout simplement pour vous inviter à voyager afin de mieux connaître notre pays et les aspirations les plus légitimes et profondes de notre peuple. C’est comme cela que je crois, que vous serez amené à vous forger une vraie vision pour les responsabilités qui devraient réellement être les vôtres.
Permettez-moi « Monsieur le Président », de vous rappeler une chose à mes yeux très importante. Aucun dirigeant digne de ce nom n’a réussi à marquer l’histoire sans une vision politique. Ce ne sont pas les exemples qui manquent, mêmes les plus mauvais. C’est la vision politique qui est la marque de fabrique de tout dirigeant politique. C’est « l’alpha et l’oméga » de toute action politique socialement responsable. Sans une réelle vision politique, on ne peut que conduire un pays comme vous le faites, dans l’improvisation et au jour le jour. Et j’ai la ferme conviction qu’à cette allure, le pays que vous dirigez n’aura aucune chance de s’en sortir, et que rien ne pourra arrêter la mort lente de notre peuple. Un peuple qui se meurt à petit feu, et qui n’a besoin d’arrêter son suicide involontaire que par la conviction des lendemains meilleurs. Voilà en quoi devrait constituer votre action politique à court terme : redonner espoir à ce peuple en « osant inventer l’avenir » comme l’avait si bien remarqué Thomas Sankara. C’est avec émotion que je paraphrase le Capitaine Sankara à présent, car il a compris que la transformation d’une société est un travail de longue haleine. C’est une œuvre difficile, très lente mais en même temps réalisable, quand on sait insuffler à son peuple, et matérialiser à ses yeux, le droit de rêver et d’espérer un avenir meilleur. C’est ce dont le peuple courageux et vaillant de notre pays le Togo a besoin aujourd’hui, et non des discours passéistes.
En conséquence, « Monsieur le Président », il est inutile de vouloir continuer à entretenir la mémoire de votre défunt père dans les pensées et actes de notre peuple. Ce serait peine perdue, puisque ce peuple mieux que ses dirigeants actuels, a compris qu’on ne peut conjuguer la vie au passé pour des gens encore vivants, et qui de surcroît, n’aspirent qu’aux conditions d’existence meilleures pour le présent et pour le futur. D’ailleurs pour un dirigeant dont le passage aurait été marqué par une politique humainement responsable, on n’aurait pas normalement besoin de se mobiliser et de mobiliser les moyens de l’Etat, pour tenter de graver à jamais, son œuvre aussi bien dans les esprits et les cœurs de son peuple. Comme vous pouvez le constater, tout tourne encore et toujours, autour de cette notion de réelle vision politique pour un dirigeant, condition sine qua non pour un changement radical des conditions de vie d’un peuple comme le nôtre.
Parlant de changement, c’est-à-dire la transformation radicale et positive des conditions d’existence d’un peuple, on pourrait évoquer deux notions fondamentales: la révolution et l’évolution.
Dans le cas de notre pays, la révolution comme l’a rêvé et continue de rêver encore une grande partie de notre peuple, devrait aboutir à un changement radical par la fin pure et simple du système RPT, dont vous êtes aujourd’hui un des maillons, sinon le maillon le plus influençant. A mon humble avis et après analyse profonde de la géopolitique actuelle, je serais tenté de dire que cela n’est que chimère et utopie. Cependant, j’ai la conviction qu’on peut aboutir au même résultat par la voix alternative, qui est celle de l’évolution. Cette évolution sera le résultat d’un processus holiste, en ce sens qu’elle cherchera à associer et à responsabiliser tous les enfants de notre pays. Elle consistera, avec la volonté politique qui devrait vous animer vous, votre parti et l’armée, à entreprendre une véritable transformation tous azimuts des domaines de la vie de notre pays, avec au cœur de toutes vos préoccupations, l’ensemble du peuple Togolais, et non, une simple poignée de nos compatriotes.
Ce faisant, vous réussiriez à percer le mystère du pourquoi de ces contradictions profondes et forces antagonistes qui caractérisent notre pays depuis le début des années 90. Tout simplement parce que le peuple Togolais, à l’instar des peuples d’Afrique et d’autres pays en voie de développement, se préoccupe moins, sinon pas, de la tête de la personne qui gouverne, mais plutôt de comment arriver à subvenir aux besoins fondamentaux de leur existence. C’est une réalité qui a malheureusement échappé à votre défunt père pour telle ou telle autre raison, débouchant sur la radicalisation totale de son pouvoir. Conséquence, l’antipathie sinon la haine de la majorité de notre peuple, pour lui et son régime.
C’est le lieu de vous inviter à ne pas vous leurrer outre mesure, lorsque vous déclariez que votre père sera gravé dans l’histoire de notre pays comme un grand homme. Oui, pour vous et tous ceux-là qui ont profité de son régime. Ce qui n’est point le cas pour la majorité des Togolais et Togolaises. Moralité, on ne peut rentrer dans l’histoire de façon honorable, qu’à l’aune des grandes réalisations sociales qu’on a pu faire pour son pays.
Alors quel est l’héritage en termes de réalisations, que votre père et son régime ont pu léguer à notre pays et notre peuple ? « Monsieur le Président », je vous laisse donc le soin de répondre à cette question dés lors que aurez eu la volonté et surtout le courage, de parcourir du Sud au Nord et de l’Est à l’Ouest, notre si « beau » et petit pays le Togo. Vous aurez ainsi l’occasion de découvrir à quoi ressemble réellement cette « Suisse de l’Afrique », comme votre père aimait s’enorgueillir. Vous serez complètement bouleversé, votre vision de la politique aussi, de ce pèlerinage que je vous invite vivement à faire. Vous vous rendrez sûrement compte des dégâts majeurs que la politique de votre père a pu causer à notre peuple ; une politique dont vous ne voulez guère vous départir. Il est donc temps que vous revoyiez votre copie. Ce qui n’est pas impossible parce que seuls les imbéciles ne changent jamais. Et j’ose croire que ce n’est pas votre cas, étant donné votre « parcours universitaire et professionnel ».
« Monsieur le Président », la jeunesse incarne le changement. Ce serait donc dommage que l’image d’une équipe jeune, assoiffée de changement, que vous voulez nous faire miroiter, ne puisse mieux faire que la vieille garde que vous essayez en apparence, de mettre un peu en arrière plan. Cela devra passer par l’affirmation de vous-même en tant qu’être et élément important au sein même du système RPT. C’est un appel à la gestation d’une vision politique que je vous lance. Je sais que cela n’est pas évident pour vous, étant donné le caractère « supradominant » du système politique qui vous a fait et qui pourrait à tout moment, vous broyer facilement si cela s’imposait.
Sur ces entrefaites « Monsieur le Président », je voudrais en tant que simple citoyen de mon pays, et soucieux d’apporter ma modeste contribution à la construction de l’édifice, vous faire une petite suggestion. Une proposition qui pourrait changer le cours des choses dans notre pays, à condition que vous veilliez un tant soi peu, la prendre en considération. Qui sait, peut-être que cela pourrait vous inspirer, en terme de vision politique pour la suite de votre mandat. Il s’agit de ce que j’appellerais le « retourisme » ou le « rapatrialisme ».

Le « retourisme » ou le « rapatrialisme » : une vision politique idoine pour notre pays

A l’instar du capitalisme et du socialisme, le « retourisme » ou le « rapatrialisme » se voudrait une forme alternative des rapports économiques et sociaux des pays « appauvris » comme le nôtre. N’allez pas chercher ces termes dans les encyclopédies, parce qu’ils ne paraissent nulle part et ils n’existent nulle part. C’est une philosophie qui cadrerait parfaitement avec la situation actuelle des pays de notre continent, et bien sûr celle du Togo.
« Monsieur le Président », notre pays comme tant de pays en Afrique, est caractérisé entre autre, par un exode massif de ses enfants vers l’occident et ailleurs. Beaucoup de nos compatriotes, vaillants et solides, normalement grands acteurs politiques, économiques et sociaux de notre pays, vivent à l’étranger ; et certains, pour de bon, car n’ayant pas le choix. Ils sont, qui ingénieurs, qui médecins, qui enseignants, qui chercheurs, qui scientifiques, qui économistes, qui financiers, qui gestionnaires, qui avocats, qui juristes, qui sociologues…, bref, tout ce dont notre pays a besoin pour amorcer son décollage irréversible vers un développement économique et social durable. Mais malheureusement il n’en est rien de tout cela. Tous ces talents et compétences, sont et servent ailleurs. Quel gâchis, dirais-je !!! Que sera notre « petit pays » si tous décidaient un jour de retourner au pays ? C’est une question que je me pose sans cesse, quand bien même cela puisse paraître inouï.
Aussi impensable que cela paraisse « Monsieur le Président », ne dit-on pas que la foi peut-elle déplacer les montagnes ? Moi je dirais tout simplement que la volonté peut déplacer les montagnes, et c’est justement à cette tâche que devrait s’atteler cette vision de « retourisme » ou de « rapatrialisme ». Œuvrer pour le retour de toutes les forces vives de notre pays à l’étranger, telle sera la substance, sinon la quintessence de cette vision de l’avenir que je me fais de notre pays. Une vision que je vous inviterais à faire sienne car cela demande une forte implication des pouvoirs politiques de notre pays. Je sais que certains de nos compatriotes le font déjà individuellement. Mais cela exige surtout une couche et une connotation institutionnelles, afin que les retombées d’une telle politique soient à la hauteur des attentes et besoins de notre peuple.
Ainsi « Monsieur le Président », « le retourisme » ou le « rapatrialisme » se définirait comme une vision de développement basée essentiellement sur le retour au bercail des enfants de notre pays. Ces derniers seront en amont et en aval, et donc les tenants et aboutissants d’un processus de développement durable de notre pays. Sous l’angle économique, je parlerais plutôt de la mobilisation et de la « rapatrialisation » sinon du rapatriement, de la partie extérieure de l’épargne nationale, un préalable aux investissements durables et à la création d’emplois sûrs et de richesse dans notre pays.
Voilà brièvement exposée ma philosophie qui rimerait totalement avec les réalités économiques et sociales actuelles de nos pays. Des pays qui ploient et continueront à ployer sous le fardeau d’une fatidique et éternelle dette extérieure ; présentée il y a 40 ans, comme la panacée aux problèmes de développement de notre continent. Malheureusement de nos jours, ces problèmes demeurent encore incurables. La situation n’a fait que s’aggraver, la gangrène allant s’empirant, et l’état de santé de la « malade Afrique » et de ses peuples, allant de rechute en rechute. Tout ce tableau, pour mettre en évidence les limites et les failles de cette politique de développement basée sur l’aide internationale qui ne fait que nous étrangler. Une aide qui n’a fait qu’aider les riches à mieux s’enrichir, et les pauvres à s’appauvrir davantage. En clair, l’épargne exogène n’a nullement réussi à stimuler les investissements dans nos pays, la création de richesse et par ricochet, l’amélioration des conditions de vie de nos peuples. Une bonne leçon que nos dirigeants actuels doivent retenir.
Au même moment « Monsieur le Président », des milliers et des milliers de nos compatriotes vivent à l’étranger avec des capacités de financement et d’investissement non négligeables. Pourquoi ne pas essayer une stratégie de développement basée sur ces ressources nationales qui dorment à l’étranger, plutôt que de faire des pieds et des mains pour la reprise de la fameuse coopération aux allures messianiques ? Une fois encore, la crise récente que traverse notre pays nous as permis de voir les lacunes de cette coopération, et surtout, la gabegie et la concupiscence de nos dirigeants concernant la gestion de cette dernière. La preuve est que la population tient tant bien que mal, contrairement à toutes les institutions de l’Etat qui n’arrivent pas à remplir leurs fonctions régaliennes. Cette énergie de notre population, nous la devons non seulement au courage légendaire qui caractérise notre peuple, mais aussi et surtout au soutien indéfectible de la diaspora aux parents, frères et amis restés au pays.
D’ailleurs, si des études statistiques étaient menées dans ce sens, on aboutirait au résultat inéluctable selon lequel, ce sont les Togolais de l’étranger qui font vivre une grande partie de notre population. De façon directe ou indirecte, ils injectent de l’argent frais dans notre économie. Malheureusement, l’affectation qui en est faite n’est souvent pas de nature à produire un réel effet multiplicateur dans l’économie natioanle. Qu’à cela ne tienne, cet apport permet bon en mal en, au pays de tenir encore debout. C’est justement entre autre, ces capitaux que le « retourisme » ou le « rapatrialisme » devrait cibler. Aussi, la « rapatrialisation » de toutes les forces vives de notre pays de quelque nature que ce soit, s’impose-t-elle pour un réel développement de notre pays. Cela est d’autant valable pour tous les pays de notre continent semblables sous ce prisme.
Le « retourisme » ou le « rapatrialisme » entend donc exhorter les fils et filles de notre pays à l’étranger, à vouloir rentrer et prendre part au processus de développement durable, plus que jamais indispensable à la survie de nos peuples. Ce processus de développement serait un projet endogène, une émanation profonde des aspirations les plus légitimes de nos peuples et non de quelque volonté extérieure que ce soit. Cela nous permettra de mettre un terme à la soumission, à la dépendance et à l’assistanat sous toutes les formes.
« Monsieur le Président », comme vous pouvez le constater, le « retourisme » ou le « rapatrialisme » serait une forme d’aide totalement aux antipodes de celle sous laquelle notre pays ploie, puisque, cette « aide nous aidera à nous passer de la deuxième forme d’aide » (Thomas Sankara). Cela est d’autant vrai qu’il s’agira des capitaux nationaux investis dans des projets nationaux. C’est en tout cas, l’une des voies de sortie de la crise sociale dans laquelle notre pays est empêtré depuis longtemps. Ainsi la reprise de la coopération tant claironnée par tout le monde, même si elle est souhaitable, ne saura à elle seule résoudre tous nos problèmes. Au risque de me répéter, le résultat de plus de 40 ans d’expérience de cette coopération, n’a été que la paupérisation vertigineuse de nos peuples.
C’est pourquoi « Monsieur le Président », je voudrais vous exhorter à la création rapide d’un ministère chargé du retour de nos compatriotes à l’étranger. C’est d’ailleurs dommage que vous n’y aviez pas pensé dans votre fameuse « politique de réconciliation nationale », qui bizarrement ignore que notre pays compte des gens en dehors de nos frontières. Mais il n’est pas trop tard pour le faire aujourd’hui. Peu importe le nom de ce ministère, le plus important sera sa vocation qui ne sera rien d’autre, que de créer les meilleures conditions de retour et d’action de toutes les forces de notre pays à l’étranger. Alors, je serais très heureux de voir rapidement se créer un tel ministère.
Idéalement, ce ministère devra être chapeauté par une personne « neutre », donc membre de la société civile. Ce qui donnera plus de crédit aux yeux de nos concitoyens de l’étranger. Je vous rappelle « Monsieur le Président » que la diaspora Togolaise n’est que le reflet de notre société, aussi divisée et caractérisée par des contradictions politiques incommensurables. Une personne comme celle-là ferait le consensus autour d’elle, pouvant de ce fait prendre facilement langue avec toutes les composantes de notre diaspora. Plus concrètement, en tant qu’émissaire de l’Etat, le chargé de ce ministère voyagera à travers l’occident et partout où besoin sera, afin d’apporter ce message clair, sans ambages et dénué de toute considération partisane à savoir : « Togolais viens, bâtissons la cité ». Un passage de notre hymne national que nous chantons tous les jours, et qui est là pour nous rappeler que note pays le Togo compte et comptera à jamais, sur tous ses fils et filles, sans exclusive aucune. Cet émissaire de l’Etat, aura donc pour tâche d’expliquer, de rassurer et de convaincre sur le bien fondé et la nécessité de l’implication de tous nos compatriotes, dans ce projet de développement endogène. Un projet qui pourra de ce fait, tabler sur le savoir-faire et les capacités diverses de notre peuple comme je le mentionnais plus haut. Ce travail de conquête et de charme pourrait aussi être relayé par les différentes accréditations de notre pays à l’étranger.
En interne, il s’agira principalement de la création des différentes structures d’accueil à travers des mesures politiques favorables au retour, à la réinsertion des nouveaux arrivants. Ces mesures viseront aussi et surtout à inciter, à encourager et à soutenir les initiatives et créations entrepreneuriales des uns et des autres.
« Monsieur le Président », un projet aussi ambitieux que celui-là n’aura de sens, sans une véritable volonté politique clairement affichée de votre part. Par conséquent, une concertation avec l’ensemble de la classe politique Togolaise, la société civile et l’armée est d’une impérieuse nécessité. Cela est d’autant plus important que certains verront d’un mauvais oeil une idée comme celle-là, car les calculs politiques et les intérêts égoïstes prenant le dessus sur tout. Mai rappelez-vous encore une fois ce que je vous disais tantôt : le peuple ne se préoccupe pas de qui dirige, de ce qu’il fait dès lors que tout va bien, c’est-à-dire du moment où la satisfaction des besoins fondamentaux n’est plus un cauchemar.
Pour finir « Monsieur le Président », qui aime bien châtie bien et comme j’aime mon pays et mon peuple, il est de mon devoir de dire la vérité à tous mes compatriotes, surtout à ceux qui comme vous, ont la facilité et la capacité de faire changer le cours des choses. C’est comme cela que nous réussirons ensemble à faire de notre petit pays le Togo, comme l’ont tant rêvé nos aïeux, « l’or de l’humanité ».

Fait à Montréal le 10 Février 2007

TCHAKONDO Yorou

Contact: [email protected]